Fondateur de la Compagnie de Jésus, saint Ignace naquit au château de Loyola, en Espagne. Il fut d'abord page du roi Ferdinand V ; puis il embrassa la carrière des armes. Il ne le céda en courage à personne, mais négligea complètement de vivre en chrétien, dirigé uniquement par l'orgueil et l'amour des plaisirs.
De ce chevalier mondain, Dieu allait faire l'un des premiers chevaliers chrétiens de tous les âges
Au siège de Pampelune, un boulet de canon brisa la jambe droite du jeune officier, qui en peu de jours fut réduit à l'extrémité et reçut les derniers sacrements. Il s'endormit ensuite et crut voir en songe saint Pierre, qui lui rendait la santé en touchant sa blessure. A son réveil, il se trouva hors de danger, quoique perclus de sa jambe. Pour se distraire, il demanda des livres ; on lui apporta la Vie de Jésus-Christ et la Vie des Saints. Il les lut d'abord sans attention, puis avec une émotion profonde.
Il se livra en lui un violent combat ; mais enfin la grâce l'emporta, et comme des hommes de cette valeur ne font rien à demi, il devint, dans sa résolution, un grand saint dès ce même jour. Il commença à traiter son corps avec la plus grande rigueur ; il se levait toutes les nuits pour pleurer ses péchés. Une nuit, il se consacra à Jésus-Christ par l'entremise de la Vierge, refuge des pécheurs, et Lui jura une fidélité inviolable.
Marie lui apparut une nuit, confirmant sa conversion
Une autre nuit, Marie lui apparut environnée de lumière, tenant en Ses bras l'Enfant Jésus. Peu après, Ignace fit une confession générale. Puis à la façon des chevaliers de l'époque, ce sera la veillée d'armes à l'autel de Notre-Dame de Montserra. Ensuite, il et se retira à Manrèze, pour s'y livrer à des austérités qui n'ont guère d'exemple que dans la vie des plus célèbres anachorètes : vivant d'aumônes, jeûnant au pain et à l'eau, portant le cilice, il demeurait tous les jours six ou sept heures à genoux en oraison. Le démon fit en vain des efforts étonnants pour le décourager. C'est dans cette solitude qu'il composa ses Exercices spirituels, l'un des livres les plus sublimes qui aient été écrits par la main des hommes.
Passons sous silence son pèlerinage en Terre et différents faits merveilleux de sa vie, pour rappeler celui qui en est de beaucoup le plus important, la fondation de la Compagnie de Jésus (1534), que l'on pourrait appeler la chevalerie du Christ et le boulevard de la chrétienté. Cette fondation est assurément l'une des plus grandes gloires de l'Église catholique ; sciences profanes et sciences sacrées, enseignement, apostolat, rien ne devait être étranger à la Compagnie d'Ignace : "Ad majorem Dei gloriam! "A la plus grande gloire de Dieu!"
("Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950).