L’édit de recensement (Maria Valtorta)

L’édit de recensement (Maria Valtorta)

Maria VALTORTA (1897- 1961) a donné à l'Eglise des cahiers publiés sous le titre "L'Evangile tel qu'il m'a été révélé". La publication en est autorisée à condition de préciser que c'est une œuvre littéraire de Maria Valtorta, et non un nouvel Evangile.(1)

Joseph s'assied près de la table. Il y appuie le coude, la tête sur une main pendant que préoccupé, il caresse, caresse sa barbe de l'autre main.

- "Tu as quelque préoccupation qui te fait souffrir ?" Demande Marie. "Puis-je te consoler ?"

- "Tu es toujours ma consolation, Marie. Mais cette fois, c'est un gros souci... Pour toi."

- "Pour moi, Joseph ? Qu'y a-t-il donc ?"

- "Ils ont affiché un édit sur la porte de la synagogue. C'est l'ordre de recensement de tous les Palestiniens. Il faut aller se faire inscrire au lieu d'origine. Pour nous, nous devons aller à Bethléem..."

- "Oh !" Interrompt Marie, en mettant la main sur son sein.

- "Cela t'impressionne, n'est-ce pas ? C'est dur, je le sais."

- "Non, Joseph, Ce n'est pas cela. Je pense... je pense aux Saintes Écritures : Rachel, mère de Benjamin et épouse de Jacob, dont naîtra l'Étoile : le Sauveur. Rachel enterrée à Bethléem dont il est dit : "Et toi, Bethléem Ephrata, tu es le plus petit canton de Juda, mais de toi sortira le Dominateur". Le Dominateur promis à la race de David, il naîtra là..."

[...]

- "Mais le voyage ? ... Qui sait quelle foule ! Trouverons-nous un bon logement ? Aurons-nous le temps de retourner ? Et si... si tu devais être Mère, là-bas, comment ferons-nous ? Nous n'avons pas de maison... Nous ne connaissons plus personne..."

- "Ne crains pas, tout ira bien :

Dieu fait trouver un refuge à l'animal qui doit avoir son petit. Voudrais-tu qu'Il ne le fasse pas trouver pour son Messie ?

Fions-nous à Lui. N'est-ce pas ? Fions-nous toujours à Lui. Plus l'épreuve est grande et plus il faut avoir confiance.

Comme deux enfants, mettons notre main dans sa main de Père. Lui nous guide. Soyons-Lui tout à fait abandonnés. Vois comme Il nous a conduits jusqu'ici avec amour. Un père, le meilleur des pères, n'aurait pu nous apporter tant d'attention. Soyons ses fils et ses serviteurs, accomplissons sa volonté, Rien de mal ne peut nous arriver.

Même cet édit, c'est sa volonté. Qui est-il donc César ? Un instrument entre les mains de Dieu. Depuis le moment où le Père décida de pardonner à l'homme, Il a fixé d'avance les évènements pour que son Christ naquît à Bethléem. Elle, la plus petite cité de Juda, n'existait pas encore et déjà sa gloire était annoncée. Il fallait que cette gloire se manifeste, la Parole de Dieu ne saurait mentir - et elle mentirait si le Messie naissait ailleurs - et voilà qu'un puissant se lève, si loin d'ici. Il nous a conquis et veut connaître le nombre de ses sujets, maintenant, et alors que le monde est en paix...

Oh ! qu'est-ce que notre petite fatigue, si nous pensons à la beauté de cet instant de paix, Joseph ? Penses-y: un temps où il n'y a pas de haine dans le monde ! Peut-il exister une heure plus heureuse pour le lever de "l'Étoile", dont la lumière est divine et l'influence est rédemption ?

Oh ! n'aie pas peur, Joseph. Si les routes ne sont pas sûres, si la foule rend difficile le voyage, les anges nous défendront et nous feront escorte. Pas à nous, mais à leur Roi. Si nous ne trouverons pas de refuge, ils nous abriteront sous leurs ailes. Rien de mal ne nous arrivera. Rien ne peut arriver: Dieu est avec nous.

Joseph la regarde et l'écoute, extasié. Les rides de son front s'effacent, le sourire revient. Il se dresse sans ennui et sans tristesse. Il sourit. "Tu es la bénie, Soleil de mon âme ! Toi, la bénie, tu sais tout voir dans la lumière de la Grâce dont tu es remplie ! Ne perdons pas de temps, alors. Il faut partir, au plus vite et... revenir au plus vite car tout, ici, est prêt pour le... pour le..."

- "Pour notre Fils, Joseph. Tel il doit paraître aux yeux du monde, rappelle-toi-le. Le Père a entouré de mystère sa venue et ce n'est pas à nous d'en enlever le voile. Lui, Jésus, le fera, quand ce sera l'heure..."

La beauté du visage, du regard, de la physionomie, de la voix de Marie quand elle dit : "Jésus" ne peut pas se décrire. C'est déjà l'extase. Et sur cette extase la vision s'évanouit.

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Marie dit :

"Je n'ajoute pas beaucoup, car mes paroles sont déjà un enseignement.

J'attire pourtant l'attention des épouses sur un point. Trop d'unions se défont par la faute des femmes qui n'ont pas cet amour qui est tout : gentillesse, pitié, attention affectueuse, réconfort pour le mari. Sur l'homme ne pèse pas la souffrance physique qui pèse lourdement sur la femme.

Mais sur lui pèsent toutes les préoccupations morales : nécessité du travail, décisions à prendre, responsabilité devant les pouvoirs constitués et devant sa propre famille... Oh ! Que de choses ne pèsent-elles pas sur l'homme ! Et combien il a besoin lui aussi de réconfort !

Et bien, l'égoïsme est tel qu'au mari fatigué, découragé, méconnu, préoccupé, la femme ajoute le poids de ses plaintes inutiles et parfois injustes. Tout cela parce qu'elle est égoïste. Elle n'aime pas.

Aimer ce n'est pas chercher sa propre satisfaction sensible ou intéressée. Aimer c'est satisfaire celui qu'on aime en dépassant la sensibilité et l'intérêt, c'est donner à son esprit l'aide dont il a besoin pour pouvoir tenir ses ailes ouvertes dans les cieux de l'espérance et de la paix.


(1) « Valtorta », dans : René LAURENTIN et Patrick SBALCHIERO, Dictionnaire encyclopédique des apparitions de la Vierge. Inventaire des origines à nos jours. Méthodologie, prosopopée, approche interdisciplinaire, Fayard, Paris 2007.


Extraits de Maria Valtorta,

"L'Evangile tel qu'il m'a été révélé",

Tome I, Chapitre 44-45, p. 160-163

Chapitre : Doctrine sociale de l'Eglise, la famille