À Zeitun (Le Caire), lieu où la tradition rapporte que la Sainte Famille passa durant son séjour en Égypte (Fuite en Égypte), des apparitions mariales ont été observées le 2 avril 1968 et reconnues officiellement. De nombreuses guérisons miraculeuses ont également été constatées.
En 1920, un propriétaire copte aisé, Tawfiq Khalil Bey, se proposait de construire un immeuble sur un terrain qu’il possédait à Zeitoun, quartier populaire de la banlieue du Caire. La Vierge lui apparut en rêve et lui promit que s’il construisait une église à la place du bâtiment projeté, elle honorerait le lieu d’une manière singulière. L’église fut bâtie en 1924 par l’architecte italien Leomingelli au croisement de la rue Touman-Bey et d’une autre appelée depuis lors « avenue Khalil ».
La nuit du mardi 2 avril 1968, à vingt-deux heures trente, des mécaniciens et des chauffeurs musulmans des transports publics arrivant à leur garage, juste en face de l’église, aperçurent tout à coup une « dame en blanc agenouillée » près de la croix au sommet du dôme.
Les apparitions étaient précédées de phénomènes lumineux décrits par les témoins comme des "pluies de diamants". Puis surgissaient des "colombes de lumière" qui parfois s'alignaient en forme de croix. Parfois, d’abondants nuages de couleur ocre répandaient autour d’elle "une odeur d’encens". Après ces signes précurseurs, notre Dame apparaissait.
Son éclat, semblable à celui du soleil, était tel qu’on avait peine à discerner les détails de son apparence. Parfois elle se penchait vers la foule en souriant et en bénissant avec un rameau d'olivier. Parfois à genoux devant la croix qui est sur la coupole.
Son image ressemblait en bien des points à celle de l’Immaculée Conception vue par Catherine Labouré en 1830, image qui avait été largement popularisée en Egypte par les missions et les écoles catholiques.
Occasionnellement, la Vierge fut aperçue tenant l’Enfant Jésus dans ses bras, ou encore en compagnie de saint Joseph et de Jésus, âgé d’environ douze ans.
Pendant plusieurs semaines, la foule présente atteignit jusqu’à 250 000 personnes, créant d’impressionnants embouteillages. Les musulmans en grand nombre, récitant des versets du Coran, y côtoyaient les chrétiens chantant des hymnes coptes. La foule montait sur les toits et les terrasses et se pressait dans la rue. Des femmes et des enfants restaient debout toute la nuit, manifestant une incroyable résistance physique.
Le 3 avril 1968, Farouk Mohammed Atwa se rendit à l’hôpital pour les soins que requérait l’un de ses doigts, amputé en raison d’une gangrène ; à la grande surprise du chirurgien, il était complètement guéri.
Le 13 avril, le photographe Wagih Rizk témoigne :
« La première fois que je vis l’apparition, la lumière de la Vierge avait un tel éclat que j’en fus aveuglé. J’étais comme électrifié, incapable de faire quoi que ce fût. Les deux soirs suivants, il en fut de même. Mais, le 13 avril, alors que l’apparition se mouvait depuis une dizaine de minutes au-dessus de l’église, je trouvai enfin la force de prendre des photos à deux reprises. Ce fut une expérience terriblement impressionnante. J’avais le sentiment que la terre allait s’évanouir sous mes pieds. Après avoir pris ces clichés, je me rendis compte qu’une sale blessure que je traînais au bras depuis plusieurs années, séquelle d’un accident de voiture, avait complètement disparu. »
Le pape Cyrille VI, patriarche copte orthodoxe d’Alexandrie, institua une commission d’enquête composée d’évêques et de prêtres, qui authentifièrent les témoignages recueillis et eurent eux-mêmes l’occasion de voir l’apparition.
Le pape [copte] fit alors une déclaration officielle publiée le 5 mai 1968 dans les principaux organes de presse égyptiens, mais aussi dans la presse étrangère (The Times, Le Figaro, The New York Times, etc.), décrivant les principaux phénomènes et concluant :
« Le Siège patriarcal déclare avec une foi complète, une grande joie et une humble gratitude envers le Tout-Puissant, que la Bienheureuse Vierge Marie est apparue à plusieurs reprises sous des formes claires et stables, durant plusieurs nuits et durant des périodes variées, pouvant aller jusqu’à plus de deux heures, depuis le 2 avril 1968 jusqu’à maintenant, au-dessus de l’église copte orthodoxe de Zeitoun, au Caire, sur la route de Matarieh, où la Famille passa durant son séjour en Égypte, tel que le rapporte la tradition. Nous espérons que cette bénédiction sera un signe de paix pour le monde et un présage de prospérité pour notre pays bien-aimé et béni. »
A peu près dans le même temps, le cardinal Stephanos Ier Sidarous, patriarche de l’Église copte catholique en union avec Rome, s’associa à cette reconnaissance officielle :
« Il n’y a pas de doute à avoir sur la réalité de ces apparitions, qui ont été confirmées par de nombreux fidèles coptes catholiques dignes de foi et connus pour leur extrême intégrité. Ils ont été témoins des apparitions de la Bienheureuse Vierge Marie et m’en ont donné des descriptions très complètes. Sœur Paula de Mofalo, une religieuse romaine catholique bien connue pour sa rectitude et son bon sens, m’a assuré de l’authenticité des apparitions de Zeitoun. Elle était toute tremblante, lorsqu’elle me rapporta ne pas avoir été la seule à l’observer, mais que des milliers de personnes avaient vu Notre-Dame en même temps qu’elle » (Watanî, 5 mai 1968).
