Le saint pape Paul VI, pape de 1963 à 1978, a placé son pontificat sous le patronage de la Vierge Marie et du Rosaire. Il a ensuite écrit plusieurs documents relatifs à la Vierge Marie : deux encycliques et trois exhortations apostoliques mariales, dont l'une, Marialis cultus (1974), souligne le lien entre le Rosaire et la liturgie.
L'exhortation apostolique Marialis cultus (2 février 1974) a pour objet de faire renaître le culte marial après le concile Vatican II.
"Le développement, que nous souhaitons, de la dévotion envers la Vierge Marie, dévotion qui, nous l’avons dit plus haut, s’insère au centre du culte unique appelé à bon droit chrétien – car c’est du Christ qu’il tire son origine et son efficacité, c’est dans le Christ qu’il trouve sa pleine expression et c’est par le Christ que, dans l’Esprit, il conduit au Père –, est un des éléments qui qualifient la piété authentique de l’Église. Par nécessité intime, en effet, celle-ci reflète dans la pratique du culte le plan rédempteur de Dieu : à la place toute spéciale que Marie y a tenue correspond un culte tout spécial envers elle ; de même chaque développement authentique du culte chrétien entraîne nécessairement un accroissement proportionné de vénération pour la Mère du Seigneur. Du reste, l’histoire de la piété montre comment « les formes diverses de piété envers la Mère de Dieu, que l’Église a approuvées, en les maintenant dans les limites d’une saine doctrine orthodoxe », se développent dans une subordination harmonieuse au culte du Christ et gravitent autour de lui comme autour de leur point de référence naturel et nécessaire. Ainsi en advient-il également à notre époque.
La réflexion de l’Église contemporaine sur le mystère du Christ et sur sa propre nature l’a amenée à trouver, à la racine du premier et comme couronnement de la seconde, la même figure de femme : la Vierge Marie, Mère précisément du Christ et Mère de l’Église. Et la connaissance plus profonde de la mission de Marie s’est transformée en vénération joyeuse envers elle et en respect plein d’adoration pour le sage dessein de Dieu, qui a placé dans sa Famille – l’Église –, comme en tout foyer domestique, la figure d’une femme qui, discrètement et en esprit de service, veille sur elle « et dirige sa marche vers la patrie, jusqu’à ce que vienne dans la gloire le jour du Seigneur ».
À notre époque, les changements survenus dans les mœurs, dans la sensibilité des peuples, dans les modes d’expression de la littérature et des arts, dans les formes de communication sociale ont influencé également les manifestations du sentiment religieux. Certaines pratiques cultuelles qui, naguère encore, s’avéraient aptes à exprimer le sentiment religieux des individus et des communautés chrétiennes, semblent aujourd’hui insuffisantes ou inadaptées parce que liées à des schémas socioculturels du passé, alors qu’un peu partout on cherche de nouvelles formes d’expression de l’immuable rapport des créatures avec leur Créateur, des fils avec leur Père. Cela peut amener certains à être momentanément désorientés : mais si, en esprit de confiance en Dieu, on réfléchit sur de tels phénomènes, on découvre que bien des tendances de la piété contemporaine – par exemple l’intériorisation du sentiment religieux – sont appelées à concourir au développement de la piété chrétienne en général et de la piété envers la Vierge en particulier. Ainsi notre époque, fidèlement à l’écoute de la tradition et attentive aux progrès de la théologie et des sciences, apportera sa contribution à la louange de Celle que, selon les paroles prophétiques, toutes les générations proclameront bienheureuse (cf. Lc1,48)."
Présentant le nouveau missel romain, le pape Paul VI en recense l'ensemble des doctrines, dogmes et traditions de l'Église sur la Vierge. Il célèbre la virginité perpétuelle, la conception virginale, la maternité divine, la maternité ecclésiale, expectation de Notre-Dame, ses épousailles spirituelles, l'annonciation, l'Immaculée Conception, la nativité de Marie, l'assomption dans le ciel, la médiation des grâces, sa royauté maternelle, l'avocate céleste et son rôle sotériologique lors de la Passion.
Le pape met également en valeur le rôle œcuménique, interreligieux, anthropologique, christologique, pastoral et biblique de Marie dans la nature et la mission de l'Église. Il établit le lien entre Rosaire et liturgie et donne en exemple aux évêques, aux prêtres et aux fidèles la récitation du Rosaire et de l'Angélus pour la sanctification du corps ecclésial et de l'ensemble de l'univers.
