Pentecôte 1703 : un séminariste fonde un séminaire pour les séminaristes pauvres[1].
Claude-François Poullart des Places est né à Rennes, le 26 février 1679. Au cours de ses études au collège des Jésuites de Rennes, Claude y révéla des dons intellectuels remarquables, et se lia d'amitié avec le futur saint Louis-Marie de Montfort. Le 15 août 1702, il fit son entrée dans la cléricature. Cette date est aussi pour lui le début d'engagements plus marqués dans la voie du renoncement, du rejet du respect humain. Il aide les pauvres ramoneurs, puis, il remarqua que bon nombre d'étudiants ecclésiastiques étaient eux aussi démunis.
Il commence par en aider quelques-uns et, comme le rapporte un ancien document,
« le dimanche de la Pentecôte, 27 mai 1703, Messire Claude Poullart des Places, n'étant lui-même qu'un aspirant à l'état ecclésiastique, a commencé l'établissement d'une communauté et séminaire, consacré au Saint-Esprit, sous l'invocation de la Vierge conçue sans péché».
Cette communauté est établie rue des Cordiers, puis rue Neuve-Saint-Etienne (maintenant rue Rollin) pour une soixantaine d'étudiants, avec le soutien des pères Jésuites de Louis-le-Grand et en lien étroit avec eux.
1709 : la mort du fondateur. L'hiver de 1709 glacial, 30.000 parisiens meurent de froid. Poullart des Places, qui se prive toujours pour donner aux autres tomba malade et il meurt le 1° octobre 1709, âgé de trente ans.
1713 : la visite d'un saint. Saint Louis-Marie de Montfort priait pour la fondation d'une compagnie de prêtres missionnaires consacrés à Jésus par Marie. Il entretint dans cette optique des relations prometteuses avec son ami Poullart des Places qu'il avait connu à Rennes. En 1713, il visita le séminaire du Saint-Esprit où il fut bien reçu. Le témoignage de Besnard sur les entretiens de Montfort avec les séminaristes indique Montfort leur parlait des thèmes contenus dans L'Amour de la Sagesse éternelle[2]. Montfort écrivit pour ceux des élèves qui voudraient se joindre à lui des Règles précédées d'une longue prière qui sera appelée « Prière embrasée »[3].
1732 : Le 1er janvier 1732, le séminaire du Saint-Esprit s'installa 30 rue Lhomond à Paris, qui devient ainsi la Maison Mère de la Congrégation du Saint-Esprit.
1734 : Le séminaire est transformé en congrégation pour les missions. Les missionnaires sont appelés « Spiritains ».
1792-1847 : une période de déclin.
La congrégation est supprimée par la révolution française en 1792, et rétablie en 1816, mais elle ne compte plus alors que quatre membres, et, pour remplir le séminaire - car on est harcelé par les demandes du gouvernement - on accepte les élèves sans contrôle suffisant.
Progressivement, la congrégation, qui a pourtant derrière elle l'approbation officielle du Saint Siège, se trouve dans une position inextricable et n'a plus la confiance de l'épiscopat.[4]
Dans ce contexte, le nonce veut que le séminaire soit donné à la Société du Saint Cœur de Marie récemment fondée par François-Marie Libermann (en 1841). Mais Libermann d'abord en « est effrayé. »[5], « il refuse de s'établir sur les ruines d'une congrégation plus ancienne »[6].
N.B. La société de Libermann avait pour but de former des missionnaires et s'était consacrée Marie, - à son saint Cœur. En 1845, Libermann disait aux novices :
« Nous aurons un droit spécial de recourir à son cœur si bon ; un motif de confiance tout particulier en sa toute puissante protection : d'abord, à cause de la Consécration totale que nous faisons de tout nous-mêmes et de toute notre Société à son Saint Cœur... Nous pouvons donc aller, avec la plus grande confiance, puiser à cette source intarissable, pour obtenir toutes les grâces dont nous aurons besoin pour notre sanctification et celle des autres. »[7]
1848 : Libermann, « second fondateur » des Spiritains.
Libermann accepte pourtant la fusion de la Société du Saint Cœur de Marie et de la congrégation du saint Esprit, pensant que le grand avantage procuré par l'union serait d'ouvrir un champ d'apostolat beaucoup plus vaste et de faire supprimer radicalement toutes les chicanes de juridiction et d'influence. Fortement organisée et appréciée universellement, la Société du Saint Cœur de Marie apporterait un sang jeune et vigoureux à l'ancienne congrégation qui a l'approbation officielle du Saint Siège.[8]
C'est ainsi qu'en 1848 la Congrégation du Saint Esprit (les spiritains) prend le nom de « Congrégation du Saint Esprit sous l'invocation de l'Immaculé cœur de Marie. ».
Le lendemain de la fusion de la société du saint Cœur de Marie aux Spiritains (la congrégation du Saint Esprit), Libermann consigne dans les « Règlements » :
« La Congrégation... consacre spécialement ses membres à l'Esprit Saint, auteur et consommateur de toute sainteté et inspirateur de l'esprit apostolique, et à l'Immaculé Cœur de Marie, rempli surabondamment, par le divin Esprit, de la plénitude de la sainteté et de l'apostolat, et participant le plus parfaitement à la vie et au sacrifice de Jésus-Christ, son Fils, pour la rédemption du monde...
Ils considèreront l'immaculé cœur de Marie comme un modèle parfait de fidélité à toutes les saintes inspirations du divin Esprit et de la pratique intérieure des vertus de la vie religieuse et apostolique.
Ils y trouveront un refuge, auquel ils auront recours dans leurs travaux et leurs peines... »[9]
Vers l'avenir.
La congrégation du Saint Esprit a donné de grandes figures et d'autres fondateurs.
Par exemple, le Père François Delaplace (1825-1911) fonde un orphelinat avec Jeanne-Marie Moisan, et, le 19 mars 1862, cet orphelinat devient le berceau de la congrégation des Sœurs Servantes du Saint-Cœur de Marie.
L'actualité de la congrégation du Saint Esprit est décrite sur le site officiel :
[1] Extraits de : Jean Ernoult, css, https://www.spiritains.org/ Le 17 mai 2011
[2] Cf. J-P PREVOST, « Amour de la Sagesse éternelle », dans DSM, p. 47-62.
[3] Cf. T. REY-MERMET, Louis Grignion de Montfort, Nouvelle Cité, Paris 1984, p. 124
[4] Notes et Documents VII, 112.
[5] Lettres spirituelles IV, 191.
[6] Lettres spirituelles IV, 200
[7] Enseignement de Libermann recueilli par un novice en 1844-1845, M. De Lannurien. (Il sera, en 1853 le premier supérieur du séminaire français de Rome). Notes et documents Paris, Maison mère, 1929-1941, tome XIII, supplément, p. 3-4. Publié dans Marie, janv-février 1952, p. 120 ou dans Hubert du Manoir, Maria, tome 3, Beauchêne, Paris 1954, p. 392-394.
[8] Notes et Documents VII, 112.
[9] François-Marie Libermann, Règlements de la Congrégation du Saint Esprit sous l'invocation de l'Immaculé cœur de Marie, Paris 1849. Notes et documents relatifs à la vie et à l'œuvre du Vénérable François-Marie-Paul Libermann (13 vol), Paris, Maison mère, 1929-1941, volume X, p. 568
Synthèse Françoise Breynaert