L'étoile de la mer (Fulbert de Chartres)


 

L’évêque Fulbert de Chartres (960-1028) fondateur de la très célèbre École de Chartres, poète liturgique, musicien et épistolier, a commenté dans l’un de ses sermons sur la Vierge Marie  le nom même de Marie : ‘Stella maris’,  étoile de la mer.

 

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Le nom de Marie

Le Nom de « Marie » vient de l'araméen miryammaryam. Ce nom a été rapproché entre autres de l'hébreu mara(h), « amertume » et de l'égyptien ancien mritmerit, « aimée ». L’étymologie de ce nom a cependant connu de beaux développements: il a été associé à l’étoile depuis très longtemps, de façon fortuite et heureuse[1].

Marie, étoile de la mer

L’étymologie associant le nom de la Vierge Marie à l’étoile a prit corps dans la tradition[2], et l’évêque de Chartres Fulbert la commente dans l’un de ses sermons sur la Nativité de Marie :

 « Cette personne choisie et éminente entre les filles, a sûrement reçu un nom, non par hasard, ni seulement pour plaire aux parents, comme c’est la plus grande partie des cas, mais par un dessein divin précis, qui se réfère à quelque grande chose : Marie en effet il signifie étoile de la mer. » [3]

 

Comme l'étoile polaire représente un indispensable point d'orientation pour les navigateurs, les chrétiens doivent ainsi tenir le regard fixé sur Marie pour pouvoir atteindre la destination finale de leur existence :

« Il est nécessaire que tous ceux qui adorent Christ, en ramant parmi les flots de ce monde, tournent le regard vers cette étoile de la mer, - c'est-à-dire vers Marie qui est proche de Dieu, pôle suprême de l'univers, - et dirigent le cours de leur vie en contemplant son exemple.

Qui se conduira de telle manière, ne sera pas ballotté par le vent de la vanité ; ne se brisera pas sur les rochers des adversités ; ni sera englouti par le tourbillon frénétique des plaisirs ; mais il rejoindra le port de la quiétude éternelle sans incident. »[4]

Contempler, suivre et imiter Marie

Contempler, suivre et imiter Marie comporte pour les croyants des grands avantages spirituels. Fulbert les énumère :

- la force d'âme, la prudence et la foi simple spécialement manifestée dans l'entretien avec l'archange Gabriel ;

- la justice avec laquelle elle observait ponctuellement toutes les prescriptions de la loi de Dieu ;

- la tempérance qui a permis de faire « germer le lis de la virginité dans la vallée de l'humilité [5].

 

Cette merveilleuse panoplie de vertus crée dans sa personne une harmonie psychologique et spirituelle fascinante.

Dieu lui-même s'y délecte.

Nous sommes stimulés à glorifier le Seigneur et à imiter une si splendide synthèse de sainteté en réalisant de cette manière notre salut.

 

[1] On ne connaît pas vraiment l'origine de l'association du Nom de Marie à l’étoile, mais certains pensent qu'il est dû à une erreur de transcription d’un manuscrit traduit en latin par st Jérôme et écrit au IVès par Eusèbe de Césarée. Dans l’un de ses nombreux ouvrages, l’évêque de Césarée, premier historien de l’Église, interpréta le nom de Maryām, lui attribuant la signification de mar-yam (מר-ים) « goutte de la mer », basé sur מר mar, un mot biblique pour « goutte » et ים yam « mer ». Saint Jérôme († 420), docteur de l’Église et l’un des quatre Pères de l’Église latine, traduisit donc cette étymologie du nom de Marie par Stilla maris, qui signifie en latin « goutte d’eau de mer ». L’un des scribes recopiant un jour le manuscrit latin fit probablement une erreur de transcription, qui prévalut bientôt dans la tradition : au lieu de Stilla maris, il aurait écrit Stella maris, ce qui veut dire étoile de la mer. Heureuse erreur qui eut une postérité si féconde!

[2] Elle se développa, notamment sous l’influence de st Bernard de Clairvaux, Docteur marial , au XIIès, dans l’une de ses homélies sur l’Annonciation, qui devint la fameuse prière ‘Regarde l’étoile’, célèbre grâce au chant de l’Emmanuel composé il y a quelques années. La littérature mariale, qui prit un essor au XIIIès grâce au développement du culte de la Vierge Marie, reprit également ce symbole de l’étoile pour saluer celle qui devint, dès le XIIès, « Notre Dame », et elle se développa en musique par la prière Ave maris stella.

[3] Fulbert de Chartres, Sermo IV, PL 141, 321 D - 322 A

[4] Fulbert de Chartres, Sermo IV, PL 141, 322 AB

[5] Fulbert de Chartres, Sermo IV, PL 141, 322 D.

 

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Pour en savoir plus

 

-sur le Saint nom de Marie, dans l’Encyclopédie mariale

-sur saint Fulbert de Chartres (960-1028), dans l’Encyclopédie mariale

-sur Regarde l'étoile ! Le Nom de Marie (st Bernard), dans l’Encyclopédie mariale

-sur l’Ave maris stella (texte, musique), dans l’Encyclopédie mariale

 

 

F. Breynaert et l’équipe de MDN.