Les diverses tendances de la pensée juive ont chacune leurs conséquences sur la vision du combat spirituel. Si l'on considère que la faute d'Adam a introduit la mort sans corrompre la nature humaine, alors on élabore un plan de combat spirituel fondé sur les forces humaines. Si l'on considère que la faute d'Adam a introduit non seulement la mort mais aussi une inclination au mal, alors le combat spirituel comporte en priorité une demande de la grâce divine.
Reish Laqish trace, pourrait-on dire, un plan de campagne :
« Un homme doit toujours inciter le bon penchant contre le mauvais penchant... S'il le soumet, très bien, sinon, qu'il étudie la Tora... ; s'il le soumet, très bien, sinon, qu'il récite le Shema.. ; s'il est victorieux, très bien, sinon, qu'il songe aux jours de sa mort. »
(Talmud de Babylone, Berakhot 5a)*
Mais il souligne également qu'il y a des moments où aucune stratégie ne peut secourir l'homme sans l'aide du Saint, béni soit-Il :
« R. Shim'on b. Laqish dit : Le mauvais penchant de l'homme lance toutes ses forces contre lui chaque jour et cherche à le mettre à mort selon le verset : Le méchant épie le juste e b. Laqish dit : Le mauvais penchant de l'homme lance toutes ses forces contre lui chaque jour et cherche à le mettre à mort (Ps 37, 32), et n'était le fait que le Saint, béni soit-Il , vient à son aide, il serait incapable d'en venir à bout, ce qu'expriment ces mots : YHVH ne l'abandonne pas à sa main et ne souffre pas qu'il soit condamné lorsqu'on le juge (Ps 37, 33) »
(Talmud de Babylone, Qiddushin 30b ou Sukka 52b)*
La Vierge Marie a aussi vécu un combat spirituel, le passage le plus net à cet égard est sans doute Mc 3, 31-35, où Jésus l'invite à faire la volonté du Père, alors même qu'il est déjà menacé de mort (Mc 3, 6) ; l'aide du Saint béni-soit-il se manifeste dans le nom même avec lequel l'ange Gabriel s'adresse à Marie : « Pleine de grâce » (Lc 1, 28), et Marie est fidèle à cette grâce.
Dans le combat spirituel, le juste a un certain mérite, ne serait-ce celui d'être fidèle à la grâce.
Comment juifs et chrétiens parlent-ils du juste, et du mérite ?
*Cf. Ephraïm Urbach, Les sages d'Israël, Cerf, Paris 1996, (traduit de l'hébreu par Marie-José Jolivet. Edition originale, Jérusalem 1979), chapitre XV, Jugement de l'homme et jugement du monde, p.489-490 et p. 493.
Françoise Breynaert
Extrait de :
F. Breynaert, Juifs et chrétiens, Une origine, deux chemins,
Editions du
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