Maria VALTORTA (1897- 1961) a donné à l'Eglise des cahiers publiés sous le titre "L'Evangile tel qu'il m'a été révélé". La publication en est autorisée à condition de préciser que c'est une œuvre littéraire de Maria Valtorta, et non un nouvel Evangile. (1)
Marie descend de sa monture et s'approche d'une grille. Elle regarde à travers les barreaux et ne voit personne. Alors elle cherche à manifester sa présence. Une petite femme qui, plus curieuse que les autres l'a suivie, lui indique un bizarre agencement qui sert de clochette. Ce sont deux morceaux de métal fixés sur un axe.
Marie tire la corde, mais si gentiment que l'appareil tinte légèrement et personne ne l'entend. Alors, la femme, une petite vieille, tout nez et menton et entre les deux une langue qui en vaut dix, s'accroche à la corde et tire, tire, tire. Un vacarme à réveiller un mort :
«C'est cela qu'il faut faire. Autrement comment pouvez-vous vous faire entendre ? Sachez qu'Elisabeth est vieille, et aussi Zacharie. Et à présent il est muet et sourd par-dessus le marché. Les domestiques sont aussi vieux, le savez-vous ? N'êtes-vous jamais venue ? Connaissez-vous Zacharie ? Vous êtes... »
Pour délivrer Marie de ce déluge de renseignements et de questions, survient un petit vieux qui boîte. Ce doit être un jardinier ou un agriculteur, car il a en mains un sarcloir et, attachée à la ceinture, une serpette. Il ouvre et Marie entre en remerciant la petite vieille mais... hélas ! sans lui répondre. Quelle déception pour la curieuse !
A peine à l'intérieur, Marie dit :
" Je suis la servante de Joachim et d'Anne, de Nazareth. Cousine de vos maîtres. »
Le petit vieux s'incline et salue et se met à crier :
« Sara ! Sara ! Ma femme est un peu sourde, mais viens, viens que je te conduise. »
Marie est reçue par Elisabeth
Au lieu de Sara, voilà, en haut d'un escalier au flanc d'un côté de la maison, une femme d'âge plutôt avancé, déjà toute ridée avec des cheveux très grisonnants.
Sa grossesse est déjà très apparente, malgré l'ampleur de ses vêtements. Elle regarde en faisant signe de la main. Elle a reconnu Marie. Elle lève les bras au ciel avec un : « Oh ! » étonné et joyeux et se hâte, autant qu'il lui est possible, à la rencontre de Marie.
Marie se met à courir, agile comme un faon et elle arrive au pied de l'escalier en même temps qu'Elisabeth. Marie reçoit sur son cœur avec une vive allégresse sa cousine qui pleure de joie en la voyant, puis Elisabeth se détache de l'étreinte avec un : « Ah ! » où se mêlent la douleur et la joie et porte la main sur son ventre grossi.
Elle penche son visage, pâlissant et rougissant alternativement. Marie et le serviteur tendent les mains pour la soutenir parce qu'elle vacille comme si elle se sentait mal.
Mais Elisabeth, après être restée une minute comme recueillie en elle-même, lève un visage tellement radieux qu'il semble rajeuni. Elle regarde Marie avec vénération en souriant comme si elle voyait un ange et puis elle s'incline en un profond salut en disant:
« Bénie es-tu parmi toutes les femmes ! Béni le Fruit de ton sein ! . Comment ai-je mérité que vienne à moi, ta servante, la Mère de mon Seigneur ?
Voilà qu'au son de ta voix l'enfant a bondi de joie dans mon sein, et lorsque je t'ai embrassée, l'Esprit du Seigneur m'a dit les très hautes vérités dans les profondeurs de mon cœur.
Même ce qui ne semble pas possible à l'esprit humain ! Bénie es-tu parce que, grâce à ta foi, tu feras accomplir les choses qui t'ont été prédites par le Seigneur et les prophéties des Prophètes pour ce temps-ci !
Bénie es-tu pour le Salut que tu as engendré pour la descendance de Jacob !
Bénie est-tu pour avoir apporté la Sainteté à mon fils qui, je le sens, bondit comme une jeune chevrette pour la joie qu'il éprouve, en mon sein ! C'est qu'il se sent délivré du poids de la faute, appelé à être le Précurseur, sanctifié avant la Rédemption par le Saint qui croît en toi ! »
Marie, avec deux larmes, qui comme des perles descendent de ses yeux qui rient vers sa bouche qui sourit, le visage levé vers le ciel et les bras levés aussi, dans la pose que plus tard, tant de fois aura son Jésus, s'écrie :
« Mon âme magnifie son Seigneur »
et elle continue le cantique comme il nous a été transmis. A la fin, au verset:
« Il a secouru Israël son serviteur... »
elle croise les mains sur sa poitrine, s'agenouille, prosternée jusqu'à terre en adorant Dieu.
Puis Zacharie arrive et interroge
Le serviteur s'était respectueusement éclipsé quand il avait vu qu'Elisabeth ne se sentait plus mal et qu'elle confiait ses pensées à Marie. Il revient du verger avec un vieillard imposant aux cheveux blancs et à la barbe blanche, qui de loin, avec de grands gestes et des sons gutturaux, salue Marie.
« Zacharie arrive »
dit Elisabeth en touchant à l'épaule la Vierge absorbée dans sa prière :
« Mon Zacharie est muet. Dieu l'a puni de n'avoir pas cru. Je t'en parlerai plus tard, mais maintenant, j'espère le pardon de Dieu puisque tu es venue, toi la Pleine de Grâce. "
Marie se lève et va à la rencontre de Zacharie et s'incline devant lui jusqu'à terre. Elle baise le bord du vêtement blanc qui le couvre jusqu'à terre.
Zacharie par gestes souhaite la bienvenue, et ensemble ils rejoignent Elisabeth. Ils entrent tous dans une vaste pièce très bien disposée. Ils y font asseoir Marie et lui font servir une tasse de lait avec des petites galettes.
Elisabeth donne des ordres à la servante, finalement apparue avec les mains enfarinées et des cheveux encore plus blancs qu'ils ne le sont en réalité à cause de la farine dont ils sont saupoudrés.
Peut-être était-elle en train de faire le pain. Elle donne aussi à un serviteur, que j'entends appeler Samuel, l'ordre de porter le coffre de Marie dans une chambre qu'elle lui indique, et se comporte envers Marie selon tous les devoirs d'une maîtresse de maison à l'égard de son hôte.
Marie répond entre temps aux questions que lui fait Zacharie en écrivant avec un stylet sur une tablette enduite de cire.
Je comprends, par les réponses, qu'il lui parle de Joseph, et qu'il lui demande comment elle se trouve épousée. Mais je comprends aussi que Zacharie n'a eu aucune lumière surnaturelle sur l'état de Marie et sa condition de Mère du Messie.
C'est Elisabeth qui, approchant de son mari et lui mettant affectueusement une main sur l'épaule comme pour une chaste caresse, lui dit :
"Marie est mère, elle aussi. Réjouis-toi de son bonheur."
Mais elle n'ajoute rien. Elle regarde Marie et Marie la regarde mais ne l'invite pas à en dire plus, et elle se tait."
« Valtorta », dans : René LAURENTIN et Patrick SBALCHIERO, Dictionnaire encyclopédique des apparitions de la Vierge. Inventaire des origines à nos jours. Méthodologie, prosopopée, approche interdisciplinaire, Fayard, Paris 2007.