Le pape Paul VI aurait également envoyé sur place deux observateurs (selon Al-Ahram, 6 mai 1968), et le pro-nonce catholique, Mgr Lino Zanini, déclara que le Saint-Siège respectait en la matière l’autorité de l’Église locale et s’en remettait à son jugement.
Le chef de l’Église évangélique et président du Synode de toutes les Églises protestantes d’Égypte, le révérend docteur Ibrahim Saïd, se prononça lui aussi en faveur de l’authenticité des apparitions de Zeitoun, tout comme différentes personnalités des Eglises grecque-catholique et grecque-orthodoxe, et plusieurs hautes personnalités de l’État firent de même dont le ministre de l’Information, le docteur Hafez Ghanem, qui ajouta que toute possibilité de fraude avait été écartée à la suite d’enquêtes scrupuleuses.
Fête : 2 avril
Par décision du pape Cyrille VI en 1969, l’Église copte orthodoxe a inséré dans son calendrier liturgique une fête de la Transfiguration de la Vierge Marie à Zeitoun, célébrée chaque année le 24 barmahat (2 avril).
Une nouvelle église a été édifiée par le patriarche Shenouda III ; elle accueille pour la liturgie, chaque vendredi et chaque samedi, jusqu’à 4 000 fidèles. Le père Boutros Gayed, frère du patriarche et défunt curé de la paroisse, a relaté de nombreuses guérisons et des miracles obtenus par l’intercession de la « Vierge de Lumière » de Zeitoun depuis 1972.
D’innombrables personnes affirmèrent avoir été guéries pendant les apparitions ou peu après en avoir été témoins. Un comité médical mis en place par l’Église copte orthodoxe et présidé par le professeur Shafi Abd-el-Malek, de la faculté de médecine de l’université du Caire, fut chargé de les enregistrer et de les vérifier.
Parmi les cas les plus spectaculaires, on peut citer Sami Abd-el-Malek, quarante ans, guéri d’un cancer de la vessie en phase terminale ; Fathma Zahi Reda, une musulmane pieuse, atteinte d’une affection incurable de la glande thyroïde ; une autre musulmane, Madiha Mohammed Saïd, vingt ans, guérie de troubles nerveux ayant entraîné la cécité et l’aphasie ; William Nashed Zaki, médecin réputé de Shoubra, guéri d’une hernie qui perdurait depuis trois ans ; madame Mahmoud Shoukry Ibrahim, quarante-cinq ans, guéri d’une paralysie totale des membres inférieurs.
En s’abstenant de tout message explicite, la Vierge a voulu délivrer un signe accessible à tous les Egyptiens, musulmans et chrétiens, orthodoxes, catholiques ou protestants, croyants et non-croyants. Sa manifestation serait un encouragement au dialogue œcuménique et inter-religieux.
Beaucoup y ont vu aussi un encouragement à la paix (Zeitoun signifie en arabe « olives », et l’olivier, dont un rameau fut tenu par la Vierge lors de certaines apparitions, est un symbole de paix), après la terrible guerre des Six Jours (1967) qui avait endeuillé le Proche-Orient et engendré une terrible humiliation dans le monde arabe ; à la suite de la prise de Jérusalem par les Israéliens, il devenait notamment impossible aux coptes d’aller en pèlerinage aux Lieux saints.
C’est notamment cette dernière interprétation à laquelle fait écho Jehan Sadate, la veuve du président assassiné, dans son autobiographie intitulée Une femme d’Égypte :
« Peuple d’Égypte, je sais que tu ne pourras plus venir me voir à Jérusalem ;aussi est-ce moi qui suis venue te voir au Caire. »
Source:
Un dossier étoffé (coupures de presse, déclarations officielles, témoignages, photographies) est accessible sur le site web des apparitions de Zeitoun : www.zeitun-eg.org.
Christian CANNUYER, « Caire II », dans : René LAURENTIN et Patrick SBALCHIERO, Dictionnaire encyclopédique des apparitions de la Vierge. Inventaire des origines à nos jours. Méthodologie, prosopopée, approche interdisciplinaire, Fayard, Paris 2007.
Attilio GALLI, Madre della Chiesa dei Cinque continenti, Ed. Segno, Udine, 1997, p. 669-670 .
-Sur les apparitions appelant à la réconciliation des peuples, dans l'Encyclopédie mariale
-Sur le symbolisme de la colombe, dans l'Encyclopédie mariale
-Sur Marie dans l’Islam, dans l'Encyclopédie mariale
- Sur les apparitions mariales au Proche Orient, dans l'Encyclopédie mariale