L'Evangile.
« Marie dit à l'ange: "Comment cela sera-t-il, puisque je ne connais pas d'homme? » (Luc 1, 34)
« Joseph fit comme l'ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui sa femme » (Matthieu 1, 24)
Marie a fait vœu de virginité (Lc 1, 34)
« Le contexte dans lequel est posée la question: "Comment cela va-t-il se faire?", et l'affirmation qui suit : "Je ne connais pas d'homme" (Lc 1, 34), mettent en évidence aussi bien la virginité actuelle de Marie que son intention de rester vierge. » [1]
N.B. Le vœu de virginité existait dans le contexte de l'attente messianique (les Esséniens, Jean Baptiste...) cependant ces parallèles ne doivent pas nous faire « tomber dans l'erreur de lier complètement ses dispositions intimes à la mentalité ambiante évacuant ainsi le caractère unique du mystère qui s'est réalisé en elle. »[1]
Si Marie accepte le mariage avec Joseph (Mt 1, 24), c'est donc que Joseph a librement adhéré à son choix et qu'il a accepté d'être le gardien de la virginité de Marie.
La réflexion de saint Thomas d'Aquin.
Saint Thomas d'Aquin précise le vœu de virginité en le distinguant d'un simple désir.
Le désir appartient au secret personnel de Marie et Joseph avant leur rencontre, c'est un désir soumis à ce que Dieu indiquera, par exemple, selon la tradition apocryphe, Dieu indique à Marie et Joseph, par l'intermédiaire du grand prêtre, que leur mariage appartient à son plan divin.
De plus, dit saint Thomas,
« les oeuvres de perfection méritent plus de louanges quand elles sont solennisées par un vœu. Or, chez la Mère de Dieu, c'est la virginité qui devait avoir le plus d'éclat, comme cela apparat d'après nos arguments.
Il convenait donc que sa virginité fût consacrée à Dieu par un voeu. »
(Saint Thomas, Somme Théologique, III Qu.28 a.4).
Saint Thomas d'Aquin précise le moment du vœu de virginité de Marie, en communion avec Joseph.
Le vœu de virginité n'a pas pu être prononcé avant le mariage car alors ce mariage aurait été une trahison du vœu (1Tm 5,12) ;
Ce vœu a donc été fait conjointement par Marie et Joseph au moment du mariage (entre les fiançailles et les noces solennelles).
Citons saint Thomas :
«- Objection 3 : L'Apôtre déclare (1Tm 5,12): "Pour ceux qui font vœu de chasteté, non seulement le mariage, mais le désir du mariage est condamnable." Or, la mère du Christ n'a commis aucun péché condamnable, comme on l'a établi précédemment. Donc, puisqu'elle a été "fiancée" dit S. Luc (Lc 1,27), il apparaît qu'elle n'avait pas fait vœu de virginité.
- A contrario : S. Augustin, écrit : "A l'annonce faite par l'Ange, Marie répond: "Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais pas d'homme ?" Ce qu'elle n'aurait certainement pas dit si elle n'avait pas antérieurement consacré à Dieu sa virginité."
- Réponse : [...] Aussi ne croit-on pas que la Mère de Dieu, avant ses fiançailles avec Joseph, ait fait catégoriquement le vœu de virginité; mais bien qu'elle en ait eu le désir, elle a remis sur ce point sa volonté à la décision de Dieu. Plus tard, quand elle eut pris un époux, comme l'exigeaient les mœurs du temps, elle fit avec lui vœu de virginité. [...]
- Solution 3 : La parole de S. Paul est à entendre de ceux qui ont voué la virginité d'une manière absolue. Ce n'était pas le cas de la Mère de Dieu avant ses fiançailles avec Joseph. Mais après ses fiançailles, en même temps que son époux et d'un commun accord, elle fit vœu de virginité. »
(Saint Thomas, Somme Théologique, III Qu.28 a.4)
[1] Jean Paul II, Audience générale du 24 juillet 1996
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