Extraits d'une lettre très importante qu'écrivit le bienheureux père Chaminade :
11. Tous les âges de l'Eglise sont marqués par les combats et les glorieux triomphes de l'auguste Marie. Depuis que le Seigneur a insufflé l'inimitié entre elle et le serpent, elle a constamment vaincu le monde et l'enfer. Toutes les hérésies, nous dit l'Eglise, ont incliné le front devant la Très Vierge et, peu à peu, elle les a réduites au silence du néant.
Or aujourd'hui la grande hérésie régnante est l'indifférence religieuse, qui va engourdissant les âmes dans la torpeur de l'égoïsme et le marasme des passions. Le puits de l'abîme vomit, à grands flots, une fumée noirâtre et pestilentielle qui menace d'envelopper toute la terre dans une nuit ténébreuse, vide de tout bien, grosse de tout mal et impénétrable, pour ainsi dire, aux rayons vivifiants du Soleil de Justice. Aussi le divin flambeau de la foi pâlit et se meurt dans le sein de la chrétienté ; la vertu fuit, devenant de plus en plus rare et les vices se déchaînent avec une effroyable fureur. Il semble que nous touchons au moment prédit d'une défection générale et comme d'une apostasie de fait presque universelle.
12. Cette peinture si tristement fidèle de notre époque est loin toutefois de nous décourager. La puissance de Marie n'est pas diminuée. Nous croyons fermement qu'elle vaincra cette hérésie comme toutes les autres, parce qu'elle est, aujourd'hui comme autrefois, la Femme par excellence, cette Femme promise pour écraser la tête du serpent ; et Jésus Christ, en ne l'appelant jamais que de ce grand nom, nous apprend qu'elle est l'espérance, la joie, la vie de l'Eglise et la terreur de l'enfer. A elle, donc, est réservée de nos jours une grande victoire ; à elle appartient la gloire de sauver la foi du naufrage dont elle est menacée parmi nous.
13. Or, nous avons compris cette pensée du Ciel, mon respectable fils et nous nous sommes empressés d'offrir à Marie nos faibles services, pour travailler à ses ordres et combattre à ses côtés. Nous nous sommes enrôlés sous sa bannière, comme ses soldats et ses ministres et nous nous sommes engagés par un vœu spécial, celui de stabilité, à la seconder de toutes nos forces, jusqu'à la fin de notre vie, dans sa noble lutte contre l'enfer. [...]
30. Nous les derniers de tous, nous qui nous croyons appelés par Marie elle-même pour la seconder de tout notre pouvoir dans sa lutte contre la grande hérésie de cette époque, nous avons pris pour devise, comme nous le déclarons dans nos Constitutions (art. 6), ces mots de la très Vierge aux serviteurs de Cana : 'faites tout ce qu'Il vous dira'. Convaincus que notre mission à nous, malgré notre faiblesse, est d'exercer envers le prochain toutes les œuvres de zèle et de miséricorde, nous embrassons en conséquence tous les moyens de le préserver et de le guérir de la contagion du mal, sous le titre général de l'enseignement des mœurs chrétiennes et nous en faisons dans cet esprit l'objet d'un vœu particulier.
G.
tx_ifglossaire_list%5Bcontroller%5D=Glossaire" title="Dans l’Ancien Testament, c’était l’un des fils de Jacob. Dans le Nou..." class="definition_texte">Joseph Chaminade,
Lettre à ses religieux, Bordeaux, le 24 août 1839, §11.12.13.30