Votre Père s'est complu à vous donner le Royaume

Marie loue le Père qui comble les affamés et renvoit les riches vides

« Mon âme exalte le Seigneur,

et mon esprit tressaille de joie en Dieu mon sauveur, [...]

Il a comblé de biens les affamés et renvoyé les riches les mains vides. »

(Luc 1, 46.47.53)

« Il a renvoyé les riches les mains vides. » (Luc 1, 53)

Selon la vision des prophètes, les riches sont ceux qui ont accumulé des richesses en exploitant les faibles, et en créant une masse d'affamés, de gens déshérités et sans droits.

Citons par exemple :

« Ils sont gras, ils sont reluisants, ils ont même passé la mesure du mal: ils ne respectent pas le droit, le droit des orphelins, pourtant ils réussissent! Ils n'ont pas rendu justice aux indigents, et je ne châtierais pas ces actions -- oracle du Seigneur -- ou d'une nation comme celle-là je ne tirerais pas vengeance ? »

(Jérémie 5, 28-29)

Marie proclame la révolution de Dieu. Ce renversement peut avoir lieu dans l'histoire, mais parfois après la mort, comme le montre, dans l'évangile de Luc, la parabole du riche et du pauvre :

« Mais Abraham dit: Mon enfant, souviens-toi que tu as reçu tes biens pendant ta vie, et Lazare pareillement ses maux; maintenant ici il est consolé, et toi, tu es tourmenté. »

(Lc 16, 25)

En quelque sorte, les premiers sont les derniers, c'est la "révolution de Dieu".

Or ceci ne s'explique que par la relation au Seigneur notre Dieu.

Dieu est un Père, et il donne la vie en surabondance :

« Sois sans crainte, petit troupeau, car votre Père s'est complu à vous donner le Royaume

(Luc 12, 32)

C'est pourquoi nous sommes invités à vivre dans la logique du don et du partage :

« Vendez vos biens, et donnez-les en aumône.»

(Luc 12, 33)

Donnons une "mesure pleine, tassée, débordante" (Lc 6, 38).

La parabole Lc 12, 15-22 montre un homme dans l'abondance qui a amassé des richesses et a se comporte comme un possédant, et il a agi pour lui, il pense à « ses » biens, à « ses greniers », à « sa vie ». Et Jésus dénonce sa sottise, sa folie : il a oublié de vivre la relation à Dieu, il a oublié qu'il est un administrateur qui reçoit et doit partager.

Dieu est un Père qui donne aux disciples la nourriture et le vêtement mieux qu'aux oiseaux et aux lys des champs.

Plus encore, il est le Seigneur qui se donne lui-même, paie de sa personne, se donne lui-même :

« Heureux ces serviteurs que le maître en arrivant trouvera en train de veiller! En vérité, je vous le dis, il se ceindra, les fera mettre à table et, passant de l'un à l'autre, il les servira. »

(Luc 12, 37)

C'est pourquoi le disciple doit faire de même. Le disciple sera toujours tenté de se rendre patron de son service et de se servir au lieu de servir les autres (Lc 12, 42-48).

Le Seigneur se donne lui-même, c'est pourquoi :

« Que vos reins soient ceints et vos lampes allumées » (Luc 12, 35),

comme pour la nuit de l'Exode (Ex 12, 11).

La Pâque de Jésus sera une surprise pour la maison d'Israël, et dans nos vies elle sera aussi inattendue.

Louons le Père source de vie surabondante, et entrons dans la logique du Fils !

Que la Vierge du Magnificat nous accompagne sur ce chemin de foi !


Cf. S.A. Panimolle, Una comunità legge il Vangelo di Luca, volume II, Edizioni Dehoniane, Bologna 1988, p. 127-134

F. Breynaert