Dans la Bible, la croyance en l'apparition d'Elie ne présente pas un caractère d'urgence et d'actualité. Citons, dans le premier livre des Maccabées :
« On délibéra sur ce qu'on devait faire de l'autel des holocaustes, qui avait été profané, [...] ils en déposèrent les pierres sur la montagne de la Demeure en un endroit convenable, en attendant la venue d'un prophète qui se prononcerait à leur sujet. » (1M 4, 44-46)
« et les prêtres avaient jugé bon que Simon fût higoumène et grand prêtre pour toujours jusqu'à ce que paraisse un prophète accrédité. » (1M 14, 41)
Au temps des Asmonéens, et au temps de Jésus, royauté et prêtrise étaient confondus, et les grands prêtres n'étaient plus descendants de Tsadoq.
En dépits de toutes les critiques qu'ils dirigèrent contre la conduite et la politique des derniers Asmonéens et des rois de la maison d'Hérode[1], les sages n'allèrent jamais jusqu'à contester les institutions existantes de la monarchie, de la prêtrise et du temple. Certains sages occupèrent des postes dans l'administration et le gouvernement.
Dans ce contexte, une seule tradition a trait à Elie, il s'agit d'élucider la pureté ancestrale. Ces choses tombent dans la juridiction des sages. Mais les institutions habilitées à prononcer un jugement sont trop faibles pour redresser les torts qui ont été perpétrés par la force et cette tâche est donc réservée à Elie[2]. Une fonction supplémentaire fut donc assignée à Elie mais les aspects fondamentaux qui caractérisaient la conception de la rédemption de l'époque précédente restèrent inchangés.
D'un point de vue chrétien et marial, il est frappant de voir que l'épisode des noces de Cana (Jn 2, 1-11), premier des signes de Jésus, révèle en Jésus un nouvel Elie qui opère un miracle de multiplication du contenu des jarres (comme Elie : 1 R 17, 14). Tandis que la parole de Marie aux servants ressemble à celle de la jeune fille juive conseillant à son maître araméen, lépreux, d'aller confier son mal à Elisée (2 R 5, 3).
[1] Le roi Aggripa, dont l'ascendance était de pureté douteuse, s'attira l'éloge des sages lorsqu'il fit la démonstration publique de sa fidélité à la Tora (Mishna Sota VII, 8 ; Tosefta et Talmud de Jérusalem VII etc.)
[2] M. Eduyot VIII, 7.
Sources juives tirées de : E. Urbach, Les sages d'Israël, Cerf, Paris 1996, p.679-681
Françoise Breynaert
Extrait de :
F. Breynaert, Juifs et chrétiens, Une origine, deux chemins,
Editions du
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