Juif.
Jacob Libermann est né à Saverne (Alsace) le 12 avril 1802 dans une famille juive, et il envisage de devenir rabbin, comme son père.
Cependant, une fois qu'il quitte Saverne pour étudier à Metz, il perd la foi. Par exemple il ne comprend pas qu'un dieu puisse élire un peuple particulier et non pas les autres peuples.
Son frère Samson est devenu chrétien, ce qui le rend perplexe.
Dans la mansarde du collège Stanislas à Paris, il se met à prier le Dieu de ses pères : « je me jetai à genoux...si la croyance des chrétiens était vraie, de me le faire connaître, et si elle était fausse, de m'en éloigner aussitôt... Tout aussitôt je fus éclairé, je vis la vérité ; la foi pénétra mon esprit et mon cœur. »
Chrétien.
Jacob est baptisé en 1826 et prend le nom de François-Marie-Paul.
Il s'oriente vers le sacerdoce et entre au séminaire saint Sulpice (Paris) en 1827, ce qui lui attire les malédictions de son père.
En 1929, une première crise d'épilepsie barre son chemin vers le sacerdoce.
Dans le plus grand dénuement, il confie : « Dieu pourvoira à mon sort ».
En 1831, Libermann est envoyé au service de l'économie du séminaire de la congrégation du Saint-Esprit à Issy les Moulineaux (région parisienne).
Ses crises d'épilepsies sont précédées par des jours où la tristesse et l'angoisse l'assaillent à un degré insupportable et il est parfois tenté par le suicide. Cette maladie n'empêche pas une vie d'oraison profonde et rayonnante ; il forme des « bandes de piété » et il est estimé comme un guide spirituel par les séminaristes.
En 1837, il décide de quitter Issy les Moulineaux avec une poignée d'autres pour relever la congrégation des Eudistes à Rennes ruinée par la révolution française.
Mais sa position est ambigue : est-il novice ou directeur spirituel ? Il est déçu, et se sent inutile.
Cependant, il approfondit la contemplation du Cœur immaculé de Marie selon la spiritualité de saint Jean Eudes.
Et voici que des amis créoles font germer en lui l'appel des missions...
Prêtre, fondateur des Missionnaires du Saint Cœur de Marie.
Libermann part alors à Rome avec M. de la Brunière, afin de demander l'autorisation de fonder une œuvre missionnaire. Dans l'attente de la réponse, il fait un pèlerinage à Notre Dame de Lorette. Au retour, la réponse attendue est arrivée : il est encouragé dans son projet et à devenir prêtre.
Il est ordonné le 18 septembre 1841 dans la chapelle privée de l'évêque d'Amiens.
Il fonde la société des Missionnaires du Saint Cœur de Marie, par une messe à Notre Dame des victoires (Paris), le 25 septembre 1841.
Il installe les novices près d'Amiens ; ils s'engageront par des vœux privés avec une règle provisoire.
En 1843 advient la première mission en Afrique (au Cap des palmes au sud de l'actuel Libéria), mais les missionnaires meurent de malnutrition, d'insolation et de paludisme, comme des martyrs ! Cela ne décourage pas les novices : la congrégation se développe à un rythme rapide et de nouveaux départs vers l'Afrique se réalisent. La mission se développe en « Guinée » qui à l'époque désignait toute la côte d'Afrique du Sénégal jusqu'à l'Angola, Libermann organise aussi la mission en Guyane.
1848 : La fusion avec la congrégation du Saint-Esprit (les Spiritains).
La congrégation du Saint Esprit, dédiée aux missions depuis 1734 est supprimée par la révolution française en 1792, et rétablie en 1816, mais elle ne compte plus alors que quatre membres, et, pour remplir le séminaire - car on est harcelé par les demandes du gouvernement - on accepte les élèves sans contrôle suffisant.
Dans ce contexte, le nonce veut à toute force que le séminaire soit donné à la Société du Saint Cœur de Marie fondée par François-Marie Libermann, qui en « est effrayé. », « il refuse de s'établir sur les ruines d'une congrégation plus ancienne ».
Cependant il accepte, pensant que le grand avantage procuré par l'union serait d'ouvrir un champ d'apostolat beaucoup plus vaste et de faire supprimer radicalement toutes les chicanes de juridiction et d'influence. Fortement organisée et appréciée universellement, la Société du Saint Cœur de Marie apporterait un sang jeune et vigoureux à l'ancienne congrégation.
Ainsi la Société du Saint Esprit serait sauvée avec l'approbation officielle du Saint Siège.
C'est ainsi qu'en 1848 la Congrégation du Saint Esprit (les spiritains) prend le nom de « Congrégation du Saint Esprit sous l'invocation de l'Immaculé cœur de Marie. ».
Libermann meurt à Paris en 1852, à l'âge de 50 ans.
Il a été déclaré vénérable et sa cause de béatification est en cours.
Lettres spirituelles (Paris) IV, 191.
Lettres spirituelles (Paris) IV, 200
Notes et Documents (Paris) VII, 112.
- Mgr Jean Gay, Libermann, Juif selon l'Evangile, Editions Beauchesne, Paris 1977.
Synthèse Françoise Breynaert