"41. Nos propos sur l’Angélus veulent être seulement une simple mais vive exhortation à conserver l’habitude de le réciter, lorsque et là où c’est possible. Cette prière n’a pas besoin d’être rénovée : sa structure simple, son caractère biblique, son origine historique qui la relie à la demande de sauvegarde dans la paix, son rythme quasi liturgique qui sanctifie divers moments de la journée, son ouverture au mystère pascal qui nous amène, tout en commémorant l’Incarnation du Fils de Dieu, à demander d’être conduits « par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection » [109], font que, à des siècles de distance, elle conserve inaltérée sa valeur et intacte sa fraîcheur. Il est vrai que certains usages traditionnellement liés à la récitation de l’Angélus ont disparu ou peuvent difficilement subsister dans la vie moderne ; mais il s’agit d’éléments marginaux : la valeur de la contemplation du mystère de l’Incarnation du Verbe, de la salutation à la Vierge et du recours à sa miséricordieuse intercession reste inchangée ; et, malgré les conditions nouvelles des temps, ces moments caractéristiques de la journée – matin, midi et soir – qui délimitent les périodes d’activité et constituent une invite à s’arrêter pour prier, demeurent inchangés pour la majeure partie des hommes.
42. Nous voudrions maintenant, Frères très chers, nous arrêter un peu sur la rénovation de ce pieux exercice que l’on a appelé « résumé de tout l’Évangile » [110]. le Chapelet de la Vierge Marie, le Rosaire. Nos Prédécesseurs lui ont accordé une attention vigilante et une sollicitude empressée : ils en ont à plusieurs reprises recommandé la récitation fréquente, favorisé la diffusion, expliqué la nature, reconnu l’aptitude à développer une prière contemplative à la fois de louange et de supplication, rappelé l’efficacité intrinsèque pour faire progresser la vie chrétienne et l’engagement apostolique. Nous aussi, dès la première Audience générale de notre Pontificat, le 13 juillet 1963, nous avons montré notre grande estime pour la pieuse pratique du Rosaire [111], et, par la suite, nous en avons souligné la valeur en de multiples circonstances, ordinaires pour certaines, graves pour d’autres, comme lorsque, en une heure d’angoisse et d’insécurité, nous publiâmes l’Encyclique Christi Matri (15 septembre 1966), afin que de ferventes prières soient adressées à la Vierge du Rosaire pour supplier Dieu d’accorder le bien supérieur de la paix [112] ; appel renouvelé dans notre Exhortation apostolique Recurrens mensis October (7 octobre 1969), dans laquelle nous commémorions le quatrième centenaire de la Lettre apostolique Consueverunt Romani Pontifices de notre Prédécesseur saint Pie V qui, en ce document, expliqua et, en quelque manière détermina la forme traditionnelle du Rosaire [113].
43. L’intérêt constant et l’affection que nous portons au Chapelet de la Vierge Marie nous ont poussé à suivre avec beaucoup d’attention les nombreux congrès consacrés ces dernières années à la pastorale du Rosaire dans le monde contemporain : congrès organisés par des associations et des hommes qui ont profondément à cœur la dévotion du Rosaire, et auxquels ont pris part des Évêques, des prêtres, des religieux et des laïcs forts d’une grande expérience et connus pour leur sens de l’Église. Parmi eux, c’est justice de nommer les Fils de saint Dominique, chargés par tradition de garder et de propager une dévotion aussi salutaire que celle-là. Aux travaux des congrès se sont ajoutées les recherches des historiens, effectuées non pas pour définir dans des buts quasi archéologiques la forme primitive du Rosaire, mais pour en saisir l’intuition originelle, l’énergie première, la structure essentielle. De ces congrès et de ces recherches ont surgi plus clairement les caractéristiques fondamentales du Rosaire, ses éléments essentiels et leur rapport mutuel.
44. Ainsi, par exemple, a mieux été mise en lumière la nature évangélique du Rosaire : il tire de l’Évangile l’énoncé des mystères et ses principales formules ; il s’inspire de l’Évangile pour suggérer, en commençant par la joyeuse salutation de l’Ange et par l’acceptation religieuse de la Vierge, l’attitude dans laquelle le fidèle doit le réciter ; il propose, dans la succession harmonieuse des Ave Maria, un mystère fondamental de l’Évangile – l’Incarnation du Verbe – saisi au moment décisif de l’Annonce faite à Marie. Le Rosaire est donc une prière évangélique, comme aujourd’hui, plus peut-être que par le passé, aiment à le définir les pasteurs et les érudits.
