Le prénom « Jésus », en hébreu « Ieshoua », signifie « Il sauve » - à ne pas confondre avec Josué (Iehoshua) qui signifie « Dieu sauve ».
« Ieshoua » existait dans l'Ancien Testament (un père de famille lévite) mais ce prénom était compris dans le sens où « Il » est « Dieu ». Dès lors que les chrétiens comprennent que « Il » est « Ieshoua » lui-même, il n'est plus possible d'utiliser ce nom en dehors du christianisme.
Pour le courant messianiste post-chrétien, ce n'est que lors de sa seconde venue que le messie sauvera efficacement... Les écrits postchrétiens de Qumrân n'utilisent donc pas le nom « Jésus, Ieshoua », pas plus que le Talmud, qui dit « Ieshu »[1] (et non pas « Ieshoua »), et pas plus que le Coran, qui dit « Issa »[2]. Ce qui est changé en n'utilisant plus le nom de « Jésus », c'est qu'on ne dit plus qu'il sauve.
Il est intéressant d'observer que la première chose que fit Muhammad lors de son arrivée à Médine en 622 fut d'interdire le vin, lequel est réservé au Ciel où il coulera à flots (Coran 47, 15). Ceci doit être mis en parallèle avec le fait que les musulmans imaginent que Issa n'est pas réellement sur la croix, il a été enlevé aux cieux avant, un autre est mort à sa place. De la même manière, les croyaient en la résurrection de Jésus[3], mais ils ne mentionnent pas sa mort. Ni les uns ni les autres ne considèrent pas que le salut ait pu s'accomplir par la mort sur la croix. C'est pourquoi les ne communient pas au sang du Seigneur, le vin eucharistique : « Les célèbrent chaque année une sorte de mystères à l'imitation des chrétiens et de l'Eglise, dans laquelle ils recourent à des pains azymes et, pour l'autre partie du mystère, à de la simple eau. »[4] Les réservent donc le « vin nouveau » pour le jour où le messie, revenu inaugurer le Royaume de Dieu sur terre, le boira avec les fidèles. Un même raisonnement explique que l'islam interdise le vin, lequel est réservé au Ciel où il coulera à flots (Coran 47, 15).
et musulmans sont pourtant prêts à accepter la naissance merveilleuse de Jésus (Issa), conçu d'une vierge et de l'Esprit Saint (mais ce n'est pas l'Esprit Saint de la Trinité). Ils croient en la virginité de Marie et ne croient pas en la divinité du Christ. On lit chez Eusèbe de Césarée, au sujet des ébionites : « Il y en avait d'autres, qui portaient le même nom [ébionites] et qui [...] ne niaient pas que le Seigneur fût né d'une vierge et du Saint-Esprit; pourtant, semblablement à eux, ils ne confessaient pas qu'il fût préexistant. »[5] Et on lit dans le Coran ce dialogue entre Marie et l'ange Gabriel : « Elle dit : "Comment aurais-je un garçon ? Aucun mortel ne m'a jamais touchée et je ne suis pas une prostituée". Il dit : "C'est ainsi : Ton Seigneur a dit : "Cela m'est facile"... » (Coran 19)
Il est possible de croire au merveilleux d'une conception virginale, sans pour autant croire en la divinité de Jésus. Le signe annoncé par Isaïe au prophète Achaz - voici, la jeune fille, ou la vierge, est enceinte (Is 7, 14) - ne constitue pas une preuve de la divinité de celui qui va naître.
Ceci dit, un chrétien ne pourra plus séparer la foi en la virginité de la mère de Jésus et la foi en Jésus ressuscité des morts, parce que ces deux faits concernent le même mystère de la divinité du Christ.
La foi en la divinité de Jésus passe par l'acceptation de son royaume, un monde qui deviendra meilleur par la connaissance de l'Amour qui créée la bonté, qui rend pur, qui rend héroïque, un monde où l'on s'aime au Nom de Jésus par-dessus la haine, par- dessus le péché. La foi en la divinité de Jésus passe par l'acceptation de son amour qui sauve par le sang de sa croix.
Alors, le fait qu'il ait été conçu de la Vierge Marie et du Saint Esprit ne dit pas seulement un fait merveilleux qui pourrait être séparé de l'ensemble de la doctrine chrétienne, mais il s'intègre dans la révélation de la sainteté et de l'Amour de Dieu. Marie est vierge et habitée par l'Esprit Saint, l'Esprit d'amour et de bonté.
[1] Talmud de Babylone, Sanhédrin 43a ; Shabbat 104b.
[2] Edouard-Marie Gallez, Le messie et son prophète, Editions de Paris 2012, p. 171-177
[3] Eusèbe de Césarée, Histoire Ecclésiastique 27.
[4] Panarion 30, 16 - PG 41, 432
[5] Eusèbe de Césarée, Histoire Ecclésiastique 27.
Synthèse F. Breynaert