Présentation de Jésus au temple, selon Maria Valtorta

Présentation de Jésus au temple, selon Maria Valtorta

Maria VALTORTA (1897- 1961) a été membre du tiers ordre des Servites de Marie. Le Saint-Office mit à l'Index ses livres le 16 décembre 1959, acte confirmé par Jean XXIII, à cause du sous-titre qui mettait le livre sur le même pied que l'Ecriture : L'Evangile tel qu'il m'a été révélé. Ce fut le tout dernier livre interdit par l'Index librorum prohibitorum, que Paul VI abolit à la fin du concile de Vatican II. La Conférence épiscopale italienne puis la congrégation pour la doctrine de la foi ont laissé reprendre la publication, à condition de préciser que c'est une œuvre littéraire de Maria Valtorta, et non un nouvel Evangile. (1)

Je vois partir d'une petite maison très modeste un couple de personnes.

D'un petit escalier extérieur descend une très jeune mère avec, entre ses bras, un bébé dans un lange blanc. Je reconnais, c'est notre Maman. C'est toujours elle, pâle et blonde, agile et si gentille en toutes ses démarches. Elle est vêtue de blanc, avec un manteau d'azur pâle qui l'enveloppe et un voile blanc. Elle porte son Bébé avec tant de précautions.

Au pied du petit escalier, Joseph l'attend auprès d'un âne gris. Il est habillé de marron clair. Il regarde Marie et lui sourit.

Quand Marie arrive près de l'âne, Joseph se passe la bride sur le bras gauche, et prend pour un moment le Bébé qui dort tranquille pour permettre à Marie de mieux s'installer sur la selle. Puis, il lui rend Jésus et ils se mettent en marche.

Joseph marche à côté de Marie en tenant toujours la monture par la bride et en veillant qu'elle marche droit et sans trébucher. Marie tient Jésus sur son sein et, par crainte que le froid ne puisse Lui nuire, elle étend sur Lui un pli de son manteau.

Ils parlent très peu, les deux époux, mais ils se sourient souvent. La route se déroule à travers une campagne que la saison a dépouillée. Puis voici des maisons qui se découvrent et des murs qui enserrent une ville.

Les deux époux entrent par une porte, puis commence le parcours sur le pavé très disjoint de la ville. La marche devient beaucoup plus difficile, soit à cause du trafic qui fait arrêter l'âne à tout moment, soit parce que les pierres et les crevasses les interrompent.

La route n'est pas plane ; elle monte bien que légèrement. Elle est étroite entre les hautes maisons aux entrées aussi étroites et basses et aux rares fenêtres sur la rue.

En haut, le ciel se montre avec tant de morceaux d'azur de maison à maison ou de terrasse à terrasse. En bas sur la rue, il y a des gens qui crient et croisent, d'autres personnes à pied ou sur un âne, ou conduisant des ânes chargés et d'autres en arrière d'une encombrante caravane de chameaux.

Accompagnés par le prêtre, Marie et Joseph entrent au temple

A un certain endroit passe avec beaucoup de bruits de sabots et d'armes une patrouille de légionnaires romains qui disparaissent derrière une arcade qui enjambe une rue très étroite et pierreuse. Joseph tourne à gauche et prend une rue plus large et plus belle. J'aperçois l'enceinte crénelée tout au fond de la rue.

Marie descend de l'âne près de la porte où se trouve une sorte d'abri pour les ânes. Joseph donne quelque argent à un garçon qui est accouru, pour acheter un peu de foin et il tire un seau d'eau d'un puits rudimentaire situé dans un coin, pour la donner à l'âne. Puis, il rejoint Marie et ils entrent tous deux dans l'enceinte du Temple.

Ils se dirigent d'abord vers un portique où se trouvent ces gens que Jésus fustigea plus tard vigoureusement : les marchands de tourterelles et d'agneaux et les changeurs. Joseph achète deux blanches colombes. Il ne change pas d'argent. On se rend compte qu'il a déjà ce qu'il faut.

Joseph et Marie se dirigent vers une porte latérale où on accède par huit marches. Cette porte a un grand hall comme assez vaste et décoré. Là il y a à droite et à gauche deux sortes d'autels. On dirait des bassins peu profonds car l'intérieur est plus bas que le bord extérieur. Je ne sais si c'est Joseph qui a appelé : voilà qu'accourt un prêtre.

