L'hérésie du millénarisme consiste à confondre le règne dont parlent AP 20, 4 et Mt 19, 28 (un règne qui se situe après la résurrection des justes - qui évidemment n'a pas eu lieu) avec tel ou tel régime politique ou religieux. Saint Irénée n'est donc pas millénariste.
L'Apocalypse nous dit qu'il y aura une résurrection des justes :
« Puis je vis des trônes sur lesquels ils s'assirent, et on leur remit le jugement; et aussi les âmes de ceux qui furent décapités pour le témoignage de Jésus et la Parole de Dieu, et tous ceux qui refusèrent d'adorer la Bête et son image, de se faire marquer sur le front ou sur la main; ils reprirent vie et régnèrent avec le Christ mille années. » (Apocalypse 20, 4)
Cette résurrection des justes est distincte de la résurrection générale, et elle la devance :
« Les autres morts ne purent reprendre vie avant l'achèvement des mille années. C'est la première résurrection. » (Ap 20, 5)
Il s'agit aussi d'un règne des justes avec le Christ Jésus (Ap 20, 4). Jésus avait d'ailleurs annoncé un tel règne :
« Jésus leur dit: "En vérité je vous le dis, à vous qui m'avez suivi: dans la régénération, quand le Fils de l'homme siégera sur son trône de gloire, vous siégerez vous aussi sur douze trônes, pour juger les douze tribus d'Israël. » (Matthieu 19, 28)
La régénération dont parle Mt 19, 28 correspond au règne de 1000 ans dont parle l'Apocalypse (et il ne faut pas prendre le chiffre 1000 dans un sens littéral).
En suivant ces passages de l'Ecriture, saint Irénée enseigne une étape intermédiaire pour les justes, après la résurrection mais avant l'éternité proprement dite :
Les justes vivront une première résurrection qui leur ouvre une étape d'adaptation, qui se situe déjà dans l'au-delà. Saint Irénée précise :
« Il convient donc que le monde lui-même, restauré en son état premier, soit, sans plus aucun obstacle, au service des justes. »[1]
Dans le cadre de cette restauration du monde, Irénée interprète de manière littérale la prophétie d'Isaïe :
« Mais soyez pleins d'allégresse et exultez éternellement de ce que moi, je vais créer: car voici que je vais faire de Jérusalem une exultation et de mon peuple une allégresse. » (Is 65, 17)[2].
« Les justes s'exerceront à l'incorruptibilité et se prépareront au salut »[3].
Et les justes ressuscités « s'accoutumeront peu à peu à saisir Dieu »[4].
L'hérésie du millénarisme[5] consiste à confondre le règne dont parlent AP 20, 4 et Mt 19, 28 (un règne qui se situe après la résurrection des justes - qui évidemment n'a pas eu lieu) avec tel ou tel régime politique ou religieux.
Saint Irénée n'est pas millénariste.
Étant donné que la résurrection des justes n'a pas eu lieu, la restauration de Jérusalem au XX° siècle n'est pas celle dont parle saint Irénée au sujet des justes ressuscités qui se préparent à l'éternité dans un monde restauré et incorruptible. À ce sujet nous ne pouvons pas juger des voies de la Providence divine. Mais nous devons aussi voir que saint Irénée ne peut servir de prétexte à aucune sorte d'imposture millénariste.
Saint Irénée situe la mère de Jésus dans la vaste perspective de l'histoire du salut : l'Incarnation ne s'est faite que par son consentement, aussi est-elle le principe de tout bien. Marie est la nouvelle Ève qui défait le nœud de la désobéissance d'Ève ; la restauration (re-circulation) du monde se fait par le Christ et par sa mère.
La « théologie de l'histoire » développée par saint Irénée montre la grandeur de Marie et son rôle jusqu'à l'accomplissement de l'histoire dans l'au-delà.
-sur st Irénée, dans l’Encyclopédie mariale
-sur Marie à la fin des temps, dans l’Encyclopédie mariale
-sur l’imposture millénariste, dans l’Encyclopédie mariale
Synthèse Françoise Breynaert et l’équipe de MDN.