Le Groupe des Dombes, propose une réflexion oecuménique, un chemin vers la réconciliation des Eglise. Nous citons quelques paragraphes de son travail "Marie dans le dessein de Dieu et la communion des saints. Tome II : Controverse et conversion".
214. Comme le terme de « coopération » est là et qu'il vit dans les mentalités de part et d'autre, nous ne pouvons pas faire comme s'il n'existait pas. Aussi notre effort cherchera-t-il à le purifier et à le « convertir » ensemble, à le « reconstruire » en quelque sorte. Peut-être un jour un autre terme sortira-t-il de notre dialogue, plus satisfaisant pour les uns et pour les autres, parce que libéré de toute équivoque.
215. La coopération de Marie est le fruit d'une initiative du Père, qui regarde « la bassesse de sa servante » (Lc 1, 48).
Elle est aussi le fruit de la « kénose » du Fils qui « s'est dépouillé et abaissé » (Cf. Ph 2, 7-8) pour donner à l'humanité la possibilité de répondre.
Elle est enfin le fruit de l'action de l'Esprit qui dispose son cœur à l'obéissance. C'est ce qui se produit au moment du fiat de Marie.
L'humilité de Marie est le fruit de l'humilité du Fils.
216. De son côté, Marie entre dans ce même mouvement : elle accepte de renoncer à la maîtrise de sa propre vie. Ce faisant, elle est l'icône de tout croyant qui, renonçant à son amour-propre, entre en relation avec le Christ. Celui-ci, écrit Luther, « se donne une épouse glorieuse, sans tache ni ride, il la purifie dans le bain de sa Parole de vie, c'est-à-dire par la foi en sa parole, en sa vie, en sa justice et en son salut.[1] »
Le Réformateur continue ainsi en parlant de tout croyant, puis de la Vierge :
« A moi, qui ne suis qu'une pauvre créature, doit-il penser, mon Dieu m'a donné, dans sa pure et libre miséricorde, sans que je le mérite, les richesses de la justice et du salut, pour que je n'aie plus besoin de rien, hormis la foi pour croire qu'il en est bien ainsi. [...]
Par la foi, n'ai-je pas, en Christ, abondance de tous biens ?
Voilà donc que la foi est source d'amour et de joie dans le Seigneur et que, de l'amour, découle une disposition heureuse, qui s'élance librement au service dévoué du prochain. [...]
D'une telle foi, la bienheureuse Vierge Marie a donné l'exemple lorsque (comme l'écrit Luc) elle se prêta à la purification prescrite par la loi de Moïse, à l'instar de toutes les femmes, bien qu'elle ne fût pas tenue à l'observation d'une telle loi, et qu'elle n'eût pas besoin de cette purification. [...]
Elle ne fut donc pas justifiée par cette œuvre, mais, déjà juste, elle l'accomplit en toute gratuité et liberté. C'est ainsi qu'à leur tour doivent être faites nos œuvres : nous n'avons pas à être justifiées par elles, mais après que nous avons été justifiés par la foi, nous devons tout faire pour les autres, librement et avec joie.[2] »
Notes :
[1] Cf. Eph 5 ; 25-27. Le texte paulinien concerne l'Eglise. Luther en applique le sens au croyant et à Marie, Traité de la liberté chrétienne, Œuvre, t. II, Genève, Labor et Fides, 1966, p. 283.
[2] Luther, Traité de la liberté chrétienne, Œuvre, t. II, Genève, Labor et Fides, 1966, p. 296-298.
Groupe des Dombes
Extraits de : Groupe des Dombes, Marie dans le dessein de Dieu et la communion des saints. Tome II : Controverse et conversion. Bayard, Paris 1998, § 214-216