Marie offre les deux pauvres colombes et moi qui comprends leur sort, je détourne mon regard. J'observe les ornements du très lourd portail, du plafond, du hall. Il me semble pourtant voir, du coin de l'œil, que le prêtre asperge Marie avec de l'eau.

Puis, Marie, qui, en même temps que les colombes avait donné au prêtre une petite poignée de monnaie, entre avec Joseph dans le Temple proprement dit, accompagnée par le prêtre. C'est un endroit très orné. Sculptures à têtes d'anges avec rameaux et ornements courent le long des colonnes, sur les murs et le plafond. Le jour pénètre par de longues et drôles fenêtres, étroites.

Marie s'introduit jusqu'à un certain endroit, puis s'arrête. À quelques mètres d'elle il y a d'autres marches et au-dessus une autre espèce d'autel au-delà duquel il y a une autre construction. Je m'aperçois que je croyais être dans le Temple et au contraire j'étais au-dedans des bâtiments qui entourent le Temple proprement dit, c'est-à-dire le Saint, et au-delà duquel il semble que personne, en dehors des prêtres, ne puisse entrer.

Ce que je croyais être le Temple n'est donc qu'un vestibule fermé qui, de trois côtés, entoure le Temple où est renfermé le Tabernacle. Je ne sais si je me suis très bien expliquée, mais je ne suis pas architecte ou ingénieur.


Marie offre le Bébé, qui s'est éveillé et tourne ses petits yeux innocents tout autour, vers le prêtre, avec le regard étonné des enfants de quelques jours. Ce dernier le prend sur ses bras et le soulève à bras tendus, le visage vers le Temple en se tenant contre une sorte d'autel qui est au-dessus des marches.

La cérémonie est achevée. Le Bébé est rendu à sa Mère et le prêtre s'en va.

Il y a des gens, des curieux qui regardent. Parmi eux se dégage un petit vieux, courbé qui marche péniblement en s'appuyant sur une canne. Il doit être très vieux, je dirais plus qu'octogénaire. Il s'approche de Marie et lui demande de lui donner pour un instant le Bébé. Marie le satisfait en souriant.

C'est Siméon, j'avais toujours cru qu'il appartenait à la caste sacerdotale et au contraire, c'est un simple fidèle, à en juger du moins par son vêtement. Il prend l'Enfant, le baise. Jésus lui sourit avec la physionomie incertaine des nourrissons.

Il semble qu'il l'observe curieusement, parce que le petit vieux pleure et rit à la fois et les larmes font sur sa figure des dessins emperlés en s'insinuant entre les rides et retombant sur la barbe longue et blanche vers laquelle Jésus tend les mains. C'est Jésus, mais c'est toujours un petit bébé et, ce qui remue devant lui, attire son attention et lui donne des velléités de se saisir de la chose pour mieux voir ce que c'est.

Marie et Joseph sourient, et aussi les personnes présentes qui louent la beauté du Bébé. J'entends les paroles du saint vieillard et je vois le regard étonné de Joseph, l'émotion de Marie, les réactions du petit groupe des personnes présentes, les unes étonnées et émues aux paroles du vieillard, les autres prises d'un fou rire.

Parmi ces derniers se trouvent des hommes barbus et de hautains membres du Sanhédrin qui hochent la tête. Ils regardent Siméon avec une ironique pitié ; ils doivent penser que son grand âge lui a fait perdre la tête.

Le sourire de Marie s'éteint en une plus vive pâleur, lorsque Siméon lui annonce la douleur. Bien qu'elle sache, cette parole lui transperce l'âme.

" Femme, Celui qui a donné le Sauveur à son peuple ne manquera pas de te donner son ange pour soulager tes pleurs. L'aide du Seigneur n'a pas manqué aux grandes femmes d'Israël et tu es bien plus que Judith et que Yaël. Notre Dieu te donnera un cœur d'or très pur pour résister à la mer de douleur par quoi tu seras la plus grande Femme de la création, la Mère.

Et toi, Petit, souviens-toi de moi à l'heure de ta mission "


(1) « Valtorta », dans : René Laurentin et Patrick Sbalchiero, Dictionnaire encyclopédique des apparitions de la Vierge. Inventaire des origines à nos jours. Méthodologie, prosopopée, approche interdisciplinaire, Fayard, Paris 2007.