A l'Eucharistie : nous sommes entraînés dans la dynamique de l'offrande de Jésus
Par son commandement « Faites cela en mémoire de moi » (Lc 22, 19; 1 Co 11, 25), il nous demande de correspondre à son offrande et de la représenter sacramentellement.
Par ces paroles, le Seigneur exprime donc, pour ainsi dire, le désir que son Église, née de son sacrifice, accueille ce don, développant, sous la conduite de l'Esprit Saint, la forme liturgique du Sacrement.
En effet, le mémorial de son offrande parfaite ne consiste pas dans la simple répétition de la dernière Cène, mais précisément dans l'Eucharistie, c'est-à-dire dans la nouveauté radicale du culte chrétien. Jésus nous a ainsi laissé la mission d'entrer dans son « heure ».
L'Eucharistie nous attire dans l'acte d'offrande de Jésus.
Nous ne recevons pas seulement le Logos incarné de manière statique, mais nous sommes entraînés dans la dynamique de son offrande »[1].Il « nous attire en lui »[2].[...]
Benoît XVI, Exhortation apostolique Sacramentum Caritatis § 11
L'Esprit, invoqué par le célébrant sur les offrandes du pain et du vin posés sur l'autel, est le même qui réunit les fidèles « en un seul corps », faisant d'eux une offrande spirituelle agréable au Père.
Benoît XVI, Exhortation apostolique Sacramentum Caritatis § 13
La possibilité, pour l'Église, de « faire » l'Eucharistie est complètement enracinée dans l'offrande que le Christ lui a faite de lui-même.
Benoît XVI, Exhortation apostolique Sacramentum Caritatis § 14
Les fidèles s'offrent eux-mêmes, offrent leurs travaux et le monde
Le Concile Vatican II a rappelé que « la très Eucharistie contient en effet l'ensemble des biens spirituels de l'Église, à savoir le Christ lui-même, notre Pâque, le pain vivant, qui par sa Chair, vivifiée et vivifiante par l'Esprit Saint, procure la vie aux hommes, et les invite et les conduit à s'offrir eux-mêmes, à offrir leurs travaux et toutes les choses créées, en union avec lui »[3].
Benoît XVI, Exhortation apostolique Sacramentum Caritatis § 16
Le Concile souhaite que les fidèles « se laissent instruire par la Parole de Dieu, refassent leurs forces à la table du Corps du Seigneur, rendent grâces à Dieu, et qu'offrant la victime sans tache non seulement par les mains du prêtre, mais aussi en union avec lui, ils apprennent ainsi à s'offrir eux-mêmes et soient conduits de jour en jour, par le Christ Médiateur, à la perfection de l'unité avec Dieu et de l'unité entre eux ».[4]
Benoît XVI, Exhortation apostolique Sacramentum Caritatis § 52
Un culte spirituel et incarné (Rm 12, 1)
Les paroles de saint Paul aux Romains sont la formulation la plus synthétique de la façon dont l'Eucharistie transforme toute notre vie en culte spirituel agréable à Dieu:
« Je vous exhorte, mes frères, par la tendresse de Dieu, à lui offrir vos corps en sacrifice saint, capable de plaire à Dieu: c'est là le culte spirituel que vous avez à rendre » (Rm 12, 1).
Dans cette exhortation, apparaît l'image du culte nouveau comme offrande totale de la personne en communion avec toute l'Église.
L'insistance de l'Apôtre sur l'offrande de nos corps souligne le caractère concret et humain d'un culte qui n'a rien de désincarné.
À ce sujet, saint Augustin d'Hippone nous rappelle encore que dans « le sacrifice des chrétiens, tout nombreux que nous sommes, nous ne formons dans le Christ qu'un seul corps, et c'est ce sacrifice-là - connu des fidèles - que chaque jour renouvelle l'Église, se découvrant offerte dans cela même qu'elle offre »[5].
Benoît XVI, Exhortation apostolique Sacramentum Caritatis § 70
[1] Benoît XVI, Encycl. Deus caritas est (25 décembre 2005), n. 13
[2] Benoît XVI, Homélie sur l'esplanade de Marienfeld (21 août 2005): AAS 97 (2005), p. 892
[3] Décret sur le ministère et la vie des prêtres Presbyterorum ordinis, n. 5.
[4] Cf. Conc. œcum. Vat. II, Const. Sacrosanctum Concilium, nn. 48
[5] De civitate Dei, X, 6: PL 41, 284; Œuvres II, Paris (2000), p. 379
Sa sainteté le pape Benoît XVI
(Synthèse F. Breynaert)