Eglise orthodoxe et l’Etat russe au XV°-XVI°

Eglise orthodoxe et l’Etat russe au XV°-XVI°

En Russie, Joseph de Volokolamsk et Nil Sorsky présentent deux visions très différentes des relations Eglise-Etat.

Pour situer la question, il faut se souvenir qu'à cette époque, les propriétés monastiques s'étendaient sur environ un tiers du territoire de l'État russe ![1]

Nil Sorsky († 1508) a vécu au mont Athos avant de revenir dans sa Russie natale, près de la rivère Sora. Lui et ses disciples vivaient en forêt où, comme dans la laure de saint Serge de Radonège, ils étaient de grands travailleurs.

Il refusait les propriétés foncières, sans doute aussi pour rester indépendant par rapport aux puissants de ce monde. Nil aimait la pauvreté, non pour elle-même, mais comme rempart de la vie intérieure. Nil souleva la question des domaines des monastères au synode de Moscou de 1503.

Nil était un adversaire décidé des violences à l'égard des hérétiques, il conseillait de les gagner par la douceur[2].

Dans sa prière, après avoir confessé Dieu très Trinité, et Jésus Dieu parfait et homme parfait, il écrit :

« je confesse aussi, et magnifie, et glorifie avec grande foi et amour ma Souveraine, , très pure et vraiment Mère de Dieu. »[3]

Joseph de Volokolamsk († 1515) a fondé le monastère de la Dormition Saint-Joseph de Volokolamsk.

Pour lui, la vie monastique était aussi un service dû à la société, à l'Etat.

Il aimait la splendeur de la liturgie.

Il pensait que le pouvoir séculier avait quelque chose de sacerdotal, pour lui le Tsar est le chef suprême de l'Eglise, le gardien de la foi orthodoxe.

Il était dur envers les hérétiques, il réclamait contre eux la peine de mort ; il dépassa même en dureté l'inquisition espagnole.

Après sa mort, sa doctrine prévalut dans les rapports entre l'Eglise et l'Etat. Mais Nil Sorsky a toujours été préféré par les Russes de profonde piété[4].


[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Nil_de_la_Sora. 25.09. 2012.

[2] S. Tyszkiewick, dans Aa Vv, « la spiritualité orthodoxe russe », dans La mystique et les mystiques, DDB, Paris 1965, p. 463-518, p. 502-503

[3] orthodoxesmorlaix.blog.free.fr/public/prieres/ProfdefoideStNil.pdf

[4] S. Tyszkiewick, ibid., p. 503

Synthèse F. Breynaert