La période patristique témoigne de prières adressées à Marie dans le cadre de la communion des saints :
Dans la liturgie au 5e siècle, des litanies des saints apparaissent avec l'invocation mariale: " Marie prie pour nous." Elles se situent dans la ligne des "supplications litaniques".
Grégoire de Naziance raconte que la martyre Justine, craignant un outrage à sa virginité de la part des persécuteurs, "invoqua l'aide de Marie avec la prière comme à celle qui pouvait porter secours à une vierge en danger".
Oratio XXIV, 10-11
Ambroise, évêque de Milan, exhorte les vierges à prier la Vierge pour recevoir d'elle la grâce divine: « Recevez d'Elle, de ce vase l'onguent de la grâce céleste, et ne craignez pas qu'il puisse s'épuiser. » [1] Ceci suppose l'existence d'une pratique de prière à Marie, puisque selon Ambroise c'est par la prière que se déverse la grâce sur les fidèles.
De Institutione virginis, 13, 83
Sévère de Gabala († après 408 environ) exhorte les fidèle à se fier à l'intercession de Notre Dame. Il a conscience que Marie est une personne vivante, elle n'est pas dans la condition d'ombre du Sheol de l'Ancien Testament.
Il ne nous manque pas Déborah ni Yaëlle, les saintes femmes de l'Ancien Testament, nous avons Marie, Mère de Dieu !
Quatre fois il la met en scène, avec un crescendo de titres: la première fois toute seule, la seconde fois suivie de la mention des Apôtres, la troisième et la quatrième fois suivie de la mention des Martyrs.
Et il est naturel qu'elle soit la première : parce que, en étant la "Theotokos", elle est supérieure aux Apôtres et aux Martyrs en dignité et en puissance auprès de Dieu.
Son intervention n'est donc pas seulement unique (en son genre), mais elle est la plus valide.
« Il ne manque pas maintenant à Dieu une Déborah, il ne manque pas à Dieu une Yaëlle. Nous avons, nous aussi, la Vierge et Mère de Dieu Marie qui intercède pour nous. Si en effet une femme quelconque remporta la victoire, combien plus la mère du Christ humiliera les ennemis de la vérité ! Armé jusqu'aux dents, l'ennemi considéra la femme digne de dérision et il la trouva, au contraire, vaillante meneuse. Il ne pensa pas être près de la tombe et lui fut préparé le sépulcre; il la croyait morte et par elle il fut tué.
Nous avons notre Dame, Marie, Mère de Dieu !
Mais nous avons besoin aussi des Apôtres.
Nous disons à Paul, comme ils lui dirent jadis : "En passant en Macédoine, viens à notre secours".
Nous avons les Apôtres, ne nous laissons pas nous prendre de la torpeur.
Nous avons notre Dame, la mère de Dieu la toujours-vierge Marie : ne devenons pas paresseux !
Nous avons le chœur des martyrs, ne soyons pas indolents !
Supplions non seulement, mais - si c'est juste - jeûnons ! Il est meilleur cependant de faire le jeûne de l'amour que de la faim; il vaut mieux faire le jeûne de la charité que le jeûne de la nécessité. Le Sauveur dit ainsi des démons: cette race n'est chassée qu'avec la prière et le jeûne.
L'oraison et le jeûne chassent les démons, est-ce qu'ils ne chasseront pas les barbares ?
Mais je l'ai déjà dit, et je le répète encore: appelons en aide la , glorieuse, Vierge et Mère de Dieu, Marie ; appelons à l'aide les saints martyrs. Si quelqu'un, en se trouvant dans la nécessité, accoure auprès de quelque puissant, il ne l'abordera pas aisément. Celui-ci lui dira : avant le besoin, tu ne savais ni m'honorer ni me révérer, mais tu sais le faire seulement dans le besoin. Rendre honneur sans suspect est le faire sans qu'on ait de nécessité. Si avant le besoin tu révères le juge, dans le besoin tu le trouveras allié: il sait en effet que ce n'est pas le besoin mais l'amour qui te poussait. Devenons amis des martyrs non pas dans la nécessité mais dans la charité. »
Homélie sur le Législateur,
PG 56, 409-410
Conclusion
Voici donc une autre précieuse suggestion venant de la Tradition patristique: quand l'Église n'ose pas regarder Marie pour la louer et l'invoquer, elle est une pauvre Église qui a perdu la dimension de la communauté des saints et on ne s'aperçoit pas qu'on se sauve ou qu'on se perd en communauté. Si Marie tombe, l'Église, dans sa dimension la plus vraie et la plus profonde, tombe aussi.
A. Gila