Au cœur des événements de 1858 à Lourdes, il y a l’apparition de la Vierge Marie en date du 25 février. Elle demande à Bernadette de gratter la terre et de boire l’eau boueuse au fond de la Grotte, de manger de l’herbe…
Les personnes présentes ne comprennent pas ces gestes de pénitence, pourtant directement liés au mystère du Salut, à la Pâque du Christ.
Un prêtre franciscain, le Père Daul, aumônier de l’Hospitalité franciscaine à Lourdes depuis longtemps, porte ici un regard sur cette 9e apparition dont la portée spirituelle est immense.
Lors d’une réunion des membres de l’Hospitalité franciscaine Notre-Dame de Lourdes, j’insistais une fois de plus sur un point qui m’est très cher :
« Nous allons à Lourdes d’abord comme pèlerins, et ensuite en service comme hospitalière ou hospitalier ou brancardier auprès des malades ».
Le docteur Gérard Koenig, notre médecin de l’époque, me fit ensuite la réflexion suivante :
« Père, ce que vous avez dit, concernant notre mission à Lourdes, est bien. Mais moi, je vais à Lourdes avant tout pour gratter la terre ».[…]
A la 9ème apparition, en ce 25 février 1858, la Belle Dame donne à Bernadette la consigne de « gratter la terre, au fond de la grotte, sous le rocher ». Bernadette y découvre d’abord de la boue qu’elle rejette. Au bout du quatrième « grattage », de l’eau sale sort du sol. Et Bernadette va « manger de cette herbe qui est là et boire de cette eau et s’en laver », comme la Belle Dame le lui a demandé.
Le docteur Gérard Koenig et son épouse Cathy, hospitalière, continuent à préciser leur pensée par les réflexions que je voudrais partager avec vous.
Gratter la terre, c’est gratter ma terre, c’est essayer de me connaître en vérité et en profondeur. C’est désensabler mon regard, pour oser voir et nommer avec clarté et humilité mes sentiments, mes motivations. C’est oser poser le regard sur ma pauvreté, mes limites, pour tout remettre à Jésus afin qu’il libère en moi la source d’eau vive. C’est faire effort pour me débarrasser de ce qui m’empêche d’être source, enlever la boue de mes lâchetés pour retrouver l’eau claire de la grâce de mon baptême par le sacrement du pardon. C’est ce geste apparemment dérisoire qui devient puissance de conversion intérieure, source de paix et d’amour.
C’est ce message que nous laisse Bernadette qui, dans un geste insensé, creuse de ses mains terreuses pour se laver ensuite le visage et en même temps illuminer son regard. Depuis ce jour de février 1858, pour des milliers de pèlerins qui viennent à Lourdes pour gratter la terre, l’eau de Massabielle est source de vie nouvelle.
Et la « boue » est remplacée par le limpide filet d’eau claire de la grâce et de l’amour.
Saint François d’Assise, depuis sa conversion en 1208 et sa rencontre avec le lépreux sur le chemin de la Portioncule, n’a cessé de gratter la terre de son cœur et y a découvert la source de la « joie parfaite ».
Ne sommes-nous pas tous, encore aujourd’hui, invités par Marie, à venir en pèlerinage à Lourdes pour gratter notre terre ?
"Regard sur la 9e apparition de Notre-Dame de Lourdes" par Frère Stanislas DAUL, franciscain.
[Lien perdu].lourdes-magazine.com