Maria VALTORTA (1897-1961) a donné à l'Eglise des cahiers publiés sous le titre "L'Evangile tel qu'il m'a été révélé" (initialement Poème de l'Homme-Dieu). La publication en est autorisée à condition de préciser que c'est une œuvre littéraire de Maria Valtorta, et non un nouvel Evangile.(1)
Dans le récit de Maria Valtorta, Judas justifie son comportement en niant l'enfer, Satan et la liberté de faire le bien et le mal. [En fait, son discours repose sur une opinion juive sur Siracide 15, 14 ; mais les disciples de Jésus suivent l'Ancien Testament sur la liberté (Si 15, 11), le jugement dernier (Dn 12,2) ; Satan (Za 3, 1 ; Job 1, 7 etc.)]
« Je dis ce que je pense. On m'a reproché; tout à l'heure, d'être un menteur. Je vous montre que je suis sincère, même si vous en êtes scandalisés et si cela me rend odieux à vos yeux.
Du reste je ne suis pas le seul en Israël, depuis que Israël a fait des progrès dans le domaine de la science par ses relations avec les hellénistes et les romains, qui sont de cet avis. Et le Maître, le seul dont je respecte le jugement, ne peut le reprocher ni à moi ni à Israël, Lui qui protège les grecs et les romains et en est ouvertement l'ami...
Moi, je pars de ce concept philosophique : si tout est contrôlé par Dieu, tout ce qui est fait par nous est le fait de sa volonté, et par conséquent Il doit nous récompenser tous de la même façon puisque nous ne sommes que des automates mus par Lui. Nous sommes des êtres privés de volonté. Le Maître le dit aussi : "La Volonté du Très-Haut. La Volonté du Père". Voilà l'unique Volonté. Et elle est tellement infinie qu'elle écrase et anéantit la volonté limitée des créatures.
Par conséquent aussi bien le Bien que le Mal, qu'il semble que nous faisons, c'est Dieu qui le fait, car c'est Lui qui l'impose. Par conséquent, Il ne nous punira pas du mal et ainsi Il exercera sa justice parce que nos fautes ne sont pas volontaires mais imposées par Celui qui veut que nous les fassions Pour qu'il y ait le Bien et le Mal sur la terre. Celui qui est méchant sert pour l'expiation de ceux qui le sont moins. Et il souffre par lui-même de ne pouvoir être considéré comme bon et c'est ainsi qu'il expie sa part de faute. Jésus l'a dit. L'enfer est sur la terre et dans le cœur des hommes.
Satan, moi je ne le sens pas. Il n'existe pas. J'y croyais autrefois, mais depuis quelque temps, je suis sûr que tout cela c'est de la blague. Quand on en est persuadé, on arrive à la paix. »
Judas débite ces... théories avec un tel aplomb qu'il en coupe le souffle aux autres...
Jésus se tait, et Judas le taquine : « N'ai-je pas raison, Maître ? »
« Non. » Et son "non" est tellement sec qu'il semble une explosion.
« Et pourtant moi... Satan, je ne le sens pas et je n'admets pas le libre arbitre, le Mal. Et tous les sadducéens sont avec moi, et avec moi il y en a beaucoup d'autres, d'Israël ou non. Non. Satan n'existe pas. »
Jésus le regarde, d'un regard qui est si complexe que l'on ne peut l'analyser. C'est le regard d'un Juge, d'un Médecin, de quelqu'un qui souffre, qui est stupéfait... c'est tout à la fois...
Judas, désormais lancé, dit pour terminer : « C'est sans doute que je suis meilleur que les autres, plus parfait, que j'ai surmonté la terreur des hommes pour Satan. »
Et Jésus se tait. Et lui l'excite : « Mais parle ! Pourquoi n'en ai-je pas la terreur ? »
Jésus se tait.
« Tu ne réponds pas, Maître ? Pourquoi ? As-tu peur ? »
« Non. Je suis la Charité. Et la Charité retient son jugement jusqu'à ce qu'elle soit obligée de le donner... Laisse-moi, et retire-toi » dit-il enfin parce que Judas essaye de l'embrasser, et il termine en un souffle, serré de force dans les bras du blasphémateur: « Tu m'inspires du dégoût ! Satan, tu ne le vois ni ne le sens car il n'est qu'un avec toi. Va-t-en démon ! »
(1) « Valtorta », dans : René LAURENTIN et Patrick SBALCHIERO, Dictionnaire encyclopédique des apparitions de la Vierge. Inventaire des origines à nos jours. Méthodologie, prosopopée, approche interdisciplinaire, Fayard, Paris 2007.
Maria Valtorta, L'évangile tel qu'il m'a été révélé, Tome 5, chapitre 46, p. 307-308
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