45. De même on a plus facilement compris comment le déroulement ordonné et progressif du Rosaire reflète la manière même dont le Verbe de Dieu, en s’insérant par un dessein miséricordieux dans l’histoire humaine, a réalisé la Rédemption. Le Rosaire considère en effet successivement, et dans l’ordre, les principaux événements salvifiques de la Rédemption qui se sont accomplis dans le Christ : depuis la conception virginale et les mystères de l’enfance jusqu’aux heures culminantes de la Pâque – la Passion bienheureuse et la Résurrection glorieuse – et jusqu’à ses effets sur l’Église naissante du jour de la Pentecôte et sur la Vierge, le jour où, parvenue au terme de son exil terrestre, elle fut emportée, corps et âme, vers la patrie céleste. On a encore observé que la division en trois parties des mystères du Rosaire, non seulement correspond étroitement à l’ordre chronologique des faits, mais surtout reflète le schéma de la prédication primitive de la foi et propose à nouveau le mystère du Christ exactement de la façon où le voyait saint Paul dans la célèbre «hymne» de l’Épître aux Philippiens : abaissement, mort, exaltation (2, 6-11).
46. Prière évangélique centrée sur le mystère de l’Incarnation rédemptrice, le Rosaire a donc une orientation nettement christologique. En effet, son élément le plus caractéristique – la répétition litanique de l’Ave Maria – devient lui aussi une louange incessante du Christ, objet ultime de l’annonce de l’Ange et de la salutation de la mère du Baptiste : « Le fruit de tes entrailles est béni » (Lc 1, 42). Nous dirons même plus. la répétition de l’Ave Maria constitue la trame sur laquelle se développe la contemplation des mystères : le Jésus de chaque Ave Maria est celui-là même que la succession des mystères nous propose tour à tour Fils de Dieu et de la Vierge, né dans une grotte à Bethléem ; présenté au Temple par sa Mère ; adolescent plein de zèle pour les affaires de son Père : Rédempteur agonisant au Jardin des Oliviers ; flagellé et couronné d’épines ; chargé de la Croix et mourant sur le Calvaire ; ressuscité des morts et monté auprès de son Père, dans la gloire pour réaliser l’effusion du don de l’Esprit. On sait que, précisément pour favoriser la contemplation et pour que l’intention corresponde aux paroles, on avait jadis l’habitude – et cette coutume existe encore en diverses régions – de faire suivre le nom de Jésus, dans chaque Ave Maria, de la mention du mystère énoncé.
47. On a également ressenti comme un besoin plus impérieux la nécessité de redire, outre la valeur de l’élément de louange et d’imploration, l’importance d’un autre élément essentiel du Rosaire : la contemplation. Sans elle, le Rosaire est un corps sans âme, et sa récitation court le danger de devenir une répétition mécanique de formules et d’agir à l’encontre de l’avertissement de Jésus : « Quand vous priez, ne rabâchez pas comme les païens ; ils s’imaginent qu’en parlant beaucoup ils se feront mieux écouter » (Mt 6, 7). Par nature, la récitation du Rosaire exige que le rythme soit calme et que l’on prenne son temps, afin que la personne qui s’y livre puisse mieux méditer les mystères de la vie du Seigneur vus à travers le cœur de Celle qui fut la plus proche du Seigneur, et qu’ainsi s’en dégagent les insondables richesses.
