Les mots du concile Vatican II
Marie « se trouve également en intime union avec l'Eglise: de l'Eglise, selon l'enseignement de saint Ambroise, la Mère de Dieu est le modèle (typus) dans l'ordre de la foi, de la charité et de la parfaite union au Christ. En effet, dans le mystère de l'Eglise, qui reçoit-elle aussi à juste titre le nom de Mère et de Vierge, la bienheureuse Vierge Marie occupe la première place, offrant, à un titre éminent et singulier, le modèle de la vierge et de la mère. »
(php?id=138954&tx_ifglossaire_list%5Bglossaire%5D=618&tx_ifglossaire_list%5Baction%5D=details&tx_ifglossaire_list%5Bcontroller%5D=Glossaire" title="Le concile Vatican II a commencé le 11 octobre 1962 avec le pape Jean XXII..." class="definition_texte">Vatican II, Constitution dogmatique, Lumen gentium 63)
Le Concile se réfère à l'enseignement de saint Ambroise dans son Commentaire sur l'Evangile de saint Luc[1].
Le témoignage de saint Louis-Marie de Montfort
De son côté, Louis-Marie cite souvent un autre texte de saint Ambroise dans le même commentaire de saint Luc et qui exprime la même doctrine[2]. En référence à ces paroles de saint Ambroise, Louis-Marie montre comment l'Esprit-Saint "reproduit" Marie dans les âmes :
« C'est en effet l'Esprit-Saint qui dit à Marie: "Reproduisez?vous pour cet effet dans mes élus: que je voie en eux avec complaisance les racines de votre foi invincible, de votre humilité profonde, de votre mortification universelle, de votre oraison sublime, de votre charité ardente, de votre espérance ferme et de toutes vos vertus. Vous êtes toujours mon Épouse aussi fidèle, aussi pure et aussi féconde que jamais: que votre foi me donne des fidèles; que votre pureté me donne des vierges, que votre fécondité me donne des élus et des temples. » (VD 34)
Ainsi, l'Esprit-Saint "reproduit" Marie dans les âmes, c'est-à-dire dans l'Eglise, pour aimer, glorifier et enfanter le Christ. Dans l'espérance pour l'avenir de l'Eglise, il dit à son lecteur:
« L'âme de la Vierge se communiquera à vous pour glorifier le Seigneur; son esprit entrera en la place du vôtre pour se réjouir en Dieu, son salutaire...
Sit in singulis anima Mariae ut magnificet Dominum, sit in singulis spiritus Mariae, ut exultet in Deo (S. Amb.)[3]:
Que l'âme de Marie soit en chacun pour y glorifier le Seigneur; que l'esprit de Marie soit en chacun, pour s'y réjouir en Dieu!...
Ah! quand viendra cet heureux temps où la divine Marie[4] sera établie maîtresse et souveraine dans les cœurs, pour les soumettre pleinement à l'empire de son grand et unique Jésus?
Quand est?ce que les âmes respireront autant Marie que les corps respirent l'air?
Pour lors des choses merveilleuses arriveront dans ces bas lieux, où le Saint?Esprit, trouvant sa chère Épouse comme reproduite dans les âmes, y surviendra abondamment, et les remplira de ses dons, et particulièrement du don de sa sagesse, pour opérer des merveilles de grâce.
Mon cher frère, quand viendra ce temps heureux et ce siècle de Marie, où plusieurs âmes choisies et obtenues du Très?Haut par Marie, se perdant elles-mêmes dans l'abîme de son intérieur, deviendront des copies vivantes de Marie, pour aimer et glorifier Jésus?Christ ?» (VD 217)
En méditant le célèbre texte de saint Ambroise: Que l'âme de Marie soit en chacun pour glorifier le Seigneur, que l'esprit de Marie soit en chacun pour exulter en Dieu [3], il écrit:
« Qu'une âme est heureuse quand... elle est toute possédée et gouvernée par l'esprit de Marie, qui est un esprit doux et fort, zélé et prudent, humble et courageux, pur et fécond!» (VD 258)
L'identification mystique avec Marie est entièrement tournée vers Jésus, comme il l'exprime dans la prière:
« Enfin, ma très chère et bien-aimée Mère, faites, s'il se peut, que je n'aie point d'autre esprit que le vôtre pour connaître Jésus et ses divines volontés; que je n'aie point d'autre âme que la vôtre pour louer et glorifier le Seigneur; que je n'aie point d'autre cœur que le vôtre pour aimer Dieu d'un amour pur et d'un amour ardent comme vous.» (SM 68)
Tel est encore le sens de la finale eucharistique du Traité (VD 266-273), quand Louis-Marie nous invite à vivre la Communion avec Marie, pour qu'elle-même reçoive dignement le Corps de Jésus en nous, avec toute la pureté de sa foi et de son amour, en communion avec toute la Trinité[5]. En effet, sous les espèces sacramentelles, c'est bien le vrai Corps qui est né d'Elle.
Abréviations :
VD = Saint Louis Marie de Montfort, Traité
SM = Saint Louis Marie de Montfort, Secret de Marie
Notes :
Marie, type et modèle de l'Eglise [1]S. Ambrosius : Expos. in Luc. II, 7: PL, 15, 1555
[2] Un texte qui sera cité par Paul VI dans Marialis Cultus (n° 21)
Marie, type et modèle de l'Eglise [3]S. AMBROSIUS: Expos. in Luc. II, n. 26, PL 15, 1561.
Marie, type et modèle de l'Eglise [4]Cette expression "la divine Marie", assez fréquente dans les écrits de Louis-Marie, ne doit pas faire difficulté. A la manière des Pères Grecs qui considèrent la sainteté comme "divinisation", Louis-Marie emploie l'adjectif "divin" comme équivalente de "saint". On parle de la "divine Marie" et du "divin Paul". Cela signifie simplement " Marie" et "saint Paul".
Marie, type et modèle de l'Eglise [5]La même pensée est exprimée par Thérèse de Lisieux, dans sa dernière poésie: Pourquoi je t'aime, ô Marie!. D'une certaine manière la communion eucharistique l'identifie avec Marie au moment de l'Incarnation (str 5). Le même grand réalisme eucharistique était déjà exprimé par saint François d'Assise, avec un insistance particulière sur la présence de l'Esprit-Saint. Selon ses paroles: "L'Esprit du Seigneur qui habite dans ses fidèles, c'est lui reçoit les très saints Corps et Sang du Seigneur" (Admonition I).
Père Lethel
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