La figure du rédempteur a de nombreuses variantes possibles.
La variante la plus connue est celle d'un rédempteur qui serait un souverain de chair et de sang, accomplissant la prophétie de Balaam (Nb 24, 17, Isaïe 11, 1-10).
Mais il est écrit aussi : « Dieu lui-même rédimera le peuple » (Isaïe 43, 11-12) ; et comme on n'ose pas imaginer l'Incarnation de Dieu, cela donna lieu à un type d'attente sans Messie personnel.
En effet, « Rabbi Hillel disait : "Israël n'aura pas de Messie, car il lui a déjà été accordé au temps d'Ezéchias". »[1]
Et, dans une leçon anonyme, le commentateur place dans la bouche d'Israël l'argumentation suivante :
« Israël dit au Saint, béni soit-Il :
Ne nous as-Tu pas déjà délivrés par l'intermédiaire de Moïse, de Josué, de juges et de rois ? Or voici que nous sommes de nouveau dans les chaînes et abreuvés d'humiliations, comme si nous n'avions jamais été délivrés.
Le Saint, béni soit-Il, leur dit :
Parce que votre rédemption avait été réalisée de main d'homme et que vos chefs étaient des mortels, lesquels un jour sont ici et le lendemain dans la tombe, votre rédemption fut temporaire. Mais à l'avenir, Moi, qui vis à jamais, je vous rédimerai Moi-même, Je vous rédimerai d'une rédemption éternelle. »[2]
Comme Hillel, ce commentateur fait abstraction du personnage du Messie personnel. Le Rédempteur est Dieu seul. Le Saint, béni soit-il, sera Lui-même le Rédempteur définitif, et seule sa rédemption durera éternellement.
A la fin d'un long chapitre sur le sujet, E. Urbach conclut : « La figure du Messie personnel se trouve abolie dans deux conceptions de la rédemption, celle qui l'envisage comme le temps de la fin, et aussi celle qui l'associe à une repentance préliminaire. » [3]
Plus l'attente d'un Messie personnel est effacée, et plus le consensus des sages prend de l'importance, avec son discernement sur les modalités de l'application de la loi, et la pratique (collective) de la Torah. Ce consensus des sages est d'abord oral (le sanhédrin).
Après le Christ, le consensus des sages est fixé dans la Mishna, le Talmud et d'autres écrits.
[1] Talmud de Babylone, Traité Sanhédrin 99a ; Rachi, ad loc.
[3] Ephraïm E. Urbach, Les sages d'Israël, Cerf, Paris 1996 (traduit de l'hébreu par Marie-José Jolivet. Edition originale, Jérusalem 1979), p. 710
Françoise Breynaert
Extrait de :
F. Breynaert, Juifs et chrétiens, Une origine, deux chemins,
Editions du
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