« Je suis au milieu de vous comme celui qui sert »
(Lc 22, 27)
Notre état naturel de créature sert notre Créateur
« Si la créature est existante, si elle est créée, elle est dépendante, elle est servante au créateur, et il est plus aisé d'effacer son être que sa servitude. [...]
Notre être est un rapport à Dieu. Plus ce rapport est parfait, plus notre être est excellent ; plus il est opposé et dissemblable, plus nous sommes en misère et imperfection. »[1]
Le Fils de Dieu s'est fait notre serviteur
« L'état de servitude ne doit pas être suspect et étranger à l'homme : c'est un état propre et essentiel à la créature au regard de son Dieu [...].
Le Fils de Dieu prend la forme et la nature du serviteur, [...] en porte le nom et les qualités dans l'Écriture [...] étant fils et serviteur tout ensemble [...] employé à cet éminent office de réconcilier par soi-même le genre humain à Dieu [...].
Mais il y a plus, car Jésus n'est pas seulement le serviteur de son Père, il est même s'abaissant jusqu'à faire office de serviteur envers les hommes.
Si Jésus se rend ainsi notre esclave et serviteur, ne serons-nous pas les esclaves et serviteurs de Jésus ?
Cet état de servitude porte grâce, et grâce singulière à l'âme.
Et c'est la première grâce que Dieu nous donne en l'Eglise par le baptême, et il nous la donne avec une marque et impression si fortes et si intimes en l'âme, que rien ne la peut effacer. »[2]
Servir Jésus est un état d'amour, un état de filiation divine
« C'est une servitude qui est par amour,
et par excès d'amour et non par crainte,
et qui jouit des grandeurs et des privilèges de l'amour et charité de Jésus ;
que c'est filiation et servitude tout ensemble,
filiation en grâce et en dignité, servitude en sujétion et en humilité ;
que c'est une servitude formée sur la servitude de Jésus
qui est son exemplaire et qui porte tout ensemble,
et l'état de servitude et l'état de filiation divine, propre et naturelle. [...]
Nous portons cet état de servitude,
sans diminution de la grâce et de la gloire,
qui est en l'état et l'esprit de filiation,
à laquelle nous sommes appelés et établis par le Fils unique de Dieu.
Et même, plus cette filiation est éminente,
plus cette servitude est grande. »[3]
[1] P. de BERULLE, Opuscule 180, éd. Du Cerf, Paris 1995, t. 4, p. 39.
[2] P. de BERULLE, Narré, éd. Du Cerf, Paris 1995, t. 8, p. 45-47.
[3] P. de BERULLE, Narré, éd. Du Cerf, Paris 1995, t. 8, p. 53