Les représentations de l’Immaculée Conception ont évolué au fil du temps, suivant l’évolution du dogme, qui n’a été proclamé qu’en 1854 par Pie IX. Cette évolution est également liée aux apparitions mariales.
Pour évoquer la conception de la Toute Immaculée, les Églises d'Orient ont des icônes de la rencontre d'Anne et Joachim, ou de la Nativité de Marie.
En Occident, l'approbation, en l'an 1476, par le pape Sixte IV de l'office liturgique de l'Immaculée conception a donné sur ce thème une impulsion aux artistes.
L'Immaculée conception est d'abord représentée par la rencontre d'Anne et Joachim. L'immaculée conception est le fruit du reste saint d'Israël. La rencontre à la Porte Dorée précédée par les apparitions d'un ange annonciateur à Joachim et Anne séparés et dans l'affliction et la prière, fut vraiment l'image classique de la conception de Marie jusqu'aux environs du XVI° siècle.
Attention, le chaste baiser d'Anne et Joachim fut le signe de la conception de Marie, et non pas la cause miraculeuse de sa conception. Le pape Innocent XI, en l'an 1677 condamna l'idée d'une conception virginale par Anne[1].
Les arbres de Jessé exaltent la généalogie du Christ. Beaucoup d'artistes ont voulu aussi représenter la conception immaculée de Marie. Lorsqu'au sommet de l'arbre s'épanouit une fleur, lis ou rose surtout, au centre de laquelle se trouve la Vierge, seule ou avec l'enfant, certains pensent que l'artiste a voulu magnifier sa Conception Immaculée[2] .
L.Signorelli. Allégorie de l’Immaculée Conception.
Puis au début du XVI° siècle apparaît un nouveau type iconographique, en référence à Genèse 3. Les peintres montrent sous un arbre Adam et Ève : l'Immaculée conception est la guérison du péché originel.
Marie est enceinte : elle est la mère immaculée du Fils de Dieu.
À ses pieds, les prophètes (David, Salomon, Ezéchiel, Isaïe, Balaam, Aaron), et la scène du péché originel. En Marie s'accomplissent les prophéties et la rédemption du péché originel.
« Dans les premières années du XVI° siècle (Le premier exemple date de 1503), on vit apparaître une figure de la Vierge, pleine de poésie. C'est une toute jeune fille, presqu'encore une enfant ; ses longs cheveux couvrent ses épaules. Elle a le geste que Michel Ange donne à son Eve apparaissant à la vie : elle joint les mains pour adorer. [...] Dieu se montre au-dessus d'elle et il prononce, en la voyant si pure, la parole du Cantique des cantiques, « tota pulchra es, amica mea e macula non est in te ». Et, pour rendre sensible cette beauté et cette pureté de la fiancée que Dieu a choisie, l'artiste a réalisé les plus suaves métaphores de la Bible : il a disposé autour d'elle le jardin fermé, la Tour de David, la fontaine, les lys des vallées, l'étoile, la rose, le miroir sans tache. Ainsi, tout ce que l'homme admire dans le monde n'est qu'un reflet de sa beauté virginale. » [3]
Ensuite apparaît une composition qui associe l'Immaculée à la femme de l' Apocalypse 12 : la lune sous les pied, enveloppée de soleil.
Et, en variante de la composition précédente, Marie allaite l'enfant Jésus.
En Espagne, Murillo et ses imitateurs, et quelques-uns de ses prédécesseurs, ont voulu montrer la nature humaine dans toute son intégrité, et la Vierge Marie toute belle, sans l'ombre d'une imperfection. La Vierge immaculée est représentée seule, dans la lumière, sous le regard des trois personnes divines, elle est la mère immaculée voulue par Dieu en pensant à l'Incarnation du Fils.
« Murillo fixe quelque chose de l'ineffable sur le visage en extase de l'Immaculée. Non seulement il stimule la foi et engage à la prière, mais il hausse à la contemplation de Celle qui est la joie de Dieu. » [4].
Le lotus est en Inde et en Chine le symbole de la pureté, comme le lys en Occident.
La fleur de lotus dans les lacs et les fontaines pousse sans avoir de contact visible avec la terre, sans contact avec les impuretés de la terre. De là vient sa symbolique :
La représentation de la Vierge Marie sur une fleur de lotus signifie qu'elle est exempte des imperfections et des impuretés de la terre. Il en est de même pour les représentations où le vêtement de la Vierge Marie forme des volutes en fleur de lotus[5].
Icône russe de Notre-Dame de Fatima.
Les apparitions de Lourdes, de la Rue du Bac à Paris, et de Fatima au Portugal offrent de nouvelles iconographies de l'Immaculée.
En particulier, cette très belle icône de Notre Dame de Fatima, représentant son cœur immaculé comme une hostie (cœur parfaitement uni au Christ eucharistique)
Sources :
-D. Estivill, "Maria", Iconografia e arte cristiana, diretto da Liana Castelfranchi, Maria Antonietta Crippa. Edizioni San Paolo, Milano 2004, p.860-869
- Giuseppe Maria TOSCANO, La vita e la missione della Madonna nell'arte, I, Carlo Pellerzi editore, 1989, p. 94-99
- Aug. M. Lepicier, L'immaculée conception dans l'art et l'iconographie, éditions servites SP1, 1956, p. 1-9, p. 52 et p. 148.
[1] Aug. M. Lepicier, p.2-5
[2] Aug. M. Lepicier, p.8-9
[3] E.Mâle. Mâle cité par Aug. M. Lepicier, p. 52
[4] M. Vloberg, cité par Aug. M. Lepicier, p. 148.
[5] D. Estivill, p. 869
-sur l’Immaculée Conception, dans l’Encyclopédie mariale
- sur la Vierge Marie dans l'art, dans l’Encyclopédie mariale
Synthèse F. Breynaert et l'équipe de MDN.