La réflexion d'un scientifique
Le préservatif n'est pas l'idéal dans la lutte contre le Sida.
« Benoît XVI a raison : le préservatif n'est pas l'idéal dans la lutte contre le Sida, parce que la prévention de la contagion concerne tous les aspects d'une personne et demande donc une réponse culturelle. »
C'est ce qu'a affirmé Edward Green, anthropologue et directeur de l'Aids Prevention Research Project de la Harvard School of Pubblic Health and Center for Population and Developement Studies, qui est intervenu le 25 août 2009 au Meeting de Rimini sur le thème « Le Sida, un problème culturel ».
Le cas des épidémies très étendues, comme en Afrique.
En effet, a expliqué Edward Green, « il n'y a aucune preuve que les préservatifs aient une quelconque efficacité dans la réduction à grande échelle du Hiv, en particulier en cas d'épidémies très étendues, comme en Afrique ».
« C'est un instrument qui peut peut-être fonctionner pour de simples individus mais pas nécessairement pour des populations et des pays », a-t-il précisé.
« Et pourquoi cela ne fonctionne-t-il pas en Afrique ? Avant tout
- parce qu'il n'est pas utilisé régulièrement,
- parce qu'il y a une faible demande,
- parce que cela réduit le plaisir,
- parce que cela indique un manque de confiance au sein du couple
- et surtout parce qu'il y a ce que l'on appelle la 'compensation du risque' », a-t-il expliqué. Ce dernier est le phénomène engendré par la fausse perception de protection liée au préservatif qui pousse les personnes à s'exposer à de plus grands risques et donc à augmenter les possibilités de contracter le virus.
« Tous ces principes sont immuables et généraux - a affirmé E. Green - et il ne suffit donc pas de dire 'il faut que tout le monde utilise toujours le préservatif' parce que cela ne se passe pas comme cela ».
Les lieux où le préservatif a d'abord été utilisé.
Edward Green explique : « les stratégies centrées sur les préservatifs ont initialement été développées aux Etats-Unis, en pensant aux groupes les plus vulnérables, à ceux les plus exposés aux infections, c'est-à-dire aux homosexuels masculins, aux héroïnomanes et aux prostituées. »
« En réalité, il n'y avait aucune preuve que ces mesures préventives réduisent la diffusion du Hiv en Afrique, parce qu'elles n'ont pas eu d'impact général sur l'épidémie », a-t-il affirmé en précisant que ces interventions se sont au contraire révélées fructueuses dans des pays comme la Thaïlande et le Cambodge, où le Hiv est surtout transmis par les prostituées.
Quand ensuite les Etats-Unis ont commencé à lancer des programmes au niveau international, les personnes qui se sont montrées les plus intéressées ont été les activistes gays et les experts en planification familiale. Le préservatif étant aussi une technologie à bas coût, a continué Green, « la prévention du Sida est devenue une sorte de business ».
L'Ouganda et l'approche ABC.
En Ouganda, au contraire, qui est fortement touché depuis 1986 par cette maladie, qui cause chaque année plus de 900.000 morts, « le Sida a été considéré comme un problème comportemental et pas seulement médical », a raconté Edward Green.
On a donc pointé sur l'approche « ABC » du Sida (Abstain, Be faithful, use Condoms, c'est-à-dire Abstinence, Fidélité, Préservatif) avec une campagne lancée en 1987 et destinée à sensibiliser les personnes sur l'importance de rester vierge jusqu'au mariage, d'éviter les relations sexuelles occasionnelles et de n'avoir qu'un seul partenaire.
Cette mobilisation dans un pays symbole - l'Afrique subsaharienne - a mené à une réduction des séropositifs passés de 21% à la fin des années 1980 à 6,4% en l'an 2000.
Quand tu découvres que la vie a de la valeur...
Au Meeting Point, les femmes de Rose - environ 2000 actuellement et presque toutes malades du Sida, avec autant d'enfants qui jouissent du soutien à distance de l'AVSI et d'autres projets - s'aident pour prendre les médicaments, et si l'une d'entre elles meurt, les enfants sont pris en charge dans une autre maison.
Ces femmes, a-t-elle continué, « sont malades et pourtant, à travers le virus, elles ont découvert qui elles sont vraiment, et quand tu découvres que la vie a de la valeur, tu la protèges ».
« La bataille -a-t-elle conclu - se joue pour la vraie valeur de la dignité humaine. Le problème est de trouver un sens à toute chose ».
Extraits de : Mirko Testa, « Edward Green : Le pape a raison, on ne combat pas le Sida avec le préservatif », publié le 4 septembre 2009.sur : https://www.evangelium-vitae.org/documents/3188/archives/respect-de-la-vie--bioethique/edward-green--le-pape-a-raison-on-ne-combat-pas-le-sida-avec-le-preservatif.htm,
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Le nouveau livre du pape, donne un exemple de réflexion morale.
Benoît XVI dit dans « Lumière du monde » [Bayard 2010], je le cite en français selon la version italienne, en s'arrêtant au cas d'une prostituée :
« Il peut y avoir des cas individuels, comme quand une prostituée utilise un préservatif, où cela peut être un premier pas vers une moralisation, un début de responsabilité permettant de prendre à nouveau conscience que tout n'est pas permis et que l'on ne peut pas faire tout ce que l'on veut.
Mais ce n'est pas la façon à proprement parler de venir à bout du mal de l'infection du VIH. Cela doit réellement se produire dans l'humanisation de la sexualité. Se polariser sur le préservatif signifie une banalisation du sexe et c'est exactement le danger que beaucoup de gens considèrent le sexe non plus comme une expression de leur amour, mais comme une sorte de drogue, qu'ils se fournissent eux-mêmes. »
Ce que dit Benoît XVI n'est pas nouveau sous sa plume [...]
Il s'agit toujours d'orienter ses actes vers une fin qui est le bien et non pas de se contenter de sa situation faute de pouvoir mieux faire. Les commentaires des propos du Pape en faussent actuellement le sens.
Tony Anatrella, agence Zenit, 22 novembre 2010.