Coopération au salut. Le groupe des Dombes et les réactions qu'il a suscitées
Le document du groupe des Dombes (1997-1998)[1].
Le Groupe des Dombes reconnaît que la «coopération» de Marie au salut est un des problèmes centraux: les catholiques reconnaissent que «l'expression même de co-rédemption est objectivement fautive, car elle donne à penser que le rôle de Marie est du même ordre que celui du Christ »[2], tandis que pour les protestants le terme même de « coopération est soupçonné de véhiculer un degré de collaboration à égalité, du moins du même ordre, entre le Christ et Marie pour notre salut[3].
Le terme « coopération » exprime cependant quelque chose d'important pour les catholiques, et c'est le fait que le «oui» de Marie est rendue possible par la grâce, mais c'est une réponse libre.
Heureusement, observe-t-on, ont été refusés les titres ambigus de "co-rédemptrice" et "médiatrice". Il est proposé comme un objectif acceptable la purification du terme «coopération», qui signifie que Marie, justifiée par la grâce et par la foi, peut être associée à l'œuvre de Dieu dans le Christ: la réception passive de la grâce (justification) devient active et responsable dans un deuxième temps, selon une «synergie» pour laquelle toute réponse est le résultat d'un travail conjoint de Dieu et de la liberté humaine[4].
Réactions au document du groupe des Dombes.
C. Duquoq[5], commentant le document du groupe des Dombes, observe des carences assez importantes sur la méthode : l'hypothèse fondamentale n'explique pas la singularité de la mère de Jésus, la tentative par le groupe d'insérer un « noyau christologique» autour d'une hiérarchie des vérités de la foi semble vouée à l'échec dès le départ, étant donnée l'énorme diversité d'opinions déjà au sein des diverses dénominations protestantes (Barth, libéraux ...). Dans l'ensemble, on a l'impression - conclut Duquoq - de s'orienter vers la recherche d'un « compromis ecclésiologique », un processus mieux adapté aux démocraties politiques qu'aux Eglises du Christ.
A. Birmelé[6] considère, premièrement, la relation entre l'Église et le salut, la sainteté et l'efficacité sacramentelle, il est clair que, pour les protestants, l'Eglise est uniquement destinataire du salut, tandis que dans une vision catholique elle est au service de la médiation du Christ, qu'elle rend efficacement présente. Tous concordent pour dire que Marie est le modèle des croyants mais dans la perspective catholique, conclut Birmelé, Marie est aussi davantage, parce que - comme l'a souligné Jean-Paul II que semble bien ignorer le groupe des Dombes - Marie coopère, comme l'Eglise, à l'œuvre de sanctification, car il est tellement sanctifiée peut à son tour sanctifier.
[1] Groupe des Dombes, Marie dans le dessein de Dieu et la communion des saints. Controverses et conversion. Bayard/Centurion 1998.
[2] Ibid., § 210 On observe que Vatican II a délibérément abandonné le titre qui n'a pas été utilisé non plus dans l'enseignement du magistère et on se souvient aussi de l'épisode de la Commission de Cz?stochowa (1997).
[3] Ibid., § 208
[4] Ibid., § 214-227
[5] C. Duquoq, Œcuménisme et mariologie, in Lumière et Vie XLVII/ 240 (1998) 81-88.
[6] A. Birmelé, L'unique médiation du Christ et la "Coopération" de Marie à son oeuvre de salut, in Ephemerides mariologicae 50 (2000) 49-64.
Don Andrea VILLAFIORITA MONTELEONE, Alma Redemptoris socia. La cooperazione di Maria santissima alla Redenzione nella teologia contemporanea, Tesi di Dottorato in Teologia diretta dal Prof. Dott. Antonio Ducay ROMA 2009 (Pontificia università della santa Croce, facoltà di teologia), p. 214-215