Quand on a décidé de partir à la recherche de Dieu, il faut faire ses bagages, sceller son âne et se mettre en route.
La montagne de Dieu est à peine visible dans le lointain. A l’aube il faut partir. C’est le grand départ, il faut dire adieu. A quoi ?
A tout et à rien. A rien, car ce monde que l’on quitte sera toujours là près de nous, en nous, jusqu’à notre dernier souffle, toujours aussi près de nous. Etant chassé et repoussé, il a bien des chances de surgir avec plus de véhémence à l’intérieur de nous-mêmes.
A tout, car, en partant à la recherche de l’absolu, nous coupons les ponts avec tout ce qui pourrait nous en détourner, avec ce qui, en nous et dans les êtres, tend à former un corps d’opposition à l’action divine.
S'exercer au détachement intérieur
Finalement, ce qui est le plus dur à laisser, c’est ce nous-même, qui, dans ce besoin fondamental d’autonomie, s’oppose à Dieu. La séparation, finalement, n’est pas dans l’éloignement mais dans le détachement.
Il faut à tout prix empêcher notre personnalité de se replier sur elle-même, de se construire en face de Dieu une citadelle, où Dieu ne sera admis que comme un hôte...
Avant de partir, il y a quelques coups de hache et de serpe à donner. En tranchant autour de soi, on voit immédiatement que l’on tranche en soi. Mais il ne faut pas attendre d’être détaché de tout et de soi pour partir...
yves Raguin - sj