L'épisode du mariage de la Vierge est raconté dans un apocryphe appelé « le livre de Jean », puis dans la « légende dorée » au XIII° siècle. Le récit se résume ainsi :
Quand la vierge eut 14 ans, le grand prêtre décida de donner Marie en mariage. Au son d'une trompète tous les descendants de David furent convoqués, célibataires et veufs.
Chacun dépose une baguette sur l'autel. Chacun s'agenouille et attend le signe divin qui désignera l'élu. La baguette de Joseph fleurit, la colombe de l'Esprit Saint indique qu'il est l'élu.
Les autres prétendants réagissent chacun à sa façon. L'un brise sa baguette, un autre lève le poing pour affronter le rival qui apparaît plus confus que triomphant : il est trop vieux et a déjà des enfants, mais ne peut pas refuser.
[N.B. La présentation d'un Joseph âgé n'est pas reprise par le magistère.]
La scène est toujours représentée dans un espace ouvert, devant le temple de Jérusalem où, selon l'apocryphe, Marie a été élevée.
La composition forme toujours une sorte de pyramidale avec le couple Joseph et Marie, et, plus haut, le grand prêtre.
Dans l'art français, les deux fiancés se donnent la main et le grand prêtre les bénit. Ce schéma a prévalu jusqu'au XIX° siècle avec Jean Jacques Pradier (Eglise de la Madeleine, Paris).
Certains auteurs, bien que l'apocryphe n'en parlent pas, invitent Anne et Joachim (par exemple : Architrave du portail de Anne, dans la cathédrale Notre Dame de Paris).
Ce thème est souvent représenté à Pérouse (Italie) parce qu'on conserve la relique de l'anneau nuptial dans la cathédrale.
Raphaël a repris avec plus de génie la composition de son maître, Pérugin. Joseph et Marie, au centre du tableau, unissent leurs mains, soutenus et guidés par le grand prêtre. Joseph passe l'anneau au doigt de Marie. Les lignes de la perspective s'enfuient vers le lointain, vers le temple dessiné dans un style renaissance, et vers cette porte grande ouverte qui donne à la composition une dimension d'infini.
La contre-réforme a réfuté le récit apocryphe, mais les peintres n'ont pas éliminé le thème du mariage de la Vierge, simplement, les artistes représentent moins l'assistance, ou ne représentent plus le bâton fleuri de Joseph. Exemple : Jakob Van Oost le jeune (1637-1713), toile pour l'église de saint Maurice à Lille, France.
dans l'art roman:
dans la peinture italienne gothique, avec Giotto
dans la peinture de la Renaissance italienne, avec Le Pérugin
Source : Iconografia e arte cristiana, diretto da Liana Castelfranchi, Maria Antonietta Crippa. Edizioni San Paolo, Milano 2004, 1310-1311 et Marie-Gabrielle Blanc.
Synthèse par F. Breynaert.