Elle était là comme sa mère, et il lui fut demander de pardonner (R. Cantalamessa)

Le pardon de Marie

« Près de la croix de Jésus se tenaient sa mère, la sœur de sa mère, Marie, femme de Clopas et Marie de Magdala », (Jn 19, 25) : un groupe de femmes, quatre en tout.

Marie n’était pas seule ; elle était une de ses femmes : oui, mais Marie était là comme « sa mère» : ce qui change tout et la place dans une situation toute différente.

Il m’est arrivé d’assister parfois à des funérailles de jeunes. Je pense en particulier à un jeune homme. Plusieurs femmes suivaient le cortège funèbre. Toutes vêtues de noir. Toutes pleuraient. Elles semblaient toutes pareilles.

Parmi elles cependant une restait différente, une à laquelle tous pensaient, la mère. Elle était veuve et n’avait que ce fils. Elle regardait le cercueil, on voyait ses lèvres répéter sans cesse le nom de son fils.

Quand, au moment du Sanctus, les fidèles se mirent à proclamer : « Saint, Saint, Saint, le Seigneur Dieu de l’univers », elle aussi sans peut-être s’en rendre compte, se mit à murmurer : Saint, Saint, Saint… À ce moment j’ai alors pensé à Marie au pied de la croix.

A Marie il fut demandé un geste tellement plus difficile : pardonner.

Quand elle entendit son Fils prier : « Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font » Elle comprit ce que le Père céleste attendait d’elle : qu’elle reprenne en son cœur ces mêmes paroles : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font». Elle les dit. Elle pardonna.


Raniero Cantalamessa

Prédicateur de la Maison Pontificale.

Extraits de : Raniero CANTALAMESSA, Marie miroir pour l’Eglise,

ed saint Augustin 2002, p.143-144