Il est connu que le salut peut être attribué au mérite des patriarches ou au mérite du peuple au moment même :
« Shemaya dit : La confiance que notre père Abraham mit en Moi suffit pour que Je partage la mer pour eux, selon les mots : Et il crut en YHVH, et cela lui fut imputé à justice (Gn 15,6). Avtalyon dit : Il suffit qu'ils aient confiance en Moi et cru fermement que J'allais partager la mer pour eux, selon les mots : Et le peuple crut et quand ils entendirent... (Ex 4, 31) »[1]
Mais il existe une autre opinion qui attribue les évènements au mérite des grandes actions à venir : ainsi Dieu ne partage pas la mer en vertu du mérite d'Abraham ou du peuple présent à ce moment là, mais en vertu du but ultime, la réalisation de Jérusalem :
« Pourquoi cries-tu vers Moi ? - en vertu (ou par le mérite) de Jérusalem Je partagerai pour eux la mer... »[2]
R. Néhémiah est le Tanna qui déclare que "les Israélites sortirent d'Egypte en raison de la Tora qu'ils allaient recevoir."[3]
Le Tanna R. Yehudah ben rabbi Ilea'ï explique pourquoi Nathan dit à David que ce n'est pas lui qui construira le Temple :
« [...] Le saint béni soit-il répondit : Il M'est dévoilé qu'Israël est destiné à pécher et je donnerai libre cours à Ma colère en la déchaînant contre le sanctuaire et en le détruisant, mais les Israélites seront sauvés. »[4]
Ainsi ce ne sont pas les actions de David qui empêchèrent qu'il construise le Temple, mais le sort de son peuple dans un avenir lointain.
Toutefois, l'homme ne doit jamais se préoccuper lui-même de cet avenir :
« Qu'as-tu à te préoccuper des mystères du Miséricordieux ? Tu dois faire ce qui t'Est ordonné et ce qui est Sa volonté adviendra. »[5]
D'un point de vue chrétien, il est possible d'enrichir la compréhension du miracle de Cana (Jn 2, 1-12), premier et prototype de tous les signes de Jésus.
Ce miracle est causé aussi bien :
- par le mérite des pères (et pourquoi pas inclure Marie parmi les mères en Israël),
- par le mérite du peuple, notamment les servants qui remplissent les jarres jusqu'au bord,
- par ce qui doit advenir dans l'avenir, notamment la prédication de Jésus qui donnera « le vin de la Torah messianique », puis le vin de son sang et de l'eucharistie.
[1] Mekhilta de rabbi Ishmael, va-yehi III, p. 99.
[2] Mekhilta de rabbi Ishmael, va-yehi III, p. 97
[3] Midrash tehillim CXIV, 5, p. 472.
[4] Midrash tehillim LXII, 4, p. 309
[5] Talmud de Babylone, Berakhot 10a
Sources juives tirées de : Ephraïm Urbach, Les sages d'Israël, Cerf, Paris 1996, (traduit de l'hébreu par Marie-José Jolivet. Edition originale, Jérusalem 1979), chapitre XV, Jugement de l'homme et jugement du monde, p. 516-517 et 538
Françoise Breynaert
Extrait de :
F. Breynaert, Juifs et chrétiens, Une origine, deux chemins,
Editions du
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