Un thème pictural qui évoque la divinité du Christ.
La transfiguration se prête facilement à la représentation artistique de la divinité du Seigneur Jésus : comme au baptême, Dieu le Père fait entendre sa voix « celui-ci est mon fils » (Lc 9, 35) et, d'autre part, Jésus s'est montré aux apôtres dans la splendeur de sa divinité : « L'aspect de son visage devint autre, et son vêtement, d'une blancheur fulgurante. » (Luc 9, 29)
Exemple : l'abside de S. Apollinaire in Classe, Ravenne, première moitié du VI° siècle.
L'artiste a voulu représenter saint Apollinaire au paradis, dans la contemplation de Dieu. Et il a eu le génie de lui faire contempler la transfiguration.
Au milieu d'un ciel d'or parcouru par des nuages d'où sort la main de Dieu, s'inscrit un grand disque bleu semé d'étoiles qui entourent une grande croix centrale constellée de pierres précieuses avec en médaillon, au centre, la tête du Christ.
Dans les nuages, de chaque côté de la croix, les figures d'Élie et de Moïse. Leur présence témoigne de la signification de la scène : "la transfiguration du Christ sur le mont Thabor" à laquelle assistèrent aussi les apôtres Pierre, Jean et Jacques qui sont symbolisés par les trois agneaux, en dessous, qui regardent la croix.
Saint Apollinaire est au paradis, représenté par un près fleuri, et il est à côté des trois apôtres symbolisés par les trois brebis auprès de la croix couverte de pierres précieuses avec au centre, en médaillon, le Christ.
En effet, Jésus parlait avec Moïse et Elie de son Exode à Jérusalem (Lc 9, 31), c'est à dire de sa passion et de sa résurrection. L'image de la croix matérialise la présence directe du Christ car dans l'art de l'Eglise ancienne, le signe s'identifie à celui qu'il représente.
La croix est fulgurante, les brebis blanches et le fond verdoyant du près fleuri donnent à celui une regarde une joie pure.
Toute la scène est représentée dans le registre haut de l'abside. Par cette position, elle désigne la divinité du Christ.
N.B. Saint Apollinaire a vécu à la fin du II° siècle ou au début du III° siècle, il fut protoévêque de Ravennes (c'est-à-dire évêque à une époque où le titre n'existait pas).
Il est représenté à la fois en bon pasteur des brebis et en prêtre à l'Eucharistie. Et, de fait, chaque Eucharistie rend présente la croix, la transfiguration et la résurrection, jusqu'au retour glorieux de Jésus**.
Autres exemples* :
- Monastère Catherine du mont Sinaï, VI° siècle. Le schéma iconographique byzantin n'était pas encore fixé.
- Les icônes byzantines de la Transfiguration (par respect pour ce thème, l'iconographe attend sa maturité spirituelle pour la peindre), avec la montagne, le Christ en habits d'une blancheur éclatante, Moïse et Elie. Les trois apôtres à la renverse.Et du ciel, le rayon divin désignant le Christ comme "le Fils bien-aimé".
- Duccio, La transfiguration.
- Lotto, La transfiguration.
- Etc.
*Cf. Giuseppe Maria Toscano, La vita e la missione della Madonna nell'arte, I mille volti di Cristo nell'arte, Carlo Pellerzi editore, 1991, p. 118-119.
** E. Russo, "Ravenna", Iconografia e arte cristiana, diretto da Liana Castelfranchi, Maria Antonietta Crippa. Edizioni San Paolo, Milano 2004.
F. Breynaert