Al Ghazâli (1058-1111) est un professeur de droit persan, d'origine arabe. Il est à la fois mystique et défenseur de l'orthodoxie sunnite.
Il veut renforcer l'enseignement religieux surtout chez les ignorants des campagnes.
Il veut aussi s'opposer aux libertins, aux philosophes, aux soufis, aux shi'ites selon lesquels les textes auraient un texte intérieur que seul saurait déchiffrer l'imâm caché et enfin à ceux qui disent « nous sommes arrivés au but. Le culte de Dieu et la renonciation au péché n'étaient nécessaires que pour l'atteindre ; maintenant nous sommes arrivés, de sorte que le péché et la négligence de la prière en nous nuisent plus. »[1]
Al Ghazâli rappelle qu'Allah seul est législateur, hâkim, capable de déterminer la valeur (huk) d'une action. Et il existe des pratiques, celle du pèlerinage par exemple, qui n'ont pas d'autre but que le « pur asservissement » de l'homme[2].
Les adeptes du « sens profond » (bâtin) des Ecritures mettaient l'accent sur la nécessité de l'intériorité. Pour Al Ghazâli aussi, ce qui fait la valeur d'une pratique est à chercher dans la profondeur. Mais c'est désormais celle de l'intention (niyya).
L'orientation vers Dieu doit dominer le cœur de celui qui en accomplit les commandements. Ainsi, l'expérience insuffle du divin dans la loi qui doit cependant toujours rester première. Lorsqu'un docteur de la loi interdit une pratique, l'homme pieux s'en abstiendra ; c'est seulement lorsqu'il la déclarera licite qu'il consultera son cœur pour savoir si une piété plus exigeante ne la lui interdirait pas[3].
[1] Al Ghazâli, Die Streitschrift des Gazâlî gegen die Ibâhîja im persischen Text, Munich 1933, p 26, 33
[2] Al Ghazâli, Ihyâ' 'ulûm id-Dîn V, 2 ; t I, p. 251 et 281
[3] Al Ghazâli, Ihyâ' 'ulûm id-Dîn XIV, 2, t II, p. 131
Résumé par F. Breynaert de Rémi Brague, la Loi de Dieu. Gallimard, Paris 2005, p. 306-314.
Rémi Brague est un philosophe ayant reçu le prix Ratzinger en 2012.