Les trois répons de la Nativité de Marie (st Fulbert de Chartres, XIe siècle)


 

Saint Fulbert de Chartres a composé trois répons pour la fête de la Nativité de Marie, fête qui lui était chère entre toutes. Ces répons, qui exaltent la Vierge Marie comme étoile de la mer, rameau de l’arbre de Jessé et rose au milieu des épines, ont été également mis en musique par Fulbert, suscitant l’admiration de tous.

 

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Les trois répons

Comme l’explique Paul de Clerck[1] :

« Le premier répons (R.) se chante aux premières vêpres, et les trois strophes terminent respectivement les trois nocturnes des matines de la Nativité de la Vierge.

Le deuxième répons (R.), qui compare Marie au rejeton de la fleur de Jessé sur lequel s’épanouit la fleur annoncée par les prophètes, fournit le programme iconographique du vitrail de l’arbre de Jessé.  »

La musique que Fulbert a composée pour ces répons est, aux dires du chanoine Delaporte[2], exceptionnelle :

« Le chant de ces répons est aussi mélodieux que le texte en est poétique. Le musicien ne s’est pas affranchi des lois fondamentales de la composition grégorienne, mais il n’a pas voulu s’en tenir à la centonisation de formules connues : il a créé, et avec bonheur, de nouveaux motifs mélodiques. Une longue vocalise orne la fin de chaque répons. (…) Peu de compositions ont eu un succès aussi éclatant ».

Les trois répons


R. Solem iustitiae, regem paritura supremum,
     Stella Maria maris hodie processit ad ortum ;
V. Cernere divinum lumen gaudete, fideles.

Celle qui va enfanter le Soleil de Justice, le Roi suprême,
Marie, l’Étoile de la mer, s’avance aujourd’hui en Son jardin ;
Réjouissez-vous, fidèles, de contempler la clarté divine.


R. Stirps Iesse virgam produxit virgaque florem,
     Et super hunc florem requievit spiritus almus ;
V. Virgo Dei genetrix virga est, flos Filius eius.

La souche de Jessé a produit une tige, et la tige une fleur,
Et sur cette fleur s’est posé l’Esprit fécond ;
Le rameau  est la Vierge Mère de Dieu, et la fleur Son Fils.


R. Ad nutum Domini nostrum ditantis honorem
     Sicut spina rosam genuit Iudae Mariam,
V. Ut vitium virtus operiret, gratia culpam.

Selon la Volonté du Seigneur d’accroître notre honneur,
Comme l’épine la rose, la Judée engendra Marie
Pour que la vertu étouffe le vice, et la Grâce, le péché.
 

Source :

- Paul de Clerck. « La liturgie au temps de Fulbert », In : Michel Rouche (dir). Fulbert de Chartres : précurseur de l’Europe médiévale ? Paris : Presses de l’Université de Paris-Sorbonne, 2008. pp.99-101.

- Yves Delaporte, « Fulbert de Chartres et l’École chartraine de chant liturgique au XIe siècle », In : Études grégoriennes, 2, 1957, p. 51-81.

 

[1] Paul de Clerck. La liturgie au temps de Fulbert, In : Michel Rouche (dir). Fulbert de Chartres : précurseur de l’Europe médiévale ? Paris : Presses de l’Université de Paris-Sorbonne, 2008. P.99.

[2] Y.Delaporte, « Fulbert de Chartres et l’École chartraine de chant liturgique au XIe siècle », In : Études grégoriennes, 2, 1957, p. 51-81.

 

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Pour en savoir plus

 

-sur Saint Fulbert de Chartres (960-1028), dans l’Encyclopédie mariale

- sur la Nativité de Marie (rite romain), dans l’Encyclopédie mariale

 

Isabelle Rolland