[Citant l'enseignement des papes, le père G. Jacquier explique d'une manière simple et complète ce que signifie l'ordre social chrétien, et le rôle de la Vierge Marie. Extraits :]
Le P. Jacquier déploie l'enseignement du pape de son temps, Pie XI :
« Jésus est certes le Roi de chaque âme en particulier, mais il est aussi le Roi des familles, le Roi des corps de métiers, le Roi des nations, le Roi de l'humanité entière. Ils sont bien rares ceux qui s'efforcent de lui donner la première place dans toute leur vie, et de se comporter ouvertement dans leurs relations sociales d'après les principes qu'il nous a laissé dans son Evangile et qu'il nous précise par son Eglise. »[1]
Dans la vie individuelle :
Le P. Jacquier cite l'enseignement de Pie XI : « Les catholiques doivent tout d'abord établir solidement en eux-mêmes le règne du Seigneur Jésus. » [2] Et, « comme nous parvenons par Marie à la connaissance de Jésus-Christ, par elle aussi, il nous est plus facile d'acquérir la vie dont il est le principe et la source. »[3]
Dans la vie familiale :
Le P. Jacquier cite l'enseignement de Pie XI : « Jésus-Christ règne dans la famille lorsque, ayant à la base le sacrement du mariage chrétien, elle conserve inviolablement son caractère d'institution sacrée, où l'autorité paternelle reflète la paternité divine qui en est la source et lui donne son nom, où les enfants imitent l'obéissance de Jésus adolescent, et dont toute la vie respire la sainteté de la famille de Nazareth »[4].
Ensuite, le P. Jacquier montre évoque le règne de Marie : « Pour soustraire nos foyers à l'influence diabolique et pour y établir solidement le règne de Jésus, il faut les consacrer à la très Vierge. Il ne suffit pas, en effet, que les chrétiens soient dévoués à Marie en leur particulier, ils doivent aussi mener leur vie familiale en dépendance de leur commune Mère. A cette fin, ils intronisent Marie en leur famille pour qu'elle y fasse triompher le Christ-Roi. »[5]
Le P. Jacquier donne alors une longue citation du pape Pie XI, Encyclique sur le très saint rosaire, 29 septembre 1937. Le pape y encourage les familles à prier le rosaire tous les soirs, et à se consacrer à Marie en tant que famille.
Dans la vie sociale, Marie reine des métiers :
Le P. Jacquier évoque d'abord le règne de Jésus dans la vie sociale en citant les papes : « C'est approuver l'erreur que ne pas y résister ; c'est étouffer la vérité que de ne pas la défendre... Quiconque cesse de s'opposer à un forfait manifeste peut être regardé comme un complice secret. »[6]
Puis il montre le rôle de Marie dans l'ordre social chrétien : « En groupant les différents membres des métiers autour de leur Mère commune, ils retrouveront l'esprit de famille qui doit les animer ; alors la charité chrétienne réchauffée auprès d'un cœur maternel les unira entre eux, alors aussi ils collaboreront avec ensemble et bonne volonté au bien commun. »
P. Jacquier cite alors longuement le pape Pie XI, qui dans son encyclique « Quadragesimo anno » parle des « groupements corporatifs ».
P. Jacquier affirme alors (et c'est le reflet de son expérience dans le cercle ouvrier dont il avait la charge) : « Redisons-le hardiment, c'est à la très Vierge qu'il appartient de soustraire ses enfants à l'influence diabolique et de leur rendre cet esprit de famille entre eux et à l'égard du Père céleste. Il faut donc commencer la réorganisation corporative autour de Marie, Reine des métiers »[7].
Dans la vie politique :
P. Jacquier continue de citer le pape de son temps, Pie XI :
« Ce n'est pas l'Eglise qui est descendue dans l'arène politique ; on l'y a entraînée et pour la mutiler et la dépouiller. Le devoir de tout catholique n'est-il donc pas d'user des armes politiques qu'il tient en main pour la défendre et aussi pour forcer la politique à rester dans son domaine et à ne s'occuper de l'Eglise que pour lui rendre ce qui lui est dû ? »[8]
Et :
« Jésus-Christ règne dans la société lorsque, rendant à Dieu un souverain hommage, elle reconnaît que c'est de lui que dérivent l'autorité et ses droits, ce qui donne au pouvoir ses règles, à l'obéissance son caractère impératif et sa grandeur ; quand cette société reconnaît à l'Eglise son privilège, qu'elle tient de son fondateur, de société parfaite, maîtresse et guide des autres sociétés ; non que l'Eglise amoindrisse l'autorité de ces sociétés - légitimes chacune dans sa sphère - mais elle les complète très heureusement comme le fait la grâce pour la nature »[9].
Le P. Jacquier place tout cela dans la perspective de la maternité spirituelle et de la royauté de Marie : « Pour assurer le règne de Jésus, c'est par Marie qu'il faut passer. Menons donc généreusement la bataille publique à tous propos, sur tous les terrains, pour affirmer et rétablir les droits de Marie, Reine de France et, par elle, les droits de Dieu ».[10]
[1] PIE XI, Ubi arcano Dei, 23 décembre 1922
[2] PIE XI, Ubi arcano Dei, 23 décembre 1922
[3] PIE XI, Divini redemptoris, 19 mars 1937
[4] PIE XI, Ubi arcano Dei, 23 décembre 1922
[5] Père Gabriel JACQUIER, L'ordre social chrétien, éditions du Lion, Lyon 1995 (première édition au « règne social de Marie, 29 rue de Lourmel, Paris, 1939), p. 23.
[6] Paroles du pape FELIX III, citées par Léon XIII, Encyclique aux archevêques et évêques d'Italie, 8 décembre 1892.
[7] G. JACQUIER , Ibid., p. 24-25
[8] Saint PIE X, Notre charge apostolique, 25 août 1910
[9] PIE XI, Urbi arcano Dei, 23 décembre 1922
[10] G. JACQUIER , Ibid., p. 29
Extraits par F. Breynaert de : Père Gabriel Jacquier, L'ordre social chrétien, éditions du Lion, Lyon 1995 (première édition au « règne social de Marie, 29 rue de Lourmel, Paris, 1939)