« Aimer quelqu'un, c'est vouloir son bien et mettre tout en œuvre pour cela. À côté du bien individuel, il y a un bien lié à la vie en société: le bien commun.
C'est le bien du 'nous-tous', constitué d'individus, de familles et de groupes intermédiaires qui forment une communauté sociale[1]. Ce n'est pas un bien recherché pour lui-même, mais pour les personnes qui font partie de la communauté sociale et qui, en elle seule, peuvent arriver réellement et plus efficacement à leur bien. C'est une exigence de la justice et de la charité que de vouloir le bien commun et de le rechercher. [...]
C'est là la voie institutionnelle - politique peut-on dire aussi - de la charité, qui n'est pas moins qualifiée et déterminante que la charité qui est directement en rapport avec le prochain, hors des médiations institutionnelles de la cité. [...]
L'Église n'a pas de solutions techniques à offrir[2] et ne prétend aucunement s'immiscer dans la politique des États. Elle a toutefois une mission de vérité à remplir, en tout temps et en toutes circonstances, en faveur d'une société à la mesure de l'homme, de sa dignité et de sa vocation.
Sans vérité, on aboutit à une vision empirique et sceptique de la vie, incapable de s'élever au-dessus de l'agir, car inattentive à saisir les valeurs - et parfois pas même le sens des choses - qui permettraient de la juger et de l'orienter.
La fidélité à l'homme exige la fidélité à la vérité qui, seule, est la garantie de la liberté (cf. Jn 8, 32) et de la possibilité d'un développement humain intégral. »
[1] Vatican II, Constitution pastorale sur l'Église dans le monde de ce temps Gaudium et Spes, n. 26.
[2] Gaudium et Spes, n. 36
BENOIT XVI, Lettre encyclique Caritas in veritate,
Sur le développement humain intégral dans la charité et dans la vérité. 29 juin 2009, § 7-8