Les messages d’Amsterdam ne sont pas 'Joachimistes'

Les messages d’Amsterdam ne sont pas 'Joachimistes'

Le recul de l'histoire de la théologie, l'hérésie Joachimiste.

  • Les premiers conciles, et notamment saint Athanase, ont précisé la nature divine de l'Esprit Saint et l'unité des trois personnes divines, qui ont même nature, même opération, mêmes vertus, et ne se distinguent que par leurs relations.

  • Cependant, saint Augustin aimait « approprier » au Père la Puissance, au Fils la connaissance, et à l'Esprit Saint l'amour.

  • Abelard avait durci ce système en mettant une équivalence entre la Puissance et le Père, la Sagesse et le Fils, la bonté et l'Esprit Saint.

  • Saint Bernard réagit fortement[1] parce qu'Abelard arrivait à une abstraction qui conduisaient à perdre la foi en la divinité de l'Esprit Saint. L'Esprit Saint n'est pas une abstraction, c'est une personne !

  • Saint Thomas reconnut que ces « appropriations » permettaient une connaissance imparfaite mais parfois utile des personnes divines.

  • A l'époque de saint Bonaventure, mort en 1274, un courant de Frères mineurs, dits "spirituels", soutenait qu'avec saint François avait été inaugurée une phase entièrement nouvelle de l'histoire, et que serait apparu l'"Evangile éternel", dont parle l'Apocalypse, qui remplaçait le Nouveau Testament. A la base des idées de ce groupe, il y avait les écrits d'un abbé cistercien, Joachim de Flore, mort en 1202. Dans ses œuvres, il affirmait l'existence d'un rythme trinitaire de l'histoire. Il considérait l'Ancien Testament comme l'ère du Père, suivie par le temps du Fils et le temps de l'Eglise. Il fallait encore attendre la troisième ère, celle de l'Esprit Saint[2]. Ce système est une forme du durcissement des « appropriations » et il est évidemment faux, puisque les trois personnes divines sont indissociables et n'ont qu'une essence.

  • Saint Bonaventure[3] rétablit l'équilibre en plaçant le Christ au centre de l'histoire. Les œuvres du Christ progressent, mais elles se réfèrent sans cesse au Christ. De même, la piété mariale aident la sanctification, mais toujours en référence, toujours en référence à l'Eglise qui baptise au nom du Père, au Fils et au Saint Esprit.

Les messages d'Amsterdam

Evitons, en isolant une ou deux phrases de l'ensemble des messages d'Amsterdam de revenir à l'hérésie des disciples de Joachim de Flores.

- Il ne faut pas isoler du reste : « Je vais te dire pourquoi je me présente sous cette forme : Je suis debout devant la croix. La tête, les mains, les pieds, semblables ceux de l'homme ; mais le reste du corps témoigne pour l'Esprit. Parce que le Fils est venu par la volonté du Père et que c'est l'Esprit, à présent, qui doit venir dans le monde. Et je viens afin que l'on prie pour cela. » (4 mars 1951) ?

- Ni isoler du reste : «Elle vient annoncer le Saint Esprit. C'est seulement maintenant que le Saint Esprit va venir sur cette terre.» (31 mai 1955) ?

Il faut lire la suite du message qui continue en disant :

« Peuples, ne vous en laissez pas conter par de faux prophètes ! N'écoutez que Lui, Dieu le Père, le Fils et le Saint Esprit. Car le même Père est le même Fils. Le même Père et Fils est le même Saint Esprit. [...] Implorez le Père, le Fils, le Saint Esprit, afin qu'il protège Son peuple, afin qu'il reforme l'unité de Son peuple. » (31 mai 1955)

Ces expressions traduisent sans ambiguïté le dogme trinitaire en insistant sur l'unité de l'ESSENCE divine (Le même Père et Fils EST le même Saint Esprit) : « en disant que les trois Personnes ont la même essence, on exprime mieux l'unité divine qu'en disant "la même nature". »[4] Et bien sûr, les Personnes ne se distinguent que par leurs relations (Père, Fils, Esprit).

D'après les messages de la Dame de tous les peuples pris dans leur ensemble, il n'est donc pas possible de distinguer un temps de l'Eglise qui serait le temps du Saint Esprit comme le faisaient les disciples de Joachim de Flore en inventant une Eglise de spirituels séparée du reste de l'Eglise, jugée comme appartenant au temps du Fils, un temps qui serait dépassé.

Pareillement, il faut lire les autres messages qui évoquent le pape, les encycliques, le concile avec les évêques du monde entier, etc. Les apparitions d'Amsterdam ne conduisent pas à une dérive sectaire dans un "esprit saint" qui serait différent de l'Esprit Saint de la grande Eglise qui est le Corps du Christ.

Les messages d’Amsterdam ne sont pas 'Joachimistes' !


[1] Traité de saint Bernard contre quelques erreurs d'Abélard, Lettre 190 au pape Innocent II

[2] Rousselot (X.). - Joachim de Flore, Jean de Parme et la doctrine de l'évangile éternel. - Paris, 1867, p. 74-75

[3] Benoit XVI, audience du 10 mars 2010

[4] Saint Thomas d'Aquin, Somme Théologique, I Qu.39 a.2, s 3

Françoise Breynaert