« Et l'ange lui dit: "Sois sans crainte, Marie; car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu concevras dans ton sein et enfanteras un fils, et tu l'appelleras du nom de Jésus. Il sera grand, et sera appelé Fils du Très-Haut. Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père; il régnera sur la maison de Jacob pour les siècles et son règne n'aura pas de fin." Mais Marie dit à l'ange: "Comment cela sera-t-il, puisque je ne connais pas d'homme?" L'ange lui répondit : "L'Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre; c'est pourquoi l'être saint qui naîtra sera appelé Fils de Dieu."» (Luc 1, 30-35)
Par la parole exprimant l'ombre qui descend avec l'Esprit Saint, est reprise la théologie qui se rapporte à Sion, contenue dans la salutation. Encore une fois, Marie apparaît comme la tente vivante de Dieu, dans laquelle, de façon nouvelle, il veut demeurer au milieu des hommes.
En même temps, dans l'ensemble de ces paroles de l'annonce, une allusion au mystère du Dieu trinitaire est perceptible. Dieu le Père, qui avait promis stabilité au trône de David, agit, et maintenant il institue l'héritier dont le règne n'aura pas de fin, l'héritier définitif de David prédit par le prophète Natân par les paroles : « Je serai pour lui un père et il sera pour moi un fils » (2 S 7, 14). [...]
Le mystère trinitaire n'a pas encore été un objet de réflexion, il ne s'est pas encore développé jusqu'à la doctrine définitive. Il apparaît de lui-même, grâce à la façon d'agir de Dieu préfigurée dans l'Ancien Testament ; il apparaît dans l'événement, sans devenir doctrine.
De même, le concept de l'être Fils, propre à l'Enfant, n'est pas approfondi et développé dans sa dimension métaphysique.
De cette façon, tout demeure dans le cadre de la conception religieuse juive. Toutefois, les paroles anciennes elles-mêmes, à cause de l'événement nouveau qu'elles expriment et interprètent, sont de nouveau en marche et vont au-delà d'elles-mêmes.
J. Ratzinger, Benoît XVI, L'enfance de Jésus, Flammarion, Paris 2012, p. 50-51