Marie dans l'Histoire du monde selon saint Irénée (130-202)


 

La théologie de l'histoire signifie que Dieu a un but lorsqu'il créé le monde. Saint Irénée explique dans ses ouvrages que l'histoire a un sens. De plus après le péché, Dieu a un plan de rédemption, l'histoire devient une histoire de salut, dans laquelle la Vierge Marie occupe une place centrale.

 

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Le plan de la création : le projet divin

Le plan de la création donne le sens de l’existence : la vie existe pour un but, un projet divin. Ce but, c’est l’Incarnation : Dieu fait homme pour que les hommes participent de la vie divine. Or, l’Incarnation advient par Marie.

Le plan de la rédemption : le salut après le péché

Le Plan de la rédemption donne l’espérance dans le combat spirituel. Le Christ reprend Adam : il est le Nouvel Adam ; la croix reprend l’arbre de la chute, Marie reprend Ève : elle est la Nouvelle Ève. C’est une « régénération ».

C’est aussi une « récapitulation » où tout retrouve son sens et son orientation, dans le Christ.

Nous voyons donc que Marie se situe au sommet de la « théologie de l’Histoire »[1]

Marie, terre vierge

St Irénée établit une correspondance entre la création d’Adam à partir d’une terre vierge et l’Incarnation du Christ au sein de la terre vierge de la Vierge marie :

« Si Adam fut créé par la terre-vierge, non encore travaillée, donc par la vertu et la puissance de Dieu (cf. Gn 2, 4b-7), le nouvel Adam aussi doit avoir ses origines d’une terre-vierge, par la même puissance et la vertu de Dieu. Marie est cette terre-vierge dont Christ se fait "premier-né".»[2]

Marie mère du Nouvel Adam, le fils de l'homme

Marie transmet au Christ toute la réalité humaine d’Adam, pour qu’il soit le nouvel Adam, le Fils de l’homme, le « résumé » de tous les hommes depuis le premier[3].

Adam, tenté par Satan, désobéit et chuta, le Christ tenté aussi par Satan, resta fidèle, pour que là où le péché avait abondé surabondât la grâce. Or, la présence et la fonction de Marie dans la réalisation du Salut a été nécessaire et décisive.

Marie "avocate"

Irénée utilise des expressions fortes:

« Car il fallait qu’Adam fut récapitulé dans le Christ, afin que ce qui était mortel fut englouti par l’immortalité, et il fallait qu’Ève le fut aussi en Marie, afin qu’une Vierge, en se faisant l’avocate d’une vierge, détruisit la désobéissance d’une vierge par l’obéissance d’une Vierge. »[4]

Lorsqu’à l’Annonciation Marie parle avec l’ange Gabriel et se montre obéissante, elle défend le genre humain, solidaire, elle devient ainsi l’ «avocate» d’Ève.[5]

Marie défait les nœuds : Marie "cause du salut"

Marie, en accueillant le Salut, est définie "cause de salut" pour ceux à qui Ève avait causé la mort. Marie sait défaire les nœuds de la désobéissance et de la mort.

« Car, de même qu’Ève, ayant pour époux Adam, et cependant encore vierge – car ils étaient nus tous les deux dans le paradis et n’en avaient point honte (Gn 2,25), parce que, créés peu auparavant, ils n’avaient pas de notion de la procréation : il leur fallait d’abord grandir, et seulement ensuite se multiplier (Gn 1,28) – de même donc qu’Ève, en désobéissant, devint cause de mort pour elle-même et pour tout le genre humain, de même Marie, ayant pour époux celui qui lui avait été destiné par avance, et cependant Vierge, devint, en obéissant, cause de salut (cf. He 5,9) pour elle-même et pour tout le genre humain.

C’est pour cette raison que la Loi donne à celle qui est fiancée à un homme, bien qu’elle soit encore vierge, le nom d’épouse de celui qui l’a prise pour fiancée (Dt 22,23-24), signifiant de la sorte le retournement qui s’opère de Marie à Ève.

Car ce qui a été lié ne peut être délié que si l’on refait en sens inverse les boucles du nœud. »[6]

Marie, source de régénération pour tous les hommes

Dans son sein virginal, Marie engendre le Christ et régénère tous les hommes

Comme vraie mère, Marie garantit que Dieu a tout assumé de nous jusqu’à devenir "Fils de l’homme", donc nous sommes entièrement assumés et entièrement sauvés. Comme Vierge divinement féconde, Marie garantit que c’est Dieu qui est né d’elle, et qu’ensuite il sauve vraiment : avec sa puissance divine[7].

Marie, de son sein virginal, a engendré le Christ, la Tête du corps, à un moment spécial de l’histoire. Dans le Christ, Marie a régénéré pour Dieu tous les membres de l’humanité, autrement dit, son sein maternel reste la source permanente de la régénération des hommes en Dieu.

« Ils ont prêché l’Emmanuel né de la Vierge (Cf. Is 7,14) : par là ils faisaient […] que lui, le Pur, ouvrirait d’une manière pure le sein pur qui régénère les hommes en Dieu et qu’il a lui-même fait pur ; que, s’étant fait cela même que nous sommes, il n’en serait pas moins le "Dieu fort" (Is 9,6), celui qui possède une connaissance inexprimable (Is 53,11) »[8]

[1] E. TONIOLO, S. Ireneo: la teologia della salvezza, in Riparazione mariana, LXI (1976) 5, 12-13

[2] IRENEE DE LYON, Contre les hérésies, III 18,7 I

[3] IRENEE DE LYON, Démonstration de la Prédication apostolique § 32

[4] IRENEE DE LYON, Démonstration de la Prédication apostolique § 33

[5] IRENEE DE LYON, Contre les hérésies III,19,1

[6] IRENEE DE LYON, Contre les hérésies, III, 22,4. Cette métaphore du nœud a d’ailleurs été reprise dans la dévotion à Marie qui défait les nœuds.

[7] IRENEE DE LYON, Contre les hérésies V, 19,1.

[8] IRENEE DE LYON, Contre les hérésies IV 33, 11

 

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Pour en savoir plus

 

-sur st Irénée, dans l’Encyclopédie mariale

-sur Marie qui défait les nœuds, dans l'Encyclopédie mariale