Les textes du Coran nous parlent de Marie et de sa « nativité », de sa « retraite au Temple », de « l'annonciation », de la « nativité de Jésus », des « calomnies » subies par Marie et de la signification ultime de sa vie : elle est « signe » avec son fils. Voici les deux premières étapes.
La nativité de Marie
Le père de Marie, dans le Coran, s'appellent 'Imran (et non pas Joachim comme dans la tradition chrétienne).
La famille de Marie a fait l'objet d'un choix de Dieu :
« Dieu a choisi, de préférence aux mondes : Adam, Noé, la famille d'Abraham, la famille de 'Imrân, en tant que descendants les uns des autres - Dieu est celui qui entend et qui sait. »
(Coran 3, 33-34)
Le Coran évoque ensuite la prière de la mère de Marie longtemps stérile :
« La femme de 'Imrân dit : "Mon Seigneur ! Je te consacre ce qui est dans mon sein; accepte-le de ma part. Tu es, en vérité, celui qui entend et qui sait." »
(Coran 3,35)
Or, dans la religion juive, un homme ou une femme peuvent faire pour eux-mêmes un voeu de nazirat (Nombre 6) mais ils ne peuvent pas consacrer leur fille, seuls les fils sont éventuellement consacrés au Seigneur (Exode 13,2).[1]
C'est une pourquoi la naissance d'une fille pose problème à sa mère : la maman s'est étonnée, car elle désirait un garçon pour qu'il puisse être consacré et servir au Temple :
« Après avoir mis sa fille au monde, elle dit : "Mon Seigneur ! J'ai mis au monde une fille" - Dieu savait ce qu'elle avait enfanté: un garçon n'est pas semblable à une fille -"Je l'appelle Marie, je la mets sous ta protection, elle et sa descendance, contre Satan, le réprouvé. »
(Coran 3, 36)
Nous aurons à expliquer ce que signifie sa protection contre Satan dans le contexte du Coran.
Ensuite, Marie grandit progressivement (elle n'est pas adulte à trois ans !), et c'est une belle croissance :
« Son Seigneur accueillit la petite fille en lui faisant une belle réception; Il la fit croître d'une belle croissance. »
(Coran 3,37a)
La retraite au Temple
Le Coran invite à « mentionner Marie, quand elle quitta sa famille et se retira en un lieu vers l'Orient :Elle plaça un voile entre elle et les siens. » (Coran 19, 16-17a)
Si les commentateurs sont d'avis divergents pour préciser où se trouvait ce "lieu oriental" et dire en quoi consistait ce "voile", ils soulignent combien cette vie de "consécration", sous la tutelle et le contrôle de Zacharie, le père de Yahyâ (Jean-Baptiste), était bénie de Dieu et comblée de faveurs spéciales :
« Il la confia à Zacharie. Chaque fois que Zacharie allait la voir, dans le Temple (mihrâb), il trouvait auprès d'elle la nourriture nécessaire, et il lui demandait : "O Marie ! D'où cela te vient-il ?". Elle répondait : "Cela vient de Dieu: Dieu donne, sans compter, sa subsistance à qui Il veut. »
(Coran 3, 37b)
C'est donc dans ce lieu de retraite, ce mihrâb (dont le terme désigne aujourd'hui la niche aveugle qui, dans les mosquées, indique aux Musulmans la direction de leur prière, vers La Mecque) que Marie poursuivait sa vie de prière et de méditation, répondant ainsi aux aveux admiratifs et aux invitations pressantes des Anges qui lui dirent :
« 0 Marie ! Dieu t'a choisie, en vérité ; Il t'a purifiée ; Il t'a choisie de préférence à toutes les femmes de l'univers. 0 Marie ! Sois pieuse envers ton Seigneur ; prosterne-toi et incline-toi avec ceux qui s'inclinent. »
(Coran 3, 42-43)
[1] Cf. G. DEUTSCH, Naziarite e Nazir, in Jewish Enciclopedia, New York –London 1907.
Père Maurice Borrmans