María de Jesús de Ágreda (1602-1665), est une religieuse mystique espagnole.
Le 13 janvier 1619, à un peu plus de seize ans, elle entra dans un ordre franciscain : l'ordre de l'Immaculée-conception (sous la juridiction des Frères Mineurs) avec sa mère et sa sœur, alors que son père et ses frères entrèrent dans les frères du Saint-Sacrement.
Ses premières années de vie conventuelle furent marquées de nombreuses tentations et par des difficultés extraordinaires, comme les phénomènes mystiques extérieurs qui attiraient la curiosité de l'entourage (extases, lévitations, bilocations...). Elle demanda au Seigneur d'en être délivrée et elle l'obtint.
La seconde époque de sa vie commence lorsqu'elle est élue abbesse à Ágreda en 1627; elle a vingt-cinq ans. Elle sera réélue jusqu'à sa mort, à l'exception des trois années (1652-1655), à sa demande.
Elle eut comme conseillers spirituels deux franciscains, théologiens et savants : Fr. Francisco Andrés de la Torre, de 1623 à 1647, et Fr. Andrés de Fuenmayor, de 1650 jusqu'à sa mort.
Ses principaux écrits sont : La Mystique cité de Dieu ; la correspondance avec Philippe IV d'Espagne, et l'examen personnel que lui fit subir le tribunal de l'Inquisition en janvier 1650.
Sa théologie mariale, d'inspiration franciscaine, considère que Marie a été "pensée", ou, pour le dire autrement, "présente dans la pensée de Dieu", depuis toute éternité, car Dieu pensait l'Incarnation du Fils depuis toute éternité. Une telle théologie est aussi largement partagée par les théologiens orientaux.
Cependant, et c'est lié à l'époque barroque, « Une époque qui est surtout celle de la découverte de l'Amérique et des terres lointaines, et qui produit une culture très portée à explorer les limites du possible, à amplifier, à dilater... »[1], Marie d'Ágreda a partout tendance à parler de Marie comme d'un être exceptionnel au point de ne plus partager la condition humaine commune.
« La Mystique cité de Dieu manque d'un travail de distinction pour séparer les genres : les sources évangéliques et les sources apocryphes, la théologie franciscaine valide et les hypothèses ou croyances qui ne sont pas nécessaires, les histoires et les légendes (qui doivent être reconnues comme telles, car elles ont un autre genre littéraire et portent certaines vérités et certaines valeurs), la raison qui discerne et l'imagination qui fait pulluler des images de tout genre, la sobriété de la foi et l'amplification baroque. »[2]
Marie d'Ágreda fut déclarée vénérable en l'an 1671, mais compte-tenu des polémiques soulevées par ses écrits, son procès de béatification (et de canonisation) resta en suspens.
[1] S. DE FIORES, «Il culto mariano nel contesto culturale dell'Europa nei secoli XVII-XVIII», dans P.A.M.I, De cultu mariano saeculis XVII-XVIII. Vol. II, Acta congressus mariologici-mariani internationalis in Republica Melitensi anno 1983 celebrati, Romae 1987, pp. 2-61., p. 17
[2] Pablo LARGO DOMINGUEZ, María, microcosmos de relaciones, Ephemerides Mariologicae, ISSN 0425-1466, Vol. 57, Nº. 1, 2007, pages. 67-100
Françoise Breynaert