Le ‘Catholic Land Movement’

Le ‘Catholic Land Movement’

Vous étiez professeur et vous êtes devenu fermier. Est-ce pour vous une défense contre la crise économique ?

Kevin Ford : La crise économique n'a joué qu'un rôle minime dans ma décision de devenir fermier. C'est une bonne chose que d'avoir la sécurité d'un garde-manger plein de nourriture que l'on a soi-même cultivée, mais nos raisons ont été davantage fondées sur le fait que la vie à la campagne est idéale pour mener une vie familiale saine. [...]

Si nous observons la situation au Moyen Âge, et plus précisément juste avant la Révolution industrielle, nous constatons que les familles vivent ensemble et travaillent ensemble.

Et puis, l'industrialisation survenant, beaucoup d'hommes quittent la campagne pour aller chercher la richesse en ville. [...] Ils étaient misérablement payés dans les usines et obligés de payer des loyers au propriétaire. [...] Le père, en tant que chef spirituel et maître de la discipline, était au loin la plus grande partie de la journée. Les épouses éprouvaient le sentiment de n'avoir rien de « réel » à offrir, d'où finalement le mouvement féministe et le mouvement pour le travail des femmes.

Dans notre ferme, mon épouse joue un rôle primordial.

Nous sommes associés et il me serait à peu près impossible de faire ce que je fais sans elle.

Comment s'est passé votre retour à la campagne ? Devenir fermier a-t-il été facile ?

Kevin Ford : Je serai le premier à admettre que cette transition vers la terre et devenir fermier furent extrêmement difficile. L'aspect le plus difficile c'est d'apprendre toutes les compétences indispensables pour devenir fermier. J'ignorais beaucoup de choses et j'ai dû en apprendre un certain nombre soit de manière accidentelle, soit à la suite d'échecs. C'est une belle vie et j'invite beaucoup de gens à la vivre, mais c'est une vie difficile. Je n'ai jamais fait quelque chose d'aussi beau et d'aussi difficile que de retourner la terre.

[...]

Vous travaillez au renouvellement du Catholic Land Movement. Quels sont les buts de ce mouvement ?

Kevin Ford : Le but du Catholic Land Movement est la restauration de la culture chrétienne par le retour de la famille à la terre pour vivre, travailler et prier tous ensemble. Tout le monde n'a pas besoin de devenir fermier. On a besoin d'artisans et, dans un certain sens, on a besoin d'une vie villageoise catholique où le centre de la vie c'est la foi catholique et pas les soucis du monde. [...]

Comment voyez-vous l'avenir pour les agriculteurs chrétiens ?

Kevin Ford : Je pense que l'avenir est encourageant pour les agriculteurs chrétiens mais il nous faut un réseau plus solide de personnes et de fermes qui soient impliquées dans le Catholic Land Movement. Si nous pouvions créer des fermes pour former les gens au savoir-faire agricole et les initier à la culture catholique, alors nous serions sur la bonne voie pour ramener à la terre beaucoup plus de catholiques.

Propos recueillis par Philippe Maxence (Trad. Daniel Hamiche).

Extrait du bi-mensuel « L'Homme Nouveau », N° 1513 du 10 mars 2012.

Chapitre : Le travail et les biens extérieurs