« Mais quand vint la plénitude du temps, Dieu envoya son Fils, né (deux variantes - grec : genomenon / gennômenon) d’une femme, né sujet de la loi, afin de racheter les sujets de la Loi, afin de nous conférer l’adoption filiale. »
(Ga 4,4-5)
Deux variantes du texte grec [genomenon / gennômenon]
Les éditions critiques sont unanimes à préférer "genomenon"
L’édition de Nestle-Aland n’indique même pas la variante [gennômenon (engendrer), ni The Greek New Testament des Sociétés bibliques.
De fait, [gennômenon] se présente comme une variante secondaire, attestée presque uniquement par des minuscules , et qui s’adapte mal à la phrase, car c’est un participe présent, alors que le contexte demande un aoriste.
Il faut donc maintenir [genomenon].
A propos de [genomenon], il y a lieu de démasquer une erreur
Mais, à propos de ce [genomenon], il y a lieu de démasquer une erreur commise par des exégètes renommés, qui ne veulent pas que ce verbe puisse signifier «être né» (natum), mais seulement «être devenu» (factum). C’est ainsi que le Père Lagrange écrit :
«Paul évite avec intention le mot de naissance, ici [Ga 4,4], Rom.1, 3 et Phil.2, 7, en tant qu’il indiquerait le passage du non-être à l’être, tandis que [genomenon. Genomenon] marque un mode nouveau revêtu par celui qui était déjà le Fils»
A. Legault prend à son compte cette exégèse, d’abord sans citer sa source, puis en la citant. De même H. Schlier, P. Grelot, R. Laurentin.
Mais il se trouve que, pour une fois, le P. Lagrange a été distrait et qu’on se trompe en le suivant.
En grec, [genomenon] signifie bel et bien «né d’une femme».
Tous les dictionnaires l’indiquent et on en a un bel exemple en Sg 7,3 où le simple [Genomenos] signifie très clairement «à ma naissance».
Lorsque [ginomai] signifie «naître», on trouve assez souvent dans les minuscules la variante genaomai. C’est le cas en Rm 1,3 et dans notre texte de Ga 4,4. Il n’en reste pas moins vrai que Ga 4, 4 signifie indubitablement «né d’une femme» et non pas «devenu à partir d’une femme», traduction incohérente.
Ajoutons que l’aoriste exprime l’aspect historique de cette naissance et serait mieux rendu en français par un verbe au passé : «Dieu envoya son Fils, qui naquit d’une femme…».
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VANHOYE A. (Faculté pontificale Biblicum, Rome)
Extraits de : VANHOYE A., La Mère du Fils de Dieu selon Ga 4,4,
in Marianum 40 (1978), pp.237-247., p. 238-239