Le jugement dernier adviendra à la fin des temps, il ne nous revient pas de devancer l'heure du jugement :
La parabole de l'ivraie dans le champ souligne le fait que nous ne devons pas juger nous mêmes les personnes :
« Vous risqueriez, en ramassant l'ivraie, d'arracher en même temps le blé. Laissez l'un et l'autre croître ensemble jusqu'à la moisson. » (Mt 13, 29-30)
Le jugement dernier est sérieux, il existe un enfer :
« Le Fils de l'homme enverra ses anges, qui ramasseront de son Royaume tous les scandales et tous les fauteurs d'iniquité, et les jetteront dans la fournaise ardente: là seront les pleurs et les grincements de dents. Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le Royaume de leur Père. » (Mt 13,42-43)
La parabole du filet est similaire (Mt 13, 50).
Le jugement semble commencer par le peuple juif incrédule :
Jésus admire la foi d'un centurion romain, et déclare que beaucoup comme lui prendront part au festin avec Abraham, simultanément, il se désole du manque de foi de son propre peuple en disant : « Tandis que les fils du Royaume seront jetés dans les ténèbres extérieures: là seront les pleurs et les grincements de dents. » (Mt 8,12)
La foi est donc la base. Celui qui refuse de croire au rédempteur n'est pas sauvé, il s'est exclu lui-même.
Mais les chrétiens ne doivent pas se penser exempts du jugement :
Une parabole dit « un roi qui fit un festin de noces pour son fils. » Tout est prêt.
Dans un premier acte, les invités ne viennent pas, et certains tuent les envoyés du roi. Le roi fait alors brûler la cité de ces assassins. Le roi envoie ses serviteurs inviter ses amis. Ce premier acte semble correspondre au refus du peuple élu et à la destruction de Jérusalem.
Dans un second acte, le roi dit aux serviteurs : « conviez aux noces tous ceux que vous pourrez trouver. » Nous reconnaissons une allégorie de la mission de l'Eglise.
Les nouveaux invités ne doivent pas se faire illusion ni être prétentieux : il y parmi eux, dit l'évangile, « des mauvais comme des bons. »
Et le jugement viendra là aussi.
Le roi voit un homme qui n'a pas le vêtement des noces (c'est-à-dire les oeuvres justes, dans la justice de la foi, cf. Mt 5, 20 ; Mt 7, 21-23 ; Ap 19, 8), et dit aux valets: « Jetez-le, pieds et poings liés, dehors, dans les ténèbres: là seront les pleurs et les grincements de dents. » (Mt 22,13)
Mettre en pratique, est ce qui distingue l'homme sage et l'homme insensé :
Après le sermon sur la montagne (Mt 5-7), Jésus dit :
« Ainsi, quiconque écoute ces paroles que je viens de dire et les met en pratique, peut se comparer à un homme avisé qui a bâti sa maison sur le roc. La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et se sont déchaînés contre cette maison, et elle n'a pas croulé: c'est qu'elle avait été fondée sur le roc.
Et quiconque entend ces paroles que je viens de dire et ne les met pas en pratique, peut se comparer à un homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable. La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et se sont rués sur cette maison, et elle s'est écroulée. Et grande a été sa ruine! » (Mt 7, 24-27)
Exemple sublime, « Joseph fit comme l'Ange du Seigneur lui avait prescrit. » (Mt 1, 24)
Le contraste entre "sage" et "insensé" se retrouve dans la parabole des 10 vierges. Mettre en pratique est important non seulement pour la vie sur la terre, mais aussi pour l'éternité :
Les vierges sages ont « de l'huile » et elles sont prêtes pour l'époux, elles entrent dans la salle des noces.
Il est impossible de « partager l'huile » avec les vierges insensées, parce que cette huile, ce sont les prières, l'amour, et les bonnes actions de chacun. Le jugement dernier est individuel, et les vierges insensées ne peuvent pas entrer. (Mt 25, 1-13)
Le Seigneur nous veut responsables et engagés :
Il se confie à chacun « selon ses capacités » (Mt 25, 15). Ceux qui assument cette responsabilité, quelque soit l'aspect quantitatif, reçoivent la même récompense : « C'est bien, serviteur bon et fidèle, lui dit son maître, en peu de choses tu as été fidèle, sur beaucoup je t'établirai; entre dans la joie de ton seigneur. » (Mt 25, 21. 23).
Mais celui qui considère le bien confié comme une chose étrangère qu'il faut simplement « rendre » sans prendre de risque, et qui, ayant reçu un bien accuse pourtant le Seigneur « toi qui récolte où tu n'as pas semé », celui-là finit « dehors, dans les ténèbres: là seront les pleurs et les grincements de dents. » (Mt 25, 14-30).
Le talent que le Seigneur n'est pas d'abord un talent naturel (l'évangile n'est pas l'idéologie de la bourgeoisie d'entreprise) : ce talent, c'est d'abord la révélation de l'Evangile.
La charité est le critère du jugement :
« Alors le Roi dira à ceux de droite: Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume qui vous a été préparé depuis la fondation du monde. Car j'ai eu faim et vous m'avez donné à manger, j'ai eu soif et vous m'avez donné à boire, j'étais un étranger et vous m'avez accueilli, nu et vous m'avez vêtu, malade et vous m'avez visité, prisonnier et vous êtes venus me voir.
Alors les justes lui répondront: Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir affamé et de te nourrir, assoiffé et de te désaltérer, étranger et de t'accueillir, nu et de te vêtir, malade ou prisonnier et de venir te voir? Et le Roi leur fera cette réponse: En vérité je vous le dis, dans la mesure où vous l'avez fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait.
[De manière symétrique, aux mauvais il est dit :]
En vérité je vous le dis, dans la mesure où vous ne l'avez pas fait à l'un de ces plus petits, à moi non plus vous ne l'avez pas fait.
Et ils s'en iront, ceux-ci à une peine éternelle,
et les justes à une vie éternelle.» (Mt 25, 31-46)
L'enfer est décrit ainsi : « dehors, dans les ténèbres: là seront les pleurs et les grincements de dents.» (6 fois dans l'évangile de Matthieu).
La vie éternelle est décrite avec plusieurs termes : un « royaume », un banquet (la vie), des noces (la communion d'amour), un « festin de noces », une responsabilité plus grande et « l'entrée dans la joie du Maître ».
Cf. Rinaldo Fabris, Matteo, traduzione e commento, Borla, Castello 1982
Françoise Breynaert