Le « Traité de la vraie dévotion » commence par cette affirmation sur le règne de Jésus-Christ dans le monde :
« C'est par la Très Vierge Marie que Jésus-Christ est venu au monde, et c'est aussi par elle qu'il doit régner dans le monde. » (VD 1).
Ce règne dans le monde correspond à la prière du « Notre Père » : « que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite, sur la terre comme au ciel ».
« Le règne de Jésus-Christ ne sera qu'une suite nécessaire de la connaissance et du règne de la Très Vierge Marie » (VD 13)
Saint Louis-Marie de Montfort offre un « traité de la vraie dévotion », c'est-à-dire un approfondissement ascétique et mystique.
Dans la vision de saint Louis-Marie de Montfort, ce ne sont pas seulement les chrétiens qui font effort pour se rapprocher de Marie, c'est aussi Marie qui se donne davantage à connaître :
« Marie doit éclater, plus que jamais, en miséricorde, en force et en grâce dans ces derniers temps. » (VD 50)
Et Montfort détaille comment sa miséricorde doit convertir les pécheurs, sa force doit vaincre les ennemis de la foi chrétienne et sa grâce doit soutenir ceux qui combattent pour ces intérêts.
Mais il ne s'agit nullement d'un millénarisme dans le sens d'une domination politique des saints sur le monde.
L'erreur millénariste est une imposture qui conduit, à petite échelle, à des dérives sectaires, et, à grande échelle, à des idéologies totalitaires (cf. CEC. 676).
Au contraire, saint Louis-Marie de Montfort explique très bien que l'inimitié de l'Antéchrist et les persécutions augmenteront jusqu'à la fin (VD 52).
L'inimitié « entre les enfants et serviteurs de la Vierge, et les enfants et suppôts de Lucifer » « durera et augmentera même jusques à la fin », et cette inimitié est entre les mains de Dieu (VD 52). Montfort va jusqu'à dire que Dieu a « fait » cette inimitié (VD 52), c'est-à-dire qu'il maintient l'existence et la vie de ceux qui ont choisi de s'opposer à lui.
Jean-Paul II commente ce que dit saint Louis-Marie de Montfort des derniers temps :
« Cette dimension eschatologique [= concernant les fins ultimes] est contemplée par saint Louis-Marie, en particulier lorsqu'il parle des "saints des derniers temps", formés par la Vierge afin d'apporter dans l'Eglise la victoire du Christ sur les forces du mal (cf. Traité de la vraie dévotion, nn. 49-59).
Il ne s'agit en aucune façon d'une forme de "millénarisme", mais du sens profond du caractère eschatologique de l'Eglise, liée à l'unicité et à l'universalité salvifique de Jésus Christ. L'Eglise attend la venue glorieuse de Jésus à la fin des temps.
Comme Marie et avec Marie, les saints sont dans l'Eglise et pour l'Eglise, afin de faire resplendir sa sainteté, afin d'étendre jusqu'aux extrémités de la terre et jusqu'à la fin des temps l’œuvre du Christ, unique Sauveur. »
Et c'est dans ce contexte qu'il faut interpréter l'expression « siècle de Marie » :
« Quand viendra ce temps heureux et ce siècle de Marie, où plusieurs âmes choisies et obtenues du Très-Haut par Marie, se perdant elles-mêmes dans l'abîme de son intérieur, deviendront des copies vivantes de Marie, pour aimer et glorifier Jésus-Christ ? » (VD 217)
Ce « siècle de Marie » est un temps où :
D'une part, Marie se sera donnée à connaître (elle éclate en miséricorde, en force et en grâce).
D'autre part, un certain nombre de chrétiens entreront profondément dans la « vraie dévotion » à Marie et glorifieront Jésus-Christ.
Abréviation : VD : Saint Louis-Marie de Montfort, Traité de la vraie dévotion
[1] Saint Augustin, La Cité de Dieu, livre IX.
Françoise Breynaert
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