L'icône proposée ici est inspirée d'une icône anonyme du XVe siècle. Elle fait partie de la collection de la cathédrale de l'Annonciation de Sol'vychegodsk, propriété de la famille Stroganov.
Deux scènes y sont représentées.
La scène principale : la jeune Marie accueillie par le Grand-Prêtre.
Les couleurs des vêtements de Marie
Le Christ, qui prendra d'elle notre nature, l'a élevée à lui-même. C'est pourquoi, par anticipation, les vêtements de la Mère de Dieu sont des couleurs inversées du Christ Pantocrator. On la représente toujours avec cette robe bleu-azur et ce maphorion pourpre.
Elle est le premier temple humain de la divinité, celui qui n'est plus construit de main d'homme avec des pierres. À un disciple qui s'émerveillait de la construction du Temple, Jésus répondit : « Tu vois ces grandes constructions? Il n'en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit » (Mc 13, 2) ; à la femme Samaritaine il dit : « Mais l'heure vient, et nous y sommes, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité » (Jn 4, 23).
Les trois étoiles sont déjà sur son maphorion pour signifier sa virginité perpétuelle.
« L'offrande sans tache, la pure colombe fut offerte pour demeurer dans la maison de Dieu : immaculée, elle était destinée à devenir sa mère » (Matines)
Le grand-prêtre Zacharie
« Dans la chair, elle est offerte à Dieu et Zacharie le Grand-prêtre, plein de joie la reçoit comme demeure de Dieu » (Vêpres).
Le Grand-prêtre est revêtu des ornements sacerdotaux car il s'agit ici d'un acte liturgique, comme les célébrants qui viennent à l'ambon de l'église pour bénir la Entrée dans le rituel byzantin, et il déclare dans son admiration :
« Porte du Seigneur, je t'ouvre les portes du Temple; dans l'allégresse tu pourras le parcourir, car je sais et je crois que déjà parmi nous habite la délivrance d'Israël. Le temple très pur du Sauveur est conduite aujourd'hui dans la maison du Seigneur, apportant avec elle la grâce de l'Esprit divin » (Kondakion).
Joachim et Anne
Derrière la Mère de Dieu, une procession s'est formée. Au premier rang, ses parents, saint Joachim et Anne, qui tendent leur main dans un geste d'offrande. Ce geste, Marie le reprend pour montrer qu'elle assume volontairement le don de ses parents. Anne tient dans sa main le rouleau de son vœu d'offrir son enfant au Seigneur.
Le cortège des vierges
Le cortège des jeunes vierges accompagne celle qui a été choisie par le Roi. « Dans sa robe brodée, on la mène au dedans, vers le roi, et des vierges la suivent » (Ps 44, 13) Ce cortège n'est pas sans rappeler celui des vierges sages qui attendent l'époux dans la parabole de l'Évangile (Mt 25, 1-13).
La scène secondaire est incorporée dans les constructions d'arrière plan.
A gauche, le temple de Jérusalem, sur lequel est suspendu le voile du Royaume tissé par le Père.
Au centre l'arbre de la « connaissance du bien et du mal » auquel le voile est noué. Le péché d'Adam a voilé notre connaissance de Dieu et le monde attend l'Incarnation pour son salut et pour la Révélation parfaite de Dieu dans son Messie. Certes le peuple juif reconnaît le Dieu unique mais il faut attendre le Christ pour dévoiler le mystère trinitaire.
Le temple de droite, dont la toiture suggère cette foi en la Trinité, c'est l'Église ; il abrite la jeune Marie, nourrie par l'ange Gabriel. Elle est déjà « Signe de l'Église » et elle nous enseigne que le nouveau Temple n'est pas présence de Dieu dans la pierre mais désormais dans le « Corps du Christ ». La nourriture apportée par l'ange préfigure le pain spirituel, l'Eucharistie, qui sera nourriture pour les fidèles et qui nous permettra de faire mémoire du Christ jusqu'à son retour.
« Ô Vierge, après avoir été nourrie de pain céleste, dans le Temple du Seigneur, tu as mis au monde le Verbe, le pain céleste de la Vie. Temple choisi sans tache, tu as été élue par l'Esprit pour devenir l'Épouse de Dieu le Père » (Matines).
L'escalier
Marie est assise au sommet de l'escalier comme au sommet de l'échelle spirituelle. Sa vocation de Mère de Dieu la place au-dessus même des anges.
« Fruit illustre d'une promesse , la Mère de Dieu est montrée au monde vraiment élevée au-dessus de toute la création » (Matines).
L'Église, en grande pédagogue, place cette fête pendant le Carême de Noël. Dans l'Église orthodoxe, la période du 15 novembre au 25 décembre constitue un temps de jeûne et d'abstinence, qui place les fidèles dans une situation de conversion pour manifester l'attente de la parousie, comme Marie et tous les ancêtres du Seigneur qui ont attendu la venue du Messie promis.
La lumière
Le thème de la lumière revient souvent aux offices de la fête, comme pour préparer la fête de Noël, fête qui coïncide, rappelons-le, avec le retour de la lumière après le solstice d'hiver :
« Dans le Temple saint, tu apparais comme réceptacle de l'inaccessible lumière divine » (Matines).
C'est cette acclamation que le prêtre reprend pour entonner le « Magnificat » au lever de chaque jour, à l'office des Matines :
« Par nos chants, magnifions la Mère de Dieu et de la lumière ».
Extraits du commentaire du Hiéromoine Cyrille (Bradette) :
https://www.pagesorthodoxes.net/fetes/md-presentation5.htm