Nous suivons n_texte">Joseph Ratzinger, BENOIT XVI, dans le chapitre « Les affirmations de Jésus sur lui-même » de son livre « Jésus de Nazareth I ».
Ce que le peuple Juif pensait au sujet du fils de l'homme...
et la nouveauté de Jésus :
« Le titre "Fils de l'homme" n'existait pas en tant que titre à l'époque de Jésus.
Mais on peut sans doute en voir l'esquisse dans la vision de l'histoire universelle relatée dans le livre de Daniel avec les quatre bêtes et le "Fils d'homme". [...]
Les quatre bêtes représentent un pouvoir reposant avant tout sur la violence, un pouvoir de nature bestiale [...]
L'image du "Fils d'homme" qui arrive "sur les nuées du ciel" annonce un royaume absolument nouveau, un royaume "d'humanité". [...]
En tant que tel, le Fils de l'homme (de Daniel 7) ne symbolise pas une figure individuelle, mais il est la représentation du royaume dans lequel le monde parviendra à son but. » [1]
Jésus parcours le pays en annonçant le règne de Dieu, en annonçant que le royaume de Dieu est là. Une expression qui serait mieux traduite en disant que la souveraineté de Dieu est présente. Par sa présence, Jésus apporte aussi la Seigneurie de Dieu, c'est pourquoi devant lui les démons sont chassés. Jésus compare le royaume à une perle précieuse, mais cette perle, ce royaume, c'est lui. [2]
Jésus se déclare fils de l'homme.
L'expression de l'Ancien Testament était « un fils d'homme ».
Jésus se désigne comme « le fils de l'homme », cette singulière appellation, inconnue du monde contemporain de Jésus, souligne la nouveauté de la révélation de Jésus.
Dans les occasions où Jésus utilise cette expression, Jésus affirme aussi, d'une manière ou d'une autre, sa divinité.
Un premier exemple, quand Jésus dit :
« Le fils de l'homme est maître du Shabbat » (Mc 2, 27-28 ; Mt 12, 8 ; Lc 6, 5)
Jésus dit cela alors qu'il fait, le jour du Shabbat, des œuvres qu'en ce jour Dieu seul fait. Pardonner les péchés, exercer le jugement, et donner la vie ou la guérison, ce sont des oeuvres que Dieu seul peut faire le jour du shabbat.
Jésus se fait l'égal de Dieu, et les Juifs le comprennent bien de cette façon.
Un second exemple, quand Jésus dit :
« Je vous le dis, quiconque se sera déclaré pour moi devant les hommes, le Fils de l'homme aussi se déclarera pour lui devant les anges de Dieu; mais celui qui m'aura renié à la face des hommes sera renié à la face des anges de Dieu. » (Lc 12, 8-9)
ou bien, dans la version de Matthieu :
« Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, moi aussi je me déclarerai pour lui devant mon Père qui est dans les cieux ; mais celui qui m'aura renié devant les hommes, à mon tour je le renierai devant mon Père qui est dans les cieux. » (Mt 10, 32-33)
Dans cet exemple, Jésus s'identifie au Juge futur, or, le Juge futur, c'est Dieu.
« L’expression "fils de l’homme" est absente dans la version de Matthieu, et l’identité entre le Jésus terrestre et le Juge futur n’en est que plus manifeste. […] Les juges du sanhédrin ont parfaitement compris Jésus, et Jésus ne les a pas non plus corrigés, alors qu’il aurait pu dire par exemple : mais vous comprenez mal, le Fils de l’homme à venir est quelqu’un d’autre. » [3]
Ce n'est pas l'Eglise qui a inventé d'appeler Jésus de cette manière, mais c'est Jésus lui-même qui s'est présenté ainsi et qui a provoqué le scandale. Les Juifs ont compris, mais ils n'ont pas accueilli Jésus car il dépassait complètement ce que les prophéties pouvaient laisser entendre.
Cette prétention divine mène Jésus à la passion.
Il est donc très cohérent de voir ensuite Jésus annoncer sa passion en reprenant le titre de Fils de l'homme (Lc 17, 24-25).
Et c'est sur ce titre que se condense l'accusation de blasphème.
« Le Grand Prêtre lui dit: "Je t'adjure par le Dieu Vivant de nous dire si tu es le Christ, le Fils de Dieu" -- "Tu l'as dit, lui dit Jésus. D'ailleurs je vous le déclare: dorénavant, vous verrez le Fils de l'homme siégeant à droite de la Puissance et venant sur les nuées du ciel." Alors le Grand Prêtre déchira ses vêtements en disant: "Il a blasphémé! qu'avons-nous encore besoin de témoins? » (Mt 26, 63-65)
Du Fils de l'homme au Nouvel Adam...
La résurrection manifeste en Jésus le nouvel Adam (1 Co 15). Le Fils de l'homme « n'est pas simplement un, mais de nous tous avec lui-même il ne fait "plus qu'un" (Ga 3, 28) : il nous transforme en une humanité nouvelle. » [4]
Le titre « Fils de l'homme » désigne en creux sa mère, l'humanité nouvelle a une mère, Marie, nouvelle Eve.
[1] JOSEPH RATZINGER, BENOIT XVI, Jésus de Nazareth, Flammarion, Paris 2007, p. 354-355
[2] JOSEPH RATZINGER, BENOIT XVI, Jésus de Nazareth, Flammarion, Paris 2007, p.70-84
[3] JOSEPH RATZINGER, BENOIT XVI, Jésus de Nazareth, Flammarion, Paris 2007, p.357-358Jésus se révèle comme le Fils de l'homme
[4] JOSEPH RATZINGER, BENOIT XVI, Jésus de Nazareth, Flammarion, Paris 2007, p. 362-363.
Synthèse F. Breynaert