48. Les études actuelles, enfin, permettent de saisir avec une plus grande précision les rapports existant entre la liturgie et le Rosaire. D’une part, on a souligné que le Rosaire a pour ainsi dire germé sur le tronc séculaire de la liturgie chrétienne, en un véritable « Psautier de la Vierge » grâce auquel les humbles étaient associés au cantique de louange et à l’intercession universelle de l’Église ; d’autre part, on a observé que ceci est arrivé à une époque – le déclin du Moyen Age – où l’esprit liturgique était en décadence et où se manifestait chez les fidèles un certain éloignement de la liturgie en faveur d’une dévotion sensible à l’humanité du Christ et à la Vierge Marie. Si, ces dernières années, a pu naître dans l’esprit de quelques-uns le désir de voir le Rosaire compter parmi les expressions liturgiques, et chez d’autres, préoccupés d’éviter les erreurs pastorales du passé, une désaffection injustifiée à son égard, le problème est aujourd’hui facilement soluble à la lumière des principes de la Constitution Sacrosanctum Concilium : les célébrations liturgiques et le pieux exercice du Rosaire ne doivent ni s’opposer, ni être assimilés [114]. Toute expression de prière parvient à une fécondité d’autant plus grande qu’elle conserve davantage sa vraie nature et sa physionomie propre. La valeur prééminente des actions liturgiques étant donc réaffirmée, il ne sera pas difficile de reconnaître dans le Rosaire un pieux exercice qui s’harmonise facilement avec la liturgie. Comme la liturgie en effet, il est de nature communautaire, il se nourrit de la Sainte Écriture et se déroule autour du mystère du Christ. Bien que situées sur des plans essentiellement différents, l’anamnèse de la liturgie et la commémoration contemplative du Rosaire ont pour objet les mêmes événements de l’histoire du salut accomplis par le Christ. La première rend présents sous le voile des signes, et agissants de manière mystérieuse, les plus grands mystères de notre Rédemption ; la seconde, grâce à l’amour engendré par la contemplation, aide celui qui prie à se souvenir de ces mystères et stimule sa volonté pour qu’il en tire des règles de vie. Une fois définie cette différence substantielle, il n’est pas difficile de comprendre que le Rosaire est un pieux exercice qui a tiré sa raison d’être de la liturgie et qui, s’il est pratiqué selon l’intuition originelle, conduit naturellement vers elle, même sans en franchir le seuil. En effet, la méditation des mystères du Rosaire, en rendant les mystères du Christ familiers à l’esprit et au cœur des fidèles, peut constituer une très bonne préparation à leur célébration dans l’action liturgique, et en devenir ensuite un écho prolongé. C’est cependant une erreur qui subsiste encore malheureusement en certains endroits, de réciter le Rosaire au cours de l’action liturgique.
49. Le Chapelet de la Vierge Marie, selon la tradition que notre prédécesseur saint Pie V recueillit et proposa ensuite officiellement, comporte plusieurs éléments disposés d’une manière organique :
a) la contemplation, en union avec Marie, d’une série de mystères du salut, sagement répartis en trois cycles, qui expriment la joie des temps messianiques, la douleur salvifique du Christ et la gloire du Ressuscité qui se répand sur l’Église ; contemplation qui, par nature, conduit à une réflexion pratique et entraîne de stimulantes règles de vie ;
b) la Prière du Seigneur, ou Pater noster, qui, par son immense valeur, est à la base de la prière chrétienne et ennoblit ses diverses expressions ;
c) la reprise litanique de l’Ave Maria, composé de la salutation de l’Ange à la Vierge (cf. Lc 1, 28) et des paroles de bénédiction d’Élisabeth (cf. Lc 1, 42), auxquelles fait suite l’invocation ecclésiale Sancta Maria. La série continue des Ave Maria est une caractéristique propre au Rosaire, et leur nombre, dans la forme typique et complète de cent cinquante, présente une certaine analogie avec le Psautier et remonte aux origines mêmes du pieux exercice. Mais, en vertu d’une coutume éprouvée, ce nombre, subdivisé en dizaines se référant à chacun des mystères, est distribué selon les trois cycles mentionnés plus haut, constituant ainsi le Chapelet bien connu de cinquante Ave Maria. Ce dernier est entré dans la pratique comme le cadre normal de cet exercice et, comme tel, il a été adopté par la piété populaire et sanctionné par l’Autorité pontificale, qui l’a également enrichi de nombreuses indulgences ;
d) la doxologie Gloria Patri, qui, conformément à une orientation de toute la piété chrétienne, vient conclure la prière par la glorification de Dieu, un et trine, de qui, par qui et pour qui sont toutes choses (cf. Rm 11, 36).
50. Tels sont les éléments du Rosaire. Chacun d’eux a son caractère propre qui, bien compris et apprécié, doit se refléter dans la récitation, afin que le Rosaire exprime toute sa richesse et sa variété. Ce caractère deviendra par conséquent grave dans la Prière du Seigneur ; lyrique et laudatif dans le calme déroulement des Ave Maria ; contemplatif dans la méditation attentive des mystères ; implorant dans la supplication ; plein d’adoration dans la doxologie. Et ce, dans chaque manière habituelle de réciter le Rosaire : ou en privé, celui qui prie se recueillant dans l’intimité avec son Seigneur ; ou de façon communautaire, en famille ou avec des fidèles réunis pour créer les conditions d’une présence particulière du Seigneur (cf. Mt 18, 20) ; ou publiquement, dans des assemblées où la communauté ecclésiale est convoquée.
51. Ces derniers temps ont été créés quelques pieux exercices, qui tirent leur inspiration du Rosaire. Parmi eux, nous désirons indiquer et recommander ceux qui insèrent dans le schéma habituel des célébrations de la Parole de Dieu certains éléments du Chapelet de la Vierge Marie, comme la méditation des mystères et la répétition litanique de la salutation angélique. Ces éléments acquièrent ainsi un plus grand relief lorsqu’ils sont inclus dans la lecture de textes bibliques, illustrés par l’homélie, entourés de temps de silence, soulignés par le chant. Nous nous réjouissons de savoir que ces exercices ont contribué à faire saisir de manière plus complète les richesses spirituelles du Rosaire lui-même, et à remettre en honneur sa pratique dans des associations et des mouvements de jeunes.
52. Nous voudrions maintenant, en continuité avec les intentions de nos Prédécesseurs, recommander vivement la récitation du Rosaire en famille. Le Concile Vatican II a mis en lumière comment la famille, cellule première et vitale de la société, « par l’amour mutuel de ses membres et la prière faite à Dieu en commun, se présente comme un sanctuaire domestique de l’Église » [115]. La famille chrétienne apparaît donc comme une « Église domestique » [116] si ses membres, dans leur milieu propre et selon leurs tâches respectives, travaillent ensemble à promouvoir la justice, pratiquent les œuvres de miséricorde, se consacrent au service de leurs frères, prennent part, dans un cadre plus vaste, à l’apostolat de la communauté locale et s’insèrent dans son culte liturgique [117] ; et aussi s’ils élèvent en commun de ferventes prières vers Dieu : cet élément venant à manquer, le caractère même de famille chrétienne ferait défaut. C’est pourquoi, un effort concret pour instaurer la prière en commun dans la vie de famille doit normalement faire suite à la redécouverte de la notion théologique de la famille comme Église domestique.
53. En accord avec les directives conciliaires, la Présentation générale de la Liturgie des Heures range à juste titre la cellule familiale au nombre des assemblées auxquelles sied la célébration en commun de l’Office divin : « Il convient (…) que la famille, en tant que sanctuaire domestique de l’Église, ne se contente pas de pratiquer la prière en commun, mais aussi qu’elle s’unisse plus étroitement à l’Église en utilisant, suivant ses possibilités, l’une ou l’autre partie de la Liturgie des Heures » [118]. On ne doit rien négliger pour que cette indication claire et pratique trouve dans les familles chrétiennes une application croissante et joyeuse.
54. Mais, après la célébration de la Liturgie des Heures – sommet que peut atteindre la prière familiale – il n’y a pas de doute que le Chapelet de la Vierge Marie doit être considéré comme une des plus excellentes et des plus efficaces « prières en commun » que la famille chrétienne est invitée à réciter. Nous aimons penser en effet, et nous espérons vivement, que si la rencontre familiale devient un temps de prière, le Rosaire en est une expression fréquente et appréciée. Nous savons bien que les nouvelles conditions de vie des hommes ne facilitent pas à notre époque les moments où la famille peut se rassembler et que, même lorsque cela se produit, de nombreuses circonstances rendent difficile de trouver dans la rencontre une occasion de prière. C’est difficile, sans aucun doute. Mais c’est également caractéristique de l’agir chrétien que de ne pas céder devant les conditionnements ambiants, et au contraire de les surmonter ; ne pas succomber, mais faire face. C’est pourquoi, les familles qui veulent vivre en plénitude la vocation et la spiritualité propre de la famille chrétienne doivent dépenser toute leur énergie pour endiguer les forces qui empêchent la rencontre familiale et la prière en commun.
55. En terminant ces observations, témoignage de la sollicitude et de l’estime du Siège Apostolique envers le Chapelet de la Vierge Marie, nous voudrions toutefois recommander qu’en diffusant une dévotion aussi salutaire, on n’en altère pas les proportions, et qu’on ne la présente pas non plus avec un exclusivisme inopportun : le Rosaire est une prière excellente, au regard de laquelle le fidèle doit pourtant se sentir sereinement libre, invité à le réciter, en toute quiétude, par sa beauté intrinsèque."
-Pour lire l'ensemble de l'exhortation apostolique Marialis cultus, en ligne
-sur Paul VI, dans l’Encyclopédie mariale
-sur les papes et le Rosaire, dans l'Encyclopédie mariale
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