St Louis-Marie Grignion de Montfort (1673-1716), sa vie

Quelques dates de sa vie

1673 : Louis-Marie est né le 31 janvier 1673 à Montfort, dans une famille chrétienne nombreuse. Il est un bon élève du collège des jésuites à Rennes où un prêtre l’initie à la mission auprès des pauvres. Il sent l’appel au sacerdoce.

Il étudie deux ans à la Sorbonne, puis au petit séminaire de saint Sulpice qui à cette époque est un lieu de rencontre pour des théologiens de toute la France, et même de l’étranger.

1700 : Il est ordonné.

1701 : Il est l’aumônier de l’hôpital de Poitiers, un lieu où sont enfermés des exclus de toutes sortes. Il étonne (et irrite) les notables en voulant demeurer avec les pauvres et en les traitants comme des égaux. Il leur révèle l’amour du Christ Sagesse, et les noces de la Croix.

Il abandonne son nom de famille « Grignion », et signe ses lettres « père de Montfort », pour souligner l’importance de son baptême.

1703 est une année d’incertitude : il dérange par son ascèse, par sa façon de se situer à égalité avec les plus pauvres, par son amour lumineux pour Marie…Il est renvoyé de Poitiers puis de la Salpetrière à Paris.

Il alors est appelé pour aider la réforme des ermites du Mont Valérien, une réforme qu’il mena de manière exemplaire.

Puis il retourne à Poitiers, les pauvres, qui l’aimaient, l’ayant fait demander. Il fonde « les filles de la Sagesse.

Il fait ensuite des missions populaires mais il rencontre de nouveau l’incompréhension.

1706 : Il va à Rome (à pied) pour demander de partir en Orient, mais le pape, qui approuve ses méthodes missionnaires, lui demande de rester en France.

1707 : Il entre dans l’équipe des missions paroissiales à saint Brieuc et environ. Prédicateur très aimé, il attire semble-t-il la jalousie de ses confrères qui l’excluent. Il s’installe alors dans l’ermitage saint Lazare, près de Montfort, de là il rayonne, prêchant sur place ou dans les paroisses environnantes.

1710 : Avec l’enthousiasme des habitants, il construisit à Pontchâteau, dans le pays nantais une colline artificielle surmontée de trois croix, avec aussi le jardin de l’agonie et celui du paradis, l’eau du baptême et la présence de Marie. C’était un haut lieu spirituel. Mais, pour d’obscurs motifs, la colline fut détruite et Montfort fut interdit d’exercer un ministère dans ce diocèse.

Il fut alors accueilli dans les diocèses de Luçon et de la Rochelle où son apostolat s’épanouit.

1716 : C’est au cours d’une mission à Saint-Laurent-sur-Sèvre qu’il meure, le 28 avril 1716, à l’âge de 43 ans.

Montfort, homme de l’époque baroque

L’époque baroque aime explorer les extrémités du monde, mais aussi celle de l’esprit humain. Montfort et l’expression « esclavage d’amour » sont typiquement de l’âge baroque qui explore les limites du possible.

Montfort, homme du XVIII°, siècle des lumières

Le XVIII° est le siècle de la raison. Les hommes de ce temps veulent comprendre, raisonner, prouver, donner une logique au discours et une intelligence à la foi. Montfort est typiquement un auteur du XVIII° siècle, son Traité est fortement structuré et il énumère des arguments.

Montfort dans la contre-réforme

Montfort se distingue des clercs de son temps par une grande douceur et un esprit de dialogue vis-à-vis des réformés. Il corrige les déviations de la mariolâtrie présente à son époque, il réoriente la piété populaire vers le Christ et vers le baptême : l’Incarnation et le baptême sont le cœur de sa consécration mariale.

Montfort, un homme non-conformiste, courageux

Montfort a su dépasser les habitudes de son temps pour vivre l’Evangile de façon radicale, notamment lorsqu’il a considéré à part égale les exclus de l’hôpital de Poitiers, et lorsqu’il développa une méthode d’apostolat profonde et féconde.

Ses méthodes d’apostolat : vivre le baptême avec Marie

Ses méthodes d’apostolat s’inspirent de celles de ses prédécesseurs : cantiques, conférences, conférences dialoguées, il permettait à l’assistance de l’interroger ; processions qu’il savait organiser dans un grand recueillement juste après son sermon ; confession et amende honorable ; communion ; rénovation des vœux du baptême. Son originalité se manifeste dans son choix de faire prier devant les tableaux du rosaire, et dans sa proposition, du « Contrat d’alliance » :

« Je me donne tout entier à Jésus Christ par les mains de Marie pour porter ma croix à sa suite tous les jours de ma vie ».

Cette brève prière est la traduction populaire de la consécration ou parfaite dévotion, qu’il ne réservait pas à l’élite mais qu’il prêchait à tous.

Montfort fut l’un des premiers à donner au renouvellement des vœux du baptême une place essentielle au cœur des cérémonies de la mission, encouragé en ce sens par le pape Clément XI qui l’envoya « faire renouveler partout l’esprit du christianisme par le renouvellement des vœux du baptême. » Aujourd’hui, les vœux du baptême que l’on a fait enfant par le parrain et la marraine sont renouvelés lors de la profession de foi et dans la liturgie de la nuit pascale.)

En outre, Montfort innove en introduisant un don de soi-même au Christ par les mains de Marie dans la cérémonie du renouvellement des vœux du baptême (CA 1-3), et en identifiant les deux démarches spirituelles (VD 120).

Ses principaux écrits

Montfort a écrit de nombreux petits ouvrages, voici les plus connus : SM : Le Secret de Marie ; ASE : L’amour de la Sagesse éternelle ; C : Cantiques ; CA : le Contrat d’Alliance ; LAC : Lettre aux amis de la Croix ; S.R. Le secret du très saint rosaire ; V.D. : Traité de la vraie dévotion à Marie. P.E. Prière embrasée.

Un futur docteur de l’Eglise ?

L’enseignement de saint Louis Marie de Montfort a été remarqué pour sa grande qualité, sa pertinence, sa profondeur nouvelle. Actuellement, sa cause de doctorat est étudiée à Rome. Une chose est déjà sûre, sa théologie et sa spiritualité, centrées sur l’Incarnation, ont été reprises par le concile Vatican II et Jean Paul II.

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Bibliographie sélective en langue française :

LOUIS-MARIE GRIGNION DE MONTFORT (saint), Œuvres complètes, Seuil, Paris 1966

Louis Le CROM, Un apôtre marial, saint Louis-Marie Grignion de Montfort, édition les traditions françaises, Tourcoing 1946

Louis CHATELLIER, La religion des pauvres, Aubier, Paris 1993

Dictionnaire de spiritualité montfortaine sous la direction de S. de FIORES, Novalis, Outremont (Quebec), 1994

Etc.

S. de Fiores

F. Breynaert