Pour l'islam, Dieu est proche parce qu'il crée tout et sait tout.
C'est lui qui donne la vie à chaque instant, c'est pourquoi il est continuellement proche.
« Dieu se place entre l'homme et son cœur. »
(Coran 8,24)
« Certes, Dieu est avec ceux qui [L'] ont craint avec piété et ceux qui sont bienfaisants. »
(Coran 16, 128)
« Nous avons effectivement créé l'homme et Nous savons ce que son âme lui suggère et Nous sommes plus près de lui que sa veine jugulaire. »
(Coran 50, 16)
L'islam est surtout une religion de l'observance de la loi.
A cette observance peut correspondre une attitude plus profonde :
- la crainte,
- l'abandon,
- la confiance.
Cependant, le croyant musulman reste serviteur, il ne devient jamais enfant de Dieu qui n'est pas « Père ». Le péché est violation de la loi. L'islam ne conçoit donc pas le péché comme une rupture de communion ni comme une rupture d'Alliance.
L'amour n'est pas absent dans l'islam, mais il y a une réticence à parler d'amour pour Dieu.
Cependant, l'islam officiel a considéré que Al-Husayn Ibn Mansûr AL-HALLÂJ (858-922) réclamait trop l'amour pour Dieu et l'union à Dieu, et il s'en est suivi une persécution contre le soufisme.
Pourquoi cette réticence ?
Le Coran parle parfois d'un "pacte" mais il ne parle pas d'Alliance.
Les sourates sur Abraham ne donnent aucun récit d'Alliance.
Le récit biblique « Quand le soleil fut couché et que les ténèbres s'étendirent, voici qu'un four fumant et un brandon de feu passèrent entre les animaux partagés. Ce jour-là YHWH conclut une alliance avec Abram en ces termes: "A ta postérité je donne ce pays...» (Genèse 15, 17-18) n'a pas d'équivalent dans le Coran.
Les sourates sur Moïse ne donnent aucun récit d'Alliance.
« Et (Dieu) dit : "Ô Moïse, Je t'ai préféré à tous les hommes, par Mes messages et Ma parole. Prends donc ce que Je te donne, et sois du nombre des reconnaissants. Et Nous écrivîmes pour lui, sur les tablettes, une exhortation concernant toute chose, et un exposé détaillé de toute chose. "Prends-les donc fermement et commande à ton peuple d'en adopter le meilleur. Bientòt Je vous ferai voir la demeure des pervers.» (Sourate 7, 144-145)
Le récit biblique de l'Alliance au Sinaï n'a pas d'équivalent dans le Coran. On lit dans la Bible :
« Moïse alla et convoqua les anciens du peuple et leur exposa tout ce que YHWH lui avait ordonné, et le peuple entier, d'un commun accord, répondit: "Tout ce que YHWH a dit, nous le ferons." Moïse rapporta à YHWH les paroles du peuple. » (Exode 19, 7-8)
La sourate 19 qui ressemble un peu à l'Annonciation de l'Evangile de Luc ne donne pas de libre consentement de Marie : par rapport à la Bible, le coran a supprimé tout ce qui évoquerait une relation d'amour qui responsabiliserait en élevant au rang de partenaire dans une Alliance.
Bref, il n'y a pas dans le Coran de révélation d'un Dieu d'amour qui fasse Alliance. L'amour de Dieu ne va pas jusqu'à élever l'humanité à la dignité d'entrer en relation d'Alliance avec son Créateur. Dans le Coran Dieu reste lointain, il donne des biens mais il ne se donne pas lui même, il ne se donne pas à connaître et à aimer.
De plus, pour le musulman, l'amour a une connotation physique, sexuelle même (le paradis est décrit avec des vierges à épouser physiquement). Impossible donc de faire le lien avec Dieu qui n'a pas de corps.
Cet article a pour source le Coran et plusieurs sources orales, dont les notes d'une session du père Franz Bouwen à Emmaus, année 2000/2001. Le Père Franz Bouwen, Belge, prêtre de la société des Pères Blancs, est présent à Jérusalem depuis 1968.
Françoise